Le grand récit de l'humanité
Nous vivons dans
une fable dans laquelle une espèce se déclare différente et supérieure de
10 000 000 d’autres formes de vie qu’elle distingue et appelle la
« nature ». Pourtant ce sont 3,8 milliards d’années de co-évolution
qu’elles ont en commun. Et c’est un réservoir d’essai-erreur incroyable de la
vie pour aboutir aux solutions les plus géniales et les plus extraordinaires
qui s'étale sous nos yeux.
Que nous enseigne la nature et
les formes qu’elle propose à notre entendement ? Les plus fins observateurs ont
régulièrement puisé leurs inspirations dans la nature pour imaginer des
solutions audacieuses et transformer la condition ou les prouesses humaines.
L’un des plus souvent cités est Léonard de Vinci dont les planches dessinées
continuent à enflammer nos imaginations. L’exemple des frères Wright
cherchant à faire voler des hommes en imitant les ailes des oiseaux est aussi
remarquable. Aujourd’hui, il est possible de faire la distinction entre le bio mimétisme à la base de l’éco conception, la bio mimétique qui ouvre à
une bio inspiration et la bionique qui inspire directement la
robotique. Le biomimétisme est un outil d’innovation durable car il cherche
dans la nature les meilleures solutions avec des bénéfices appréciables pour
les humains.
Biomimétisme
Pour le FocusLab
le biomimétisme « est l’art de s’inspirer de plus de 3,8 milliards
d’années de R&D du vivant et d’imiter ses principes pour innover de façon à
réconcilier biodiversité, innovation et économie pour passer du développement
durable à l’économie régénératrice et symbiotique ».
C’est ainsi que
le long nez des trains grande vitesse japonais prend son inspiration dans le
bec profilé de certains oiseaux, que les combinaisons de nageurs aux textiles
innovants ont bénéficié de l’observation attentive de la peau des requins et de
leurs écailles superposées, que les scratchs de nos vêtements sont une
transposition directe de l’entremêlement de végétaux, etc.
Le nombre d’exemple
est si élevé que l’on s’étonne qu’il n’y ait pas plus de recherches de
biomimétisme relatives aux façons d’apprendre. Pourtant il existe des
organismes vivants capables de prouesses alors que leur façon d'appréhender
leur environnement est incomparable avec l'intelligence humaine. Le recensement
et l’inspiration qu’ils nous apportent pourraient pourtant transformer la pédagogie.
Souvenons nous de la
leçon de Rousseau qui évoque trois maîtres, soi-même les autres et la nature. Rousseau évoque: " la nature " qui développe
nos organes et nos facultés, " les hommes " qui nous apprennent leur
usage et " les choses " qui forment notre jugement par expérience.
Le biomimétisme
appliqué à l’apprentissage
Par définition
apprendre et vivre sont parfaitement synonymes. C’est la principale qualité du
vivant d’évoluer dans un milieu de le
transformer et de se transformer en retour. C’est ma définition d’apprendre.
Quand à vivre, cela n’est gère possible sans mouvement, sans adaptation ou
rétroaction. Vivre consacre l’information qui bouge, se modifie et se reproduit.
Dès lors, observer attentivement chaque phénomène vivant, chaque enchaînement
organique nous en enseigne sur l’infinité des façons d’apprendre.
Quelle que soit l’échelle
choisie, le vivant est en permanence en train d’apprendre. Par exemple, le blob,
un unicellulaire, apprend par fusion
à partir de l'exploration du milieu. Que faisons nous de ce lien au
milieu? Sommes nous assez attentifs aux conditions physiques
d'apprentissage, à la qualité et à l'ergonomie des salles de formation?
Si
l’on commence
par les plus petites parcelles de vie, les virus disposent de la
puissance de
la masse et de la démultiplication des essais erreurs, à l’échelle de la
planète, les virus sont parmi les plus anciens organismes. Les virus
testent
toutes les solutions et tous les chemins jusqu’à trouver le bon, jusqu’à
épuisement de toutes les possibilités. N'est ce pas l'approche dont on
dote les intelligences artificielles ? Ne leur apprend t-on pas à se
projeter dans une variété de direction et de vérifier de façon
exhaustive toutes les options? C'est la façon méthodique d'apprendre un
sujet, voire d'y devenir expert.
Les
plantes, les
arbres sont eux aussi capable d’apprendre par le partage de ressource,
par
l’échange de signaux chimiques et les alliances et circulation dans
l’écosystème. La notion d'écosystème nous alerte sur les formes
d'échange de tout ce qui est à portée, elle nous incite à sortir des
salles de formation et à réhabiliter toutes les actions et tous les
acteurs potentiels porteurs d'information. Elle nous invite à
dé-spécialiser la fonction de transmission ou de relais d'information et
de l'étendre à tous les acteurs. Elle conduit à penser flux de
connaissances en circulation plutôt que stock de savoir.
