Articles

Publié le 03 mai 2020 Mis à jour le 03 mai 2020

Quand la langue se modélise

Modélisations passées, présentes et futures

« La production des idées, des représentations et de la conscience est d'abord directement et intimement mêlée à l'activité matérielle et au commerce matériel des hommes : elle est le langage de la vie réelle ».

Ainsi parlait Karl Marx (1818-1883), homme politique allemand, figure emblématique du communisme du XIXe siècle, à propos de la modélisation et de son incidence sur les langues.

Il ne sera toutefois pas aujourd’hui question de philosophie, mais bien de réflexion autour des langages de modélisations. Ah bon ? Parce que les langues aussi, ça se modélise ? Hé bien, oui ! Mais qu’entend-on exactement par là ? Dans quels domaines s’appliquent-ils ? Quelle est leur raison d’être ? Passé, présent, futur, découvrons comment se modélisent des langues !

Un concept moderne ?

Nous avons tous entendu parler des langues internationales, voire des langues un peu plus rares, comme le tibétain, ou des langues spéciales, comme les langues sifflées, mais du langage modélisé, c’est une grande première !

Étant loin d’être moi-même une scientifique, Wikipédia vient encore une fois à notre rescousse en nous proposant cette définition :

« Un langage de modélisation est un langage artificiel qui peut être utilisé pour exprimer de l'information ou de la connaissance ou des systèmes dans une structure qui est définie par un ensemble cohérent de règles ; celles-ci sont utilisées pour l'interprétation de la signification des composants dans la structure. »

Ces langages de modélisation, à proprement parler sont relativement récents, puisqu’ils ont fait leur apparition en même temps que l’informatique, soit à la moitié du XXe siècle. Ils peuvent être graphiques (techniques de diagrammes avec des symboles associés à des noms) ou textuels (mots-clés standardisés paramétrés de façon à être reconnus par les ordinateurs).

Si l’informatique est le domaine par excellence des langages de modélisation, on peut également les rencontrer dans d’autres disciplines, à l’instar de la gestion de l’information, du génie logiciel, de l’ingénierie des systèmes, mais aussi du processus d’affaires.

Les principaux langages de modélisation s’appellent EXPRESS et EXPRESS-G, qui sont des standards en modélisation des données des protocoles d’application ISO (normes de communication de réseaux), très populaires auprès des programmeurs notamment.

Viennent ensuite SysML (Systems Modeling Language), élément essentiel dans l’ingénierie système ; ou encore UML (Unified Modeling Language), indispensable quant à la visualisation de la conception d’un système.

Globalement, ce qu’il faut retenir de ces langages de modélisation, c’est qu’ils servent à mieux interpréter et comprendre les composants d’une structure, qu’elle soit d’ordre informatique, d’ingénierie ou d’architecture.

… ou un concept presqu’antédiluvien ?

Parler de ces «nouveaux» langages de modélisation, à l’ère de l’informatique, c’est bien beau, mais sont-ils vraiment si modernes ? Après tout, la modélisation ne s’est-elle pas déjà illustrée il y a très longtemps de ça, dans des contrées lointaines, aux sources même de la création de l’écriture ? Si ! Remontons le temps et retrouvons-nous en Mésopotamie, au IVe millénaire, au moment où les premières tablettes écrites ont été rédigées.

Certes, à l’époque, l’objectif n’était pas d’écrire pour exprimer la parole ou pour communiquer, mais plutôt dans un but exclusivement comptable ! En effet, c’est à Babylone qu’on a retrouvé les premières tablettes d’argile, avec des pictogrammes (signes qui représentent des objets) qui symbolisaient tout simplement le bétail (vaches, poissons, ânes…), les ressources (blé…) et le matériel (vases…) de la ville !

