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Publié le 10 septembre 2020 Mis à jour le 10 septembre 2020

Alphabétisation, discernement et compréhension des enjeux

L'accès aux connaissances, par tous les moyens.

Journée internationale de l'alphabétisation - Affiche UNESCO

“Au Québec, il y a peu de personnes analphabètes. On ne les retrouve que dans les pays en voie de développement. FAUX 
19 % des Québécois sont analphabètes (niveaux -1 et 1 de littératie) et 34,3 % éprouvent de grandes difficultés de lecture et se situent au niveau 2 de littératie. Ces derniers seront souvent qualifiés d’analphabètes fonctionnels. Il ne s’agit pas là de fiction, mais bien de chiffres réels. L’analphabétisme touche l’ensemble des pays, peu importe s’ils sont industrialisés ou non. Le Québec n’échappe pas à cette réalité”. 

Source : Fondation alphabétisation  - 2020
https://www.fondationalphabetisation.org/analphabetisme-les-causes/fausses-croyances/

L’analphabétisme est une réalité, Simplement, ceux qui en sont touchés sont peu visibles. Ils font rarement les courses ou alors ils achètent toujours les mêmes produits, car la nouveauté les perturbent et certains ne sont ni capables de lire le nom d'un produit ou son contenu, ni d’en décoder le prix. Mais même ceux qui savent lire et écrire sont parfois considérés comme analphabètes.

“Savoir lire, écrire, compter sans pour autant être capable de comprendre un texte littéraire ou scientifique de difficulté moyenne, voilà ce qui caractérise l'analphabétisme fonctionnel.

Le problème est tellement grave et répandu, que les dirigeants de l'UE ont décidé de réduire de 20% à 15% le taux d'analphabétisme culturel d'ici 2020. En Roumanie, le taux est pourtant déjà beaucoup plus élevé, atteignant 42% parmi les élèves de 15 ans - selon l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE). Ce taux a été établi en 2015, suite à des calculs minutieux qui prenaient en compte les résultats obtenus par les élèves roumains aux enquêtes d'évaluation des élèves (PISA, TIMSS, PIRLS, etc). Selon le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (PISA) de l'année dernière, censé évaluer le niveau des connaissances aussi bien linguistiques que scientifiques, le taux d'analphabétisme fonctionnel chez les élèves roumains serait de 38% seulement. Qu'est-ce que ces chiffres signifient, concrètement? A quoi ressemble un analphabète fonctionnel?”

Source : Radio România Internaţional/ Société / Qu’est-ce que l’analphabétisme fonctionnel? - 21.12.2016 - Christine Leşcu
https://www.rri.ro/fr_fr/quest_ce_que_lanalphabetisme_fonctionnel-2557494


L'analphabétisme fonctionnel est une notion plus compliquée à évaluer que celle de savoir juste lire, écrire et compter. En 1962, l'Unesco fait de l'alphabétisation un outil au service du développement économique en introduisant la notion d'analphabétisme fonctionnel.

“Une personne n'est plus fonctionnellement analphabète lorsqu'elle a« acquis les connaissances et compétences indispensables à l'exercice de toutes les activités où l'alphabétisation est nécessaire pour jouer efficacement un rôle dans son groupe et sa communauté et dont les résultats atteints en lecture, en écriture et en arithmétique sont tels qu'ils lui permettent de continuer à mettre ces aptitudes au service de son développement propre et du développement de la communauté et de participer activement à la vie de son pays “.

Depuis 1962, cette notion est peu reprise dans les chiffres :

“On ne trouve nulle mention dans les publications officielles de l’OCDE de l’appellation « analphabètes fonctionnels » qui a été utilisée au Québec récemment pour désigner l’ensemble des répondants dont la compétence est jugée faible ou insuffisante, c’est-à-dire de niveau 0, 1 ou 2.

