Publié le 25 avril 2020 Mis à jour le 10 janvier 2024
À chaque compétition d’importance, que ce soit Jeux olympiques ou championnats du monde, les médias et observateurs attendent avec ferveur les performances des athlètes et surtout le fracassement de records, particulièrement en athlétisme ou en natation où tout est chronométré. Sauf que plus les années avancent, moins ils sont battus. Au point où la question a été soulevée depuis quelques années : est-ce la fin des exploits sportifs?
Notre corps a beau être une machine très bien huilée, il a ses limites. Les chercheurs essaient d’ailleurs de les établir. Par exemple, à l’été 2019, il a été découvert que le corps humain moyen avait une limite d’endurance. Ainsi, il ne serait pas possible pour le corps de surpasser de 2 fois et demie la dépense métabolique de base (DMB) qui se situe à 4000 calories pour une personne de corpulence moyenne. Pourtant, des études avaient montré que des athlètes du Tour de France ou des marathoniens avaient une DMB bien plus importante. Or, si elle est dépassé 2,5 fois, le corps s’autoconsume peu importe le nombre de calories supplémentaires ingérées. Ce qui fait que l’effort devient insoutenable. Il peut s’adapter en réduisant ses besoins mais il ne dépasse pas un certain seuil.
Il faut toutefois spécifier que cela s’applique à des épreuves qui s’échelonnent sur plusieurs semaines. Ainsi, un marathonien peut dépenser 15 fois plus pour une journée donnée. Néanmoins, cette étude montre bien les limites du corps et ce pour quoi d’ailleurs certains trichent. D’autres soupçonnent en outre que l’homme de demain devra être transformé pour arriver à des résultats spectaculaires.
En effet, les partisans du transhumanisme obsèdent sur l’idée de dépasser les limites du corps. Cette approche libérale et libertarienne voit donc d’un bon œil la possibilité pour certains athlètes de se surpasser en devenant de réels cyborgs. Que ce soit par la médication, les prothèses ou les exosquelettes, tout est bon pour améliorer les performances humaines et les emmener au-delà. En Russie, il existe déjà des biohackers qui travaillent à la transformation du corps, l’implantation de puces et le séquençage génétique afin de créer non seulement des humains qui vivent plus longtemps mais certains qui seront de super hercules qui pourront donner de grands efforts et récupérer en un rien de temps.
Ce qui est intéressant, ou troublant selon les points de vue, dans le transhumanisme est vraiment la vision libertarienne d’une situation. Ainsi, la question de la pollution de l’air ne se règlerait pas, d’après eux, par des lois favorisant l’environnement mais plutôt par la mise en place de masques filtrants pour tous les citoyens. Pour eux, donc, le problème du sport n’est pas la culture du record incitant le dopage mais le fait que les organisations sportives s’obstinent à la « propreté des efforts » plutôt que d’encourager ceux qui amélioreraient leurs performances par tous les moyens.
Pour ceux n'adhérant pas au transhumanisme, peut-être est-il temps de revoir notre vision du sport comme le posent certains intervenants à l’émission « Le Temps du débat » de France Culture. Sans doute qu’il faudra davantage se concentrer sur la prouesse sportive comme le faisaient les Grecs anciens. Après tout, Léonidas de Rhodes a été le seul à être couronné trois fois sur quatre Olympiades et il est devenu une légende sans avoir, en tant que tel, de records. D’ailleurs, à cette époque, les athlètes étaient enfermés un an ensemble pour se préparer aux Jeux. Ce qui éliminait de beaucoup les possibilités de se doper, les participants étant entourés de leurs adversaires.
L’avenir nous dira bien si les vedettes sportives de demain seront des humains augmentées ou non. Néanmoins, rappelons-nous que le corps a ses limites. Il est donc normal de mettre en place des périodes de repos dans ses activités physiques, que l’on soit athlète olympique ou débutant. La même logique tient aussi pour les performances intellectuelles !
Illustration : Pexels de Pixabay
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