Italianité, acculturation et Barthes
Design, littérature, mode, idées, pédagogie… l’Italie continue aujourd'hui d’étendre son influence culturelle et son esprit, bien au delà de ses frontières, sans faire de morts cette fois-ci.
Publié le 19 avril 2020 Mis à jour le 19 avril 2020
Le confinement a empêché de travailler des centaines millions de personnes sur terre, il a mis au chômage des dizaines de millions d’actifs. Il n’en fallait pas plus pour que les défenseurs du revenu universel réaffirment la valeur de cette proposition. Voyons ce qu’il en est !
Selon Jamie Cooke, directeur de RSA Ecosse, «le revenu de base est un paiement régulier et sûr versé directement à chaque individu dans un pays, qui provient de l'État, et je pense qu'il doit comporter certains éléments fondamentaux - il est universel, il est inconditionnel, et il est régulier, sûr et direct.» [1]
Ce revenu de base peut cependant prendre des formes distinctes dans des contextes historiques et géographiques différents.
Les variables du revenu universel sont :
Chacun de ces paramètres est fondamental, même si diverses versions comptent encore techniquement comme un revenu universel de base (un paiement universel, inconditionnel, individuel, régulier et en espèces).
Il faut remonter au début du 16ème siècle pour trouver trace de la première idée de revenu universel. C’est Thomas More qui, en 1516, dans son ouvrage Utopia décrivant les conditions de vie sur île y faisait référence. Chaque citoyen sur son île, à l’exception des esclaves, bénéficiait d’un revenu universel !
Mais la paternité du revenu universel revient à Johannes Vives car il a été le premier à élaborer un schéma détaillé et à développer une argumentation complète en sa faveur, basée sur des considérations à la fois théologiques et pragmatiques. En 1526 sous le titre « De l'aide aux pauvres », il propose que les autorités communales de Bruges se voient confier la responsabilité d'assurer un minimum vital à tous ses résidents. La motivation n’était pas la justice mais un exercice plus efficace de la charité moralement requise. [2]
Il est curieux de constater que le revenu universel est une idée à la fois partagée par les gens ayant une sensibilité politique de droite comme de gauche.
Vives lui-même donne des arguments aux deux camps.
D’une part, il voyait cela comme une forme de partage : « Toutes ces choses que Dieu a créées, il les a mises dans notre grande maison, le monde, sans les entourer de murs et de portes, afin qu'elles soient communes à tous ses enfants ».
D’autre part il a invoqué l’ordre public : « Le secours doit venir avant que le besoin n'induise quelque action folle ou méchante ». [2]
Avec le retour sur la scène du revenu de base, les arguments différent selon la position de leur auteur sur l’échiquier politique.
Pour synthétiser,
On peut aussi identifier une troisième mouvance plutôt apolitique qui argumente sur la fin du travail. Nos emplois seraient menacés par des robots et le travail tel que nous le connaissons va disparaître. L’être humain dépourvu de travail se retrouvant sans source de subsistance devrait se voir attribuer un revenu universel.
Cette dernière catégorie a des avocats connus :
sont autant de personnalités qui ont affiché leur souhait de voir un revenu universel se mettre en place.
En réalité, des expériences de revenu universel ont été mises en place à divers endroits à diverses époques.
Un des dernières en date s’est déroulée en Finlande [3]. Le gouvernement du Premier ministre Juha Sipilä a mis en place une expérience de revenu de base en 2017-2018.
Au cours de cette expérience, 2000 chômeurs sélectionnés au hasard ont reçu un revenu de base de 560 euros par mois. L’octroi de ce montant était indépendant de leurs autres revenus et du fait qu'ils aient activement tenté ou non de trouver un emploi.
Les participants ont été sélectionnés parmi les personnes âgées de 25 à 58 ans qui avaient reçu en 2016 une allocation de chômage ou une aide au marché du travail.
Le résultat a été plus que mitigé. Le professeur de politique sociale à l'université d'Helsinki, Heikki Hiilamo, commente :
Il est toutefois bon de tempérer cela par ces éléments :
L’objectif serait donc que chaque être humain reçoive un montant lui permettant de vivre dignement.
Logiquement un revenu vient d’une production ou d’un mécanisme de transfert qui a consisté à prélever l’argent d’un revenu à un agent économique pour l’attribuer à un autre.
Il semble risqué de détacher la rémunération de la production. Voyez cela comme les deux plateaux d’une balance qui doivent rester à l’équilibre.
On imagine facilement les promesses électorales d’augmenter le revenu de base sans contrepartie productive. D'un autre coté, quand l'augmentation de la productivité ne profite qu'à une minorité, l'équation est aussi faussée. Le revenu universel agit alors comme un mécanisme compensatoire nécessaire à l'équilibre et qui assure un marché de masse.
Faire tourner la planche à billets, chacun sait comment cela se termine quand on laisse ce pouvoir à des responsables politiques : un jour ou l’autre survient un épisode d’hyperinflation. La mise en place d’un revenu universel requiert donc des garde-fous à penser très en amont.
Dans un monde idéal, chacun serait détaché des contraintes matérielles. Grâce à cela, nous pourrions nous consacrer à des œuvres sociales ou à des activités, pécuniaires ou non, pour lesquelles nous avons un attrait particulier.
La vie terrestre a pourtant ses contraintes et ce n’est pas une question de cœur ou d’absence d’empathie que de dire qu’il faut y réfléchir à deux fois avant d’implémenter ce type de fonctionnement universel.
Sources
[2] https://basicincome.org/basic-income/history/
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