Par exemple, l’OCDE classe au niveau 2 de compétence en littératie « les adultes [qui] sont en mesure d’intégrer au moins deux informations en fonction de critères, de les comparer, de les mettre en opposition ou d’engager une réflexion à leur sujet, et d’effectuer des inférences de faible niveau. Ils sont capables de parcourir des textes numériques pour localiser et repérer les informations dans différentes parties d’un document. »

De même, l’organisme classe au niveau 2 de compétence en numératie « les adultes [qui] sont en mesure de reconnaître et d’agir sur des informations et des concepts mathématiques se trouvant dans différents contextes courants dont le contenu mathématique est assez explicite ou visuel, avec relativement peu de distracteurs. Les tâches peuvent demander de procéder en deux étapes ou plus, et par exemple d’effectuer des calculs avec des nombres entiers et des nombres décimaux, des pourcentages et des fractions, des mesures et des représentations spatiales simples, des estimations, et d’interpréter des données et des statistiques relativement simples dans des textes, des tableaux et des graphiques. »

Nous savons tous qu’un grand nombre de personnes qui satisfont tout au plus à ces critères de niveau 2 pour la littératie ou la numératie fonctionnent néanmoins très bien dans leur vie personnelle, sont économiquement productives et contribuent positivement à leur communauté. On n’a pas besoin d’aller plus loin pour comprendre qu’il est passablement exagéré d’appeler ces gens « analphabètes fonctionnels ».”

Source : 53% d’«analphabètes fonctionnels»? Voyons voir… - Septembre 2020
https://lactualite.com/lactualite-affaires/53-danalphabetes-fonctionnels-voyons-voir/

Est-ce que des gens qui sont intégrés dans une société, qui “fonctionnent” comme écrit ci-dessus sont réellement des citoyens pourvus de toutes leurs capacités de jugement ? C’est une question importante à soulever surtout dans le contexte actuel de crise où il est compliqué même pour les plus érudits de faire la différence entre le vrai et le faux. Quand une personne a une capacité limitée au niveau de la discrimination des connaissances, comment peut-elle réagir dans cette guerre de l’information qui nous entoure ?

“Le lundi 3 août, l’Institut national de santé publique du Québec publiait les résultats d’une étude qui relevait les croyances des Québécois au sujet de la pandémie, notamment leur tendance à adhérer aux théories du complot.
L’étude révélait que plus du tiers de la population adhère à une forme de complotisme. Plus tôt en mai, une étude de l’Université de Carleton révélait également que 46 % des Canadiens sondés souscrivaient à au moins une théorie du complot.

Qu’est-ce qui explique cette popularité du complotisme ? Il s’agit en fait plus profondément d’une crise globale de la connaissance elle-même, ce que certains nomment l’ère de la « post-vérité ». Le lien est évident avec la saga des « fausses nouvelles » et des « faits alternatifs » qui évoquait déjà un embrumage de notre capacité collective à connaître. En 2018, l’OCDE nous rapportait d’ailleurs que moins d’un élève de 15 ans sur dix était capable de faire la distinction entre un fait et une opinion. C’est dire que nous assistons depuis maintenant plusieurs années à une dégradation rapide et constante de notre capacité collective à distinguer le vrai du faux.

Philosophes, historiens, sociologues et autres chercheurs savent bien que nous étions engagés dans ce déclin bien avant l’apparition des médias sociaux. Ceux-ci sont malgré tout sévèrement critiqués pour la propagation généralisée de fausses informations et la diffusion sélective des publications qui confortent les croyances des utilisateurs.

Or, la recherche scientifique est, elle aussi, partiellement coupable : son opacité abstraite et la technicité de son langage ont eu tôt fait de distancier le citoyen moyen de la connaissance scientifique. D’autres avancent que cette « ère de la post-vérité » résulte de l’abandon de la vérité religieuse, d’autres encore accusent l’individualisme exacerbé des sociétés capitalistes avancées.

En somme, même si les causes sociales et historiques de la crise sont multiples et complexes, il importe néanmoins de ne pas concevoir l’état des choses actuel comme un événement tout à fait nouveau, mais comme l’une des conséquences concrètes de cette crise qui peut sembler abstraite. Nous observions avec humour la popularité croissante de mouvements comme les « flat earthers » et autres théories qui versent dans l’absurde. Aujourd’hui, cet obscurantisme fragilise la santé publique à l’ère des anti-masques et des anti-vaccins.

Trouble global : Comment affronter ce trouble global de la connaissance ? C’est dans le slogan des complotistes « Faites vos recherches ! » que se trouve la possibilité d’un point d’entente : il faut apprendre à mieux connaître. C’est justement là que se trouve le nœud du problème : pour mieux connaître, nous devons apprendre à mieux chercher.

