À quoi servent les tests d'orientation?

Le secret de son avenir ne réside pas dans des questionnaires

Nous avons presque tous eu à remplir un test d’orientation ou de personnalité un jour. Souvent composés de choix de réponses, ils sont prétendument conçus afin de nous orienter dans notre future carrière, dans notre entreprise ou école. Or, peut-on vraiment se baser sur les résultats d’un test pour choisir son avenir? D’autant plus qu’avec la pléthore de questionnaires en ligne, comment savoir lequel est meilleur qu’un autre?

Un indicateur, pas un bilan

Déjà, un test d’orientation ne se fait généralement pas seul, c’est-à-dire qu’il peut se réaliser sans l’aide d’un conseiller d’orientation. Cela reviendrait à prendre sa tension artérielle sans comprendre son échelle et son fonctionnement. Les COP (Conseillers d’Orientation Psychologues) savent mieux interpréter les réponses de ces tests. D’ailleurs, que cherchent-ils à déterminer?

Évidemment, ils évaluent la personnalité du répondant ainsi que ses centres d’intérêt et ses motivations. Le but étant ainsi d’avoir un portrait permettant de mieux cibler les points forts d’une personne et la conseiller vers des filières scolaires et professionnelles adéquates.

Il faut cependant se méfier : une évaluation n’est pas un bilan. En fait, les questionnaires aident les professionnels en orientation à établir un portrait de ceux qui viennent les consulter. Mais ils ne sont pas les seuls outils à leur disposition. Généralement, ils se baseront aussi sur des entretiens avec la personne pour bien cibler les forces. Toutefois, il n’est pas impossible que bientôt l’intelligence artificielle puisse soutenir des adolescents et des adultes dans leurs questionnements.

En effet, une jeune entreprise française propose un « chatbot » appelé Hello Charly qui a les capacités de poser des questions et de s’adapter à chaque interlocuteur afin de lui suggérer des champs d’études ou des emplois qui lui correspondent bien.

Obnubilés par les tests?

Il n’en demeure pas moins qu’il reste un certain scepticisme à propos des tests, que ce soit d’orientation, de personnalités ou d’aptitudes. Si de plus en plus d’entreprises en utilisent afin de prédire le succès d’un employé, il semble qu’il n’existe pas de consensus scientifique sur la validité de ces tests. En fait, comme l’explique cet article du Monde, la légitimité est de plus en plus contestée parce que mettre en lien un métier avec des intérêts a de moins en moins de sens. Les postes changent et désormais les compagnies cherchent davantage des gens en mesure de répondre à des fonctions. Pourtant, ce marché n’a jamais autant fonctionné. Il se chiffrait, en 2017, à 500 millions de dollars de bénéfices.

Leur plus gros problème est qu’ils enferment les individus dans une catégorie en excluant beaucoup de facteurs internes et externes. Ainsi, aux États-Unis, beaucoup de sociétés sont obsédées par des tests de personnalité. Par exemple, le « code de couleurs » créé par un psychologue de Salt Lake City à la fin des années 80 permettrait d’identifier par une teinte les attitudes des employés dans une entreprise.

Or, la réalité est bien plus complexe et les dynamiques sociales peuvent franchement évoluer chez une personne selon l’environnement, les collègues, etc. Au point où certains parlent plutôt des questionnaires comme des horoscopes. Ça ne dit pas grand-chose mais ça donne l’impression à des cadres de connaître ses subalternes et d’expliquer des tensions ou des cohésions dans des équipes de travail.

Dans un contexte où beaucoup de jeunes franchissent le cap des études supérieures et se rendent comptent dès la première année que cela ne correspond pas à ce qu’ils attendaient, beaucoup sont portés à se dire que ces tests devraient obligatoirement être passés avant l’inscription universitaire. Tout cela afin d’être sûrs qu’ils se dirigent dans la bonne branche. Or, cette solution n’est pas miracle et peut au contraire décourager des aspirations.

Les questionnaires ont une tendance trop catégorique. Alors, peut-être faudrait-il expliquer aux adolescents qu’il s’agit d’un indicateur et non pas d’un destin qu’ils doivent suivre.

Illustration : Ben Mullins sur Unsplash

Références :

Abou El Khair, Catherine. "Des Tests D’orientation Pour Les étudiants à Prendre Avec Précaution." Le Monde.fr. Dernière mise à jour : 13 janvier 2020.
https://www.lemonde.fr/campus/article/2020/01/13/des-tests-d-orientation-a-prendre-avec-precaution_6025661_4401467.html

« Cette Start-up Réinvente Le Test D’orientation. » Hello Charly. Dernière mise à jour : 1er août 2019.
https://blog.hello-charly.com/cette-start-up-reinvente-le-test-dorientation/

Goldberg, Emma. « Personality Tests Are the Astrology of the Office. » The New York Times. Dernière mise à jour : 18 septembre 2019.
https://www.nytimes.com/2019/09/17/style/personality-tests-office.html

Nils, Frédéric. « Les Tests D’orientation : De Quoi Parle-t-on ? » UCLouvain. Dernière mise à jour : 28 octobre 2019.
https://uclouvain.be/fr/etudier/cio/actualites/les-tests-d-orientation-de-quoi-parle-t-on.html

« Quelles Sont Les Questions D’un Test D’orientation Professionnelle ? » Mon Salon Étudiant. Dernière mise à jour : 26 juin 2019.
https://www.monsalonetudiant.com/test-orientation-professionnelle/

Razoul, Sophie. « Tests d’orientation professionnelle : sont-ils efficaces pour changer de carrière ? » France Magazine. Dernière mise à jour : 6 mars 2020.
https://www.francelemagazine.fr/tests-dorientation-professionnelle-sont-ils-efficaces-pour-changer-de-carriere/

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