Publié le 21 juin 2020 Mis à jour le 21 juin 2020
S’il y a un secteur économique qui ne subit que de très peu de ralentissements, il s’agit de la construction. En effet, il ne manque jamais d’infrastructures à réparer ou à bâtir partout dans le monde. Ce milieu emploie une quantité impressionnante de main d’œuvre et en pousse plusieurs à se lancer dans l’entrepreneuriat.
Cependant, une industrie aussi lucrative vient avec des revers, dont un très gros manque de transparence qui peut mener à des retards, de la corruption ou d’autres inconvénients. Une technologie pourrait toutefois transformer les choses dans les prochaines années : la blockchain. Quand on sait que 95 % des données se perdent dans ce champ d’activités, cette technologie de traçage pourrait changer les standards.
En effet, de plus en plus de spécialistes croient que la technologie blockchain va tout changer dans ce secteur. Par exemple, ils pourraient se développer des contrats intelligents qui nécessiteraient moins d’intermédiaires et permettraient de suivre véritablement ce qui se passe. Ainsi, supposons que des matériaux arriveraient en retard, faisant subi un délai, la chaîne de blocs la noterait tout de suite et une pénalité serait alors relevée ou même déjà payée par de la cryptomonnaie. D’ailleurs, les paiements en général pourraient être mieux tracés avec ce système, évitant la fraude fiscale.
Une autre part importante de la blockchain en construction serait de pouvoir suivre les matériaux plus facilement. Dans un contexte où de plus en plus de ceux-ci proviendront de l’impression 3D, la technologie sera une façon de s’assurer de la validité des modèles imprimés. Cela pourrait aussi mener à des passeports qui pourraient confirmer, entre autres, s’ils sont issus d’une production plus écoresponsable. En effet, la blockchain pourrait permettre de diminuer en partie les émissions de gaz de l’industrie.
Cette transparence que promet la technologie est d’autant plus intéressante qu’elle peut se mettre sous différentes formes. Elle peut être privée dans le cas de contrats avec des particuliers, publique lorsqu’il s’agit de travaux commandés par l’État ou même hybrides dans d’autres cas. Certains pays sont déjà dans une transition pour utiliser cette méthode plus transparente comme l’Australie, entre autres.
Toutefois, malgré l’enthousiasme provoqué, des questions sont soulevées. Déjà le domaine de la construction serait-il paré à une telle évolution? Pour l’instant, les données administratives de ce secteur ne sont que peu numérisées. Il s’agit encore d’un milieu qui favorise le papier, ce qui explique d’ailleurs la perte massive de données et la difficulté de l’implantation de la blockchain. Parce que pour créer des contrats intelligents, il faut un devis numérique d’un projet. Sans ce genre d’information, difficile de former des ententes qui tiennent la route. D’autres inquiétudes surviennent avec les possibilités d’erreur dans le code ou même que celui-ci soit infiltrées par des personnes malveillantes.
Et puis, si le secteur montre déjà qu’il n’est pas paré à une telle évolution, quoi penser de ceux qui y travaillent? Les employés, entrepreneurs et fournisseurs seront-ils en mesure de comprendre et utiliser correctement la blockchain? Leur parcours scolaire a-t-il contenu suffisamment de science informatique afin qu’ils puissent bien s’en servir. Certes, il est tout à fait possible par différentes lectures et formations de l’appréhender mais serait-ce suffisant?
La question de l’enseignement de la future main d’œuvre dans le domaine sera aussi à transformer. Il faudra alors leur enseigner les raisons et les façons d’utiliser cet outil pour plus de transparence.
Il est donc loin de la coupe aux lèvres avant que le secteur de la construction se serve pleinement de la blockchain. Des changements majeurs de numérisation et de formation des travailleurs actuels et à venir devront être mis en branle. Néanmoins, les bénéfices possibles de cette approche pourraient peut-être pousser l’industrie à aller dans ce sens à l’échelle mondiale.
Illustration : Hin und wieder gibts mal was. de Pixabay
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