Comment reconnaître une bonne source d’information ? Comment croiser différentes sources pour limiter les biais de l’information ? Comment déterminer si un argument est logiquement fondé ou non ? Quels sont les faux arguments (sophismes) fréquemment utilisés pour convaincre ? Comment être critique sans pourtant être indûment sceptique ? C’est pourquoi il est devenu urgent de fournir aux élèves les outils intellectuels pour apprendre à mieux rechercher l’information et à faire preuve d’esprit critique.”

Source : Le complotisme et la crise de la connaissance - Dominic Morin - 17 août 2020
https://www.ledevoir.com/opinion/idees/584265/le-complotisme-et-la-crise-de-la-connaissance

Le monde est face à un problème majeur avec plus de 50% d’analphabètes de niveau -1 et 1 dans l’Afrique Subsaharienne. Une partie des foules classées niveau 2 en occident qui va écouter celui qui lui donnera une réponse simple car compréhensible par eux tel ce qui s’est déjà passé en Europe juste avant la seconde guerre mondiale. Les personnes peu éduquées, ayant peu de compétences pour traiter les connaissances sont fragiles face à la désinformation et aux manipulation des masses. 

L’éducation est un outil de paix ne l'oublions jamais. L’instruction est le meilleur remède contre les dictatures, les conflits et les guerres. L’absence d’esprit critique est la porte ouverte à toutes les aberrations.

“La Journée internationale de l’alphabétisation 2020 mettra l’accent sur Enseignement et apprentissage de l’alphabétisation en période de crise due au COVID-19 et au-delà en mettant en avant le rôle des éducateurs et l’évolution des pédagogies. Le thème insistera sur l'alphabétisation dans une perspective d’apprentissage tout au long de la vie et sera donc principalement axé sur les jeunes et les adultes. La récente crise du Covid-19 a été un rappel brutal de l’écart qui sépare le discours politique et la réalité : ce fossé existait déjà dans la période pré-Covid-19 et il a un impact négatif sur l’apprentissage des jeunes et des adultes qui n’ont pas ou peu de compétences en lecture et en écriture et qui tendent par conséquent à être confrontés à de multiples désavantages.

Pendant le confinement du Covid-19, dans de nombreux pays les programmes d’alphabétisation des adultes ont été absents des premiers plans de réponse éducative, de sorte que la majorité des programmes d’alphabétisation des adultes qui existaient déjà ont été suspendus, quelques cours seulement se poursuivant en mode virtuel, par le biais de la télévision et de la radio ou dans des espaces en plein air. Quel est l’effet de la crise du Covid-19 sur les éducateurs en alphabétisation des jeunes et des adultes et sur l’enseignement et l’apprentissage ? Quelles sont les enseignements dégagés ? Comment pouvons-nous positionner efficacement l'alphabétisation pour les jeunes et les adultes dans les réponses mondiales et nationales et dans les stratégies de reprise et de renforcement de la résilience ?

En explorant ces questions, la Journée internationale de l’alphabétisation 2020 sera l’occasion de réfléchir et de discuter de la façon dont il est possible de recourir à des pédagogies et à des méthodologies d’enseignement innovantes et efficaces dans les programmes d’alphabétisation des jeunes et des adultes, face à la pandémie et au-delà.


La Journée donnera également l’occasion d’analyser le rôle des éducateurs, ainsi que les politiques, les systèmes, la gouvernance et les mesures efficaces susceptibles de soutenir les éducateurs et l’apprentissage. Dans le cadre d’une conférence virtuelle, l’UNESCO lancera une discussion mondiale collective pour réinventer l’enseignement et l’apprentissage de l’alphabétisation pour les jeunes et les adultes à l’ère post-Covid-19, afin de faire avancer la réalisation de l’ODD4”.

Source : Journée internationale de l'alphabétisation - 2020 - UNESCO
https://fr.unesco.org/commemorations/literacyday


La Crise actuelle ressert les finances de droite et de gauche. Est-ce une bonne chose en ces temps obscurcis de réduire ce domaine d’intervention ? C’est maintenant qu’il faut lutter contre l’obscurantisme et l'alphabétisation fait partie de la solution.

“Plus de 84% des adultes dans le monde savent lire et écrire. C’est ce qu’indiquent les dernières données publiées par l’institut de statistique de l’UNESCO (ISU), soit une augmentation de huit points de pourcentage depuis 1990. Mais l’analphabétisme touche encore 774 millions d’adultes.