Tout était consigné de manière à pouvoir s'y retrouver; un vrai livre comptable. Au début, ces dessins étaient modélisés sous des formes courbes et très explicites, mais, au fil du temps, pour des raisons pratiques (plus rapides) et esthétiques (plus lisibles), les scribes mésopotamiens firent évoluer ces pictogrammes en écriture cunéiforme. Au Ier millénaire, après tant de stylisation, sous la forme de clous et de coins, impossible de deviner à quoi correspondait le modèle original !

Outre la Mésopotamie, impossible de ne pas parler de deux autres grandes civilisations qui commençaient également à modéliser, par écrit, leur vie quotidienne. C’est le cas de l’Égypte et des fameux hiéroglyphes, mais aussi de la Chine et de ce que deviendra aujourd’hui les idéogrammes.

Il en va de même pour les peintures rupestres amérindiennes ou encore les écrits précolombiens, qui, eux aussi, jouent dans la même cour !

Dans l’un comme dans l’autre de ces systèmes linguistiques, il s’agit de représenter par un symbole très compréhensible ce qu’on veut exprimer : un œil, une montagne, du blé, des bateaux… Le message passe directement. Pas besoin d’une pierre de rosette pour comprendre !

Et demain ?

Nous avons vu que ce concept de modélisation par représentation plus ou moins directe à vocation d’interprétation et d’analyse n’est pas nouveau et apparaît dès les premières lueurs de l’écriture, au cœur des grandes civilisations antiques. 

Nous vivons dans un monde empreint de culture linguistique modélisée, à commencer par tous ces pictogrammes que nous connaissons tous, quelle que soit notre culture, comme celui des toilettes, celui représentant une interdiction de fumer, celui du recyclage (le triangle vert) celui des handicapés (avec le fauteuil roulant…)… Que ce soit sur des panneaux de signalisation routière, des étiquettes de danger, d’entretien des textiles, sur les tableaux de bord des voitures, dans les lieux publics… nous sommes perpétuellement en contact de cette modélisation linguistique, qui ne cesse d’évoluer et de se développer, mais qu’en est-il du sens ?

Un ancien Égyptien, habitué à lire ses hiéroglyphes, s’y retrouverait-il en jetant un œil à notre écran d’ordinateur où sont modélises une pile (pour la batterie restante), un petit haut-parleur (pour le son), des ondes (pour le wifi) et ce signe si bizarre qu’est le Bluetooth ?!


Sources et illustrations 

- Langages de modélisation, Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Langage_de_modélisation  

- Pictogramme, Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Pictogramme

- Modèle ISO, https://fr.wikipedia.org/wiki/Organisation_internationale_de_normalisation 

- SysML, https://fr.wikipedia.org/wiki/Systems_Modeling_Language

- UML, https://fr.wikipedia.org/wiki/UML_(informatique)

- Manuel d’épigraphie akkadienne, http://www.ezida.com/bibliographie.htm 

- Qu’est-ce qu’un pictogramme, https://www.anthedesign.fr/webdesign-2/pictogramme/ 

- Tablette babyloniennehttps://pixabay.com/images/id-1827228/

- codage informatiquehttps://pixabay.com/images/id-1857236/

- Communication modélisée, https://pixabay.com/images/id-2246563/ 



Voir plus d'articles de cet auteur

Dossiers

  • Modélisation

  • Niveaux de langage


Le fil RSS de Thot Cursus - Besoin d'un lecteur RSS ? Feedly, NewsBlur


Les tweets de @Thot


Accédez à des services exclusifs gratuitement

Inscrivez-vous et recevez nos infolettres en pédagogie et technologies éducatives

Vous pourrez aussi indexer vos ressources préférées et retrouver votre historique de consultation

M’abonner à l'infolettre

Superprof : la plateforme pour trouver les meilleurs professeurs particuliers en France (mais aussi en Belgique et en Suisse)


 

Ajouter à mes listes de lecture


Créer une liste de lecture

Recevez nos nouvelles par courriel

Chaque jour, restez informé sur l’apprentissage numérique sous toutes ses formes. Des idées et des ressources intéressantes. Profitez-en, c’est gratuit !