Qu'est-ce qu'un bon cours à l'ère de Twitter et de Facebook ?

A l'ère d'Internet, un bon cours pourrait-il se faire sans tenir compte de la « compulsion communicationnelle » des apprenants ? De toute évidence non, et en guise de modélisation, on pourrait même avancer que la meilleure façon d'enseigner de nos jours consisterait à arrimer le cours à la sphère des étudiants de sorte à tirer profit des usages et pratiques de ce derniers qui originellement ne concourent pas toujours au « travail académique ».

Une illustration de cette didactique nous est fournie par Paul Turcotte et trois autres de ses collègues en charge du cours de philosophie au Cégep du Vieux Montréal. La philosophie étant par nature une matière qui ne se laisse pas dompter par le premier venu, ces enseignants ont entrepris un projet qui avait pour objectif « une actualisation de ce cours-écueil, tant dans la façon d'aborder la matière que dans les activités d'apprentissage et d'évaluation ». Spécifiquement, il s'agissait de revitaliser voire de réintroduire le dialogue dans le cours de philosophie. La finalité étant d'aider les étudiants à réussir leur matière.

La nouvelle méthodologie

La nouvelle méthodologie du cours de philosophie a consisté, d'une part, à mettre à distance une partie des activités sur une plate-forme d'apprentissage en ligne et, d'autre part, à former la plus grande communauté possible autour de ce cours. En l'espèce, il y avait environ trois cents étudiants et quatre professeurs.
On pourrait s'interroger sur la gestion de ce grand nombre. Autrement dit, comment s'assurer que tous les étudiants participent aux activités ? Les activités sont conçues pour être réalisés en petits groupes. Toutefois, la plate-forme de formation en ligne devait permettre de contrôler la participation et de repérer les éventuels « canards boiteux ». Lorsqu'il arrive que des étudiants ne suivent pas le rythme, les professeurs doivent pouvoir jouer le rôle de tuteur pour apporter un soutien motivationnel. Du surplus de travail pour les enseignants, auquel ils s'étaient préparés et en prévisoin duquel ils s'étaient répartis les tâches et les rôles. 

L'apport des outils de communication

La nouvelle modalité de distribution du cours de philosophie intègre quatre outils orientés vers la réalisation des activités. Il s'agit notamment du wiki, du blogue, d'un forum de discussion et d'une foire aux questions (FAQ). Le potentiel communicationnel offert par un Twitter ou un Facebook (bien connus des étudiants) est pris en compte dans le dispositif.

Cet environnement de communication est complété par la mise à disposition régulière (hebdomadaire) de ressources complémentaires (vidéos, images, liens utiles). Là encore, les concepteurs se sont calqués sur les pratiques ordinaires des apprenants : le partage des ressources rejoint le partage des vidéos ou des photos avec son réseau d'amis, la seule différence est qu'ici ce partage vise à enrichir la réflexion amorcée en classe.

Paul Turcotte conclut son récit en ces termes : « Au regard de l'objectif précis que nous nous étions fixés, soit d'instaurer, via les nouveaux moyens de communication, une certaine culture du dialogue philosophique, l'expérience semble concluante. Une rapide enquête auprès des étudiants montre que ceux-ci ont beaucoup apprécié l'arrimage – l'irruption ? - de la philosophie dans leurs moyens de communication de tous les jours (...)  ».

En résumé, peut-on faire un bon cours de nos jours et ignorer les usages et pratiques des apprenants, sur le Web notamment ? Assurément non.Il ne s'agit pas pour autant de recourir à systématiquement à des plates-formes populaires mais d'en reproduire les principes et les déterminants.

L'article intégral de Paul Turcotte : Les TIC pour faciliter le dialogue en philosophie.

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