Lorsque nous parlons d’intelligence, bien souvent, cela concerne l’humain et sa capacité de réflexion et de compréhension autant des éléments rationnels qu’émotifs. Viendront ensuite les représentants de la faune qui, bien que n’ayant pas les mêmes compétences de raisonnement, arriveront quand même à établir des liens entre leur environnement. Beaucoup s’étonneront par exemple des stratégies établies par les proies pour échapper aux prédateurs et inversement.
Toutefois, il est rare que nous nous entretenions d’intelligence végétale. En effet, bien que jolis, les plantes, fleurs et arbres de nos écosystèmes ne semblent pas en mesure de réfléchir. D’ailleurs, leur immobilité les rend vulnérables à tout. Ne disons-nous pas d’une personne en mort cérébrale qu’elle est « végétative »? Or, certains experts en ont assez de cette vision reléguant le monde végétal à un manque d’intelligence, parce que pour avoir survécu aux aléas de leurs milieux si longtemps, ces espèces vivantes ont sûrement de quoi nous apprendre bien des choses.
Une intelligence invisible
Il s’agit, du moins, de la théorie de Stefano Mancuso, professeur à l’Université de Florence, qui a rédigé un livre appelé « La révolution des plantes ». Interrogé sur les ondes de la RFI, le spécialiste raconte comment, tout comme les animaux, elles ont dû développer des stratégies aussi sophistiquées. Seulement, elles sont moins faciles à observer.
Par exemple, il a fallu analyser des cactus pour comprendre que leur survie dans des endroits arides reposait sur leur capacité à capter et retenir l’humidité présente dans l’air et s’en nourrir. La pousse des piments était une méthode pour éloigner les herbivores en créant un « fruit » trop piquant. Seul l’homme s’y sera intéressé et aura même développé un goût prononcé pour ceux-ci.
Avec d’autres scientifiques, ils se sont aussi penchés sur la question des plantes et se sont rendus compte que les végétaux arrivaient à communiquer par différents moyens chimiques, entre autres, pour prévenir les congénères. Elles acquièrent en plus des sens particuliers afin de mieux évaluer leur environnement. D’ailleurs, à la fin de 2019, une équipe de chercheurs de Tel-Aviv ont réussi à prouver que la végétation stressée par une sécheresse pouvait émettre des plaintes en ultrason que certaines espèces animales pourraient percevoir.
Un concept contesté
Toutefois, pour certains scientifiques, la notion d’intelligence des plantes passe mal. Ils critiquent particulièrement la figure de proue contemporaine de ce concept : Monica Gagliano, une auteure et professeure à l’Université de Sydney qui a publié de nombreuses études sur la perception des plantes.
Elle les voit comme des êtres sensibles autant que la faune ou l’humanité. Elle affirme qu’elles sont pourvues d’une mémoire, ce qui a stupéfait les spécialistes qui ont ridiculisé la thèse. Comment oser parler de mémoire, c’est-à-dire un système neuronal complexe, dans des organismes qui n’ont aucune structure qui pourrait leur permettre une telle pensée? Ce n’est pas parce qu’une plante réagit sensiblement de la même façon à un stimulus durant quelques semaines qu’elle s’en souvient prétexteront ces critiques. Ceux-ci traiteront d’ailleurs de pseudoscience cette théorie.
Pourtant, il existe bien des études sérieuses qui montrent des capacités de communication et de collaboration avec des insectes ou autres espèces pour survivre. Peut-être que le problème réside dans la question de l’interprétation d’intelligence. Si on ne la voit que comme une aptitude de raisonnement, d’apprentissage et de décision nécessitant un système neuronal, le monde végétal en est effectivement dépourvu. Par contre, des scientifiques se demandent si on ne devrait pas ajouter à cette définition la maîtrise de soi et de résilience à son environnement sans cerveau. À ce sujet, nous avons beaucoup à en apprendre des plantes.
Illustration : pasja1000 de Pixabay
Références :
Bras, Anne-Cécile. « Les Plantes Ont Beaucoup à Nous Apprendre. » RFI. Dernière mise à jour : 16 août 2019.
https://www.rfi.fr/fr/emission/20190816-plantes-comportement-communication-sons-environnement-mancuso-stefano
Delistraty, Cody. "The Intelligence of Plants." The Paris Review. Dernière mise à jour : 26 septembre 2019.
https://www.theparisreview.org/blog/2019/09/26/the-intelligence-of-plants/
O’Leary, Denyse. « Scientists: Plants Are NOT Conscious! » Mind Matters. Dernière mise à jour : 8 juillet 2019.
https://mindmatters.ai/2019/07/scientists-plants-are-not-conscious/
Ratner, Paul. « Plants Have Sensibilities, but Are They Conscious? » Big Think. Dernière mise à jour : 25 août 2019.
https://bigthink.com/surprising-science/plants-have-awareness-intelligence-scientists?rebelltitem=4#rebelltitem4
Shechet, Ellie. « Do Plants Have Something to Say? » The New York Times—Breaking News, World News & Multimedia. Dernière mise à jour : 26 août 2019.
https://www.nytimes.com/2019/08/26/style/can-plants-talk.html?auth=login-google1tap&login=google1tap
Tassin, Jacques. « L’intelligence Des Plantes En Question. » Balises. Dernière mise à jour : 30 décembre 2019.
https://balises.bpi.fr/sciences-et-techniques/lintelligence-des-plantes-en-question
Vaughan, Adam. "Recordings Reveal That Plants Make Ultrasonic Squeals when Stressed." New Scientist. Dernière mise à jour : 5 décembre 2019.
https://www.newscientist.com/article/2226093-recordings-reveal-that-plants-make-ultrasonic-squeals-when-stressed/
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