Les
insectes
sociaux sont particulièrement pris en exemple dans le monde éducatif
pour leur
capacité d’organisation, de partage des finalités, de coaction et des
renforcements sociaux, qui produisent des super organismes vivants
capables de
prouesses collectives étonnantes : citées ventilées et urbanisées des
termites,
adaptation à des milieux particulièrement hostile des fourmis, division
sociale
et partage du travail des essaims d'abeilles. La fonction de renforcement
des attitudes dirigés vers un but commun est une stratégie à promouvoir
dans les approches de social learning. Elle valorise l'apprendre
ensemble au sein de communautés.
Les lézards sont
capables de résoudre des problèmes complexes qui leur sont complétement
étrangers, ils sont mus par leurs instincts et leurs réflexes vitaux pour atteindre une nourriture convoitée et les
oiseaux apprennent à tirer partie de leur environnement pour fabriquer des
outils et se nourrir. Pour eux aussi la satisfaction d’un besoin est un facteur
clé. Comment sentir plus profondément nos
besoins et anticiper par avance la récompense à tirer ? Quelle part
d'instinct suivre pour apprendre?
Les mammifères
disposent encore de capacité d’apprentissage développées. Ils réussissent à
dépasser le stade du miroir qui dénote l’intelligence, du point de vue des
humains. Non seulement, ils reconnaissant leur propre corps dans une surface réfléchissante, montrant
leur capacité à percevoir leur singularité, mais encore, ils sont capables d'anticipation des conséquences de leurs actes.
Quelle part consacrons nous à la planification de nos apprentissages?
La gestation
longue des mammifères provoque des attachements réciproques entre les adultes
(souvent la mère) et les petits favorisant un modelage des comportements dès la
naissance, qui se rangent dans la famille des apprentissages sociaux. Puis les
mécanismes d’apprentissage par le jeu sont observés par exemple les lionceaux
apprennent à chasser en jouant. Les adultes emmènent progressivement les jeunes
vers des difficultés d’abord des proies mortes qu’il faut apprendre à griffer,
puis des proies encore vivante qu’il s’agit d’achever avant d’aller vers des
proies vivantes.
Quand on sait qu’un lion ne réussit une chasse que dans 15% à 30% des
tentatives, on comprend mieux l’importance de l’apprentissage. Le roi des animaux est surtout persévérant. Mais l'observation de l'apprentissage par le jeu et le plaisir que prend le lionceau sont aussi notables. La dopamine, cette hormone du plaisir qui se dégage dans le cerveau lorsque des activités plaisantes sont réalisées augmente l'envie de poursuivre et d'apprendre. Est-on suffisamment conscient de la puissance de la ludopédagogie?
Les animaux
apprennent entre eux par imitation. Les uns les autres et développent des
cultures animales qui leurs sont propres. Ce qui a été montré pour des colonies
de singes qui apprennent à laver des pommes de terres du sable qui les rendrait
impropre à la consommation. Et les humains comment prennent-ils soin à développer les meilleure culture d'apprenance?
Sources
Bruno Marion –
Vivre ensemble que nous apprend le vivant
https://brunomarion.com/fr/vivre-ensemble-que-nous-apprend-le-vivant/
Provost,
F., Kamili, L. & Pitrou, P. (2020). Enquêter sur l’imitation du
vivant: Remarques méthodologiques. Techniques & Culture, 73(1),
208-221.
https://www.cairn.info/revue-techniques-et-culture-2020-1-page-208.htm
Wikipédia –
biomimétisme https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Biomimétisme
Le blob organisme
unicellulaire capable d’apprendre en fusionnant
https://www.lexpress.fr/actualite/sciences/le-blob-organisme-unicellulaire-capable-d-apprendre-en-fusionnant_1861862.html
Pédagogie Agile -
Educaryote – Apprendre du vivant et respecter le vivant
https://pedagogieagile.com/2017/06/24/educaryote-apprendre-du-vivant-et-respecter-le-vivant/
Thot cursus - https://cursus.edu/11790/le-biomimetisme-de-larchitecture-a-la-pedagogie
Conférence
-éducation biocentrique
https://s3ae3f39e1c9ee5ad.jimcontent.com/download/version/1565429419/module/7559754115/name/conference-education-biocentrique-colloque-science-education-universite-paris-9.pdf
Conception
durable inspirée du vivant le biomimétisme inspirée du vivant le
biomimétisme processeur de perception bio inspire une approche
neuromorphique
https://www.techniques-ingenieur.fr/base-documentaire/innovation-th10/conception-durable-inspiree-du-vivant-le-biomimetisme-42616210/processeur-de-perception-bio-inspire-une-approche-neuromorphique-in220/procede-biomimetique-versus-apprentissage-profond-in220v2niv10010.html
Cité des sciences - Biomimétisme du vivant aux technologies 5 notions pour comprendre.
http://www.cite-sciences.fr/fr/ressources/bibliotheque-en-ligne/dossiers-documentaires/biomimetisme-du-vivant-aux-technologies/5-notions-pour-comprendre/
France Culture
Léonard de Vinci et l’invention du biomimétisme
https://www.franceculture.fr/sciences/leonard-de-vinci-et-linvention-du-biomimetisme
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