Ces nouvelles données, rendues publiques à l’occasion de la Journée internationale  de l’alphabétisation le 8 septembre, montrent que la plupart des adultes analphabètes dans le monde vivent en Asie du Sud et de l’Ouest et en Afrique subsaharienne. Si ces tendances se confirment, 743 millions d’adultes dans ces régions, auxquels s’ajoutent 98 millions de jeunes, ne disposeront pas des compétences de base en matière d’alphabétisation d’ici 2015, date butoir des Objectifs du Millénaire pour le Développement. Deux-tiers d’entre eux sont des femmes.

L’analphabétisme reste un problème dans les pays en développement. Les chiffres montrent qu’un jeune sur cinq en Europe avait de faibles compétences en matière d’alphabétisation en 2009 et près de 160 millions d’adultes vivant dans les pays appartenant à l’Organisation pour la coopération économique et le développement (OCDE) sont fonctionnellement analphabètes. Cela signifie qu’ils ne disposent pas des compétences nécessaires dans le monde d’aujourd’hui et ne peuvent par exemple remplir un formulaire, suivre des instructions, lire une carte ou aider leurs enfants à faire leurs devoirs.

« Cette situation est d’autant plus grave que l’essor des nouvelles technologies et des sociétés modernes du savoir font de la maîtrise de l’écrit une compétence incontournable », déclare la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, dans le message qu’elle adresse à l’occasion de la Journée internationale de l’alphabétisation.

« L’alphabétisation est la première condition pour dialoguer, communiquer, s’intégrer dans les nouvelles sociétés connectées. Les jeunes ont besoin de nouvelles compétences pour entrer et réussir sur le marché du travail, maîtriser plusieurs langues, comprendre la diversité des cultures, se former eux-mêmes tout au long de la vie. L’alphabétisation est la clé de l’acquisition des connaissances, des savoir être et savoir vivre ensemble qui fondent la citoyenneté moderne ».
« Elle est plus que jamais la pierre angulaire de la paix et du développement au 21e siècle ».

« Alphabétisations pour le 21e siècle » est le thème de l’édition 2013 de la Journée internationale de l’alphabétisation afin d’attirer l’attention sur les compétences en évolution requises pour participer pleinement aux sociétés connectées actuelles.”

Source : UNESCO - 2019 - https://fr.unesco.org/news/l%E2%80%99alphab%C3%A9tisation-tous-est-objectif-difficile-atteindre-d%E2%80%99-nouvelles-donn%C3%A9es-l%E2%80%99unesco-0

Est-ce que les technologies nouvelles nécessitent réellement de savoir lire et écrire. Ce n’est pas si clair que cela. Les technologies nouvelles nous offrent de nouveaux outils avec les vidéos, les podcasts, les animations qui ouvrent un autre champ du possible.

“Une personne dyslexique est analphabète. FAUX
Les personnes souffrant de dyslexie ne sont pas nécessairement analphabètes. Elles sont capables de lire et d’écrire, même si elles connaissent des difficultés. La dyslexie, comme la dysorthographie et les autres troubles d’apprentissage peuvent conduire à l’analphabétisme si les personnes ne sont pas  adéquatement appuyées pour développer des mécanismes qui leur permettent de lire”.

Source : Fondation alphabétisation  - 2020
https://www.fondationalphabetisation.org/analphabetisme-les-causes/fausses-croyances/

Une personne dyslexique a souvent des soucis avec la lecture et l’écriture mais cela ne met pas forcément en question sa capacité de discernement. Peut-être certains outils ou encadrement utilisés pour la dyslexie pourraient être utiles pour les personnes analphabètes.

Il est compliqué d’aider quelqu’un à sortir des niveaux -1, 1 et 2, mais est-ce vraiment obligatoire de solutionner les problèmes de lecture, écriture et problèmes simples pour développer des compétences de discernement ? Si les personnes dyslexiques y arrivent  avec un encadrement adapté, les analphabètes devraient y arriver aussi. L’enjeu : les votations politiques liées aux niveaux de conscience des uns et des autres. C'est un problème fondamental à résoudre sur toute la planète.

Source Image : Journée internationale de l'alphabétisation - Affiche UNESCO


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