La thèse de Anne-Valérie Housseau «Entre opportunités et stratégies d’apprentissages : l’auto-professionnalisation des formateurs à l'ère du numérique dans les organisations» part du constat de l’impérieuse nécessité des formateurs de se
professionnaliser au regard des conditions numériques qui leur sont faites.
Les
entreprises proposent des services en ligne à leur clients, sont en contact à
distance avec leurs fournisseurs et imposent également à leurs collaborateurs des
espaces virtuels, du travail à domicile et des tâches dématérialisées. Les formateurs sont mis en demeure de se
professionnaliser dans des espaces formatifs, organisationnels et professionnels
à partir desquels ils tirent des opportunités.
La thèse étudie les stratégies
utilisées pour tirer parti des
environnements sociaux et professionnels de ces formateurs vivant une
auto-professionnalisation. Le terrain d’observation est constitué de formateurs
issus
de différentes organisations et suivant une même formation certifiante à la «
e-formation ». L’observation tend à démontrer une forme d’autonomie de ces
formateurs au sein des cultures d’entreprise qualifiées d’« apprenante ».
L'évolution des pratiques
Dans un premier temps l’auteur
s’efforce de décrire l’évolution des pratiques des formateurs sur deux siècles
selon les dimensions socio-historique, économique et juridique, jusqu’à nos
jours avec des offres diversifiées et internationalisées. Les entreprises y
sont décrites entre organisation utilisatrice de stage et organisation
apprenante. Le marché de la formation est présenté entre attentes des salariés, marchés
de la formation et internationalisation de la formation dans des universités de
métiers.
Cet équilibre est déstabilisé au regard de la digitalisation des
organisations qui cherchent à répondre
aux contraintes de productivité, de compétitivité et de mondialisation. Les
façons de travailler mutent, notamment avec plus de travail nomade. Les
formateurs sont amenés à intégrer le multimodal dans leurs pratiques et à
devenir des eformateurs.
Pour les accompagner les organisations misent sur les
apprentissages organisationnels, la gestion des connaissances, le knowledge
management. Selon leurs lieux d’exercices les formateurs ont accès à une
culture d’apprentissage, des formations internes qui soutiennent leur
engagement dans une auto professionnalisation.
Les façons de s'y prendre
Pour comprendre les
processus à l’œuvre, l’auteur mène une étude de cas de eformateurs suivant un
dispositif de chef de projet blended. Ce dispositif vise l’acquisition de
compétences transverses et d’une certification. Le dispositif décrit comprend
des groupes réduits, une temporalité facilitatrice, une flexibilité dans les modalités
de formation, un accompagnement individualisé et, bien sur, l’appropriation de
technologies e-learning en cohérence avec l’accompagnement organisationnel. Le
dispositif est en conformité avec le modèle ADDIE.
La méthodologie de l’étude
de cas et le protocole de recueil et d’analyse des données s’appuie sur le « bounded
system » de Cresswell, des entretiens semi-directifs, une triangulation
dans les récoltes des données, un protocole de codage inspiré de la « grounded
theory », et enfin l’usage d’un outil Sonal pour retranscrire, coder et analyser
les données.
L’analyse du discours des
formateurs permet de comprendre les contextes, les parcours, et les
représentations métiers. Les représentations sont notamment appréhendées au
regard des dimensions sociales, d’ingénierie et technologiques et permet de
déceler ce que signifie être formateur pour les eformateurs et comment ils
intègrent leurs nouvelles compétences.
L’étude de cas montre les opportunités
et les stratégies d’apprentissages générées par trois environnement de travail
(formatif, organisationnel et professionnel). L’accompagnement du cursus, le
statut de formateur blended, le réseautage, le projet blended sont des
opportunités de « réification sociale ».
- Dans l’environnement formatif, des stratégies
d’apprentissage par sélection, comparaison ou exhaustivité autour du cursus
sont identifiées.
- Dans l’environnement organisationnel des
stratégies d’apprentissages par négociation
et sélection sont repérées.
- Dans l’environnement professionnel des stratégies
d’apprentissages au sein de groupes de pairs sont présentes
L’observation d’ensemble témoigne de l’apparition d’écosystème
d’apprentissages au sein des environnements de travail facilitant l’auto
professionnalisation des formateurs au
numérique. Des boucles d’influence réciproques joueraient entre les
environnements, les contextes, les opportunités, les stratégies et les contenus
d’apprentissage.
L’écosystème possède une dimension sociale avec des réseaux au
sein des entreprises, une dimension de mise en pratique, une dimension de
qualité, une dimension professionnalisante. La culture d’entreprise apparaît
pour l’auteur comme un sous système d’apprentissage social de mise en pratique
et professionnalisant.
La question est alors comment construire ou renforcer de
tel système d’apprentissages de professionnalisation individuel dans des
environnements de travail collectifs ?
Source
Anne-Valérie
Housseau. Entre opportunités et stratégies d’apprentissages :l’auto-professionnalisation des formateurs à l'ère du numérique dans lesorganisations. Education. Conservatoire national des arts et metiers - CNAM,
2018. Français. https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01986534
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