L'Afrique et l'éducation est un sujet sensible. Beaucoup d'étudiants, pas beaucoup de places dans les universités. Des coûts scolaires trop élevés pour les populations moyennes ou pauvres. Des soucis au quotidien, mais puissance 10 par rapport à ceux de l'Occident.
Je veux aujourd'hui vous présenter Fréjus Zamblé, car c'est la première fois que je croise personnellement un professionnel du management de l'éducation comme lui sur le continent africain. Cette interview vous présente son regard et ses actions sur le terrain.
Note : Cette interview est entrecoupée d'informations locales au sujet des problèmes soulevés
1. Comment
définis-tu ton métier ? Que fais-tu dans le management de l'éducation ? Dans
quel pays interviens-tu ?
Le coaching éducatif et parental est un aspect important
dans la réussite du projet éducatif de chaque enfant. En plus de permettre aux
enfants d’avoir des techniques et méthodes d’apprentissages qui leur permettent
de travailler plus efficacement, nous accompagnons le système scolaire dans la
réalisation de ses objectifs. Le management des structures apprenantes a pour but d’aider les écoles et universités à faire réussir tous leurs apprenants.
Le plus gros défi de notre système éducatif est de ne pas
arriver à faire réussir tous les apprenants dont ils ont responsabilité.
- La première difficulté des établissements est d'identifier exactement les difficultés d’apprentissage liées aux matières et les
difficultés d’apprentissage liées à la personnalité de l’apprenant. Notre objectif est de trouver comment les
synchroniser et les optimiser.
- Deuxièmement comment avoir une pédagogie de la réussite
axée sur l’humain laquelle favorise l’apprentissage et le développement des
compétences pour tous les apprenant ?
- Troisièmement, comment favoriser ou définir le projet
éducatif de chaque apprenant en tenant compte de ses compétences, de ses
capacités et de ses intérêts ?
Le management efficace et pertinent des structures apprenantes permet de donner
des réponses pratiques à ses questions structurelles.
2. Je te
propose dans un premier temps de te présenter. Qui es-tu ? d'où viens-tu ?
Je m'appelle FREJUS ZAMBLE et je suis coach. Je viens de la Côte
d’Ivoire.
Après l’obtention du Baccalauréat, j'ai fait une certification
internationale en Art de la Gestion et Stratégie Gagnante au Swisselearning Institute.
3. Quelles sont les événements de ton parcours de vie qui t'ont amené à ce
métier ? Quelles sont les valeurs qui te guident ?
Après avoir obtenu mon certificat, une question me préoccupait : le chômage en Afrique. Après
réflexion et lecture des articles sur le taux de chômage en Afrique, je suis tombé sur un article de l’ONU qui démontrait qu’il y a beaucoup de diplômés en Afrique. Mais le
problème est qu’ils sont incompétents dans leur milieu de vie. J'ai mené une enquête qui a montré que le
manque de compétence est dû à :
- un manque d’objectif
- un manque de concentration
- un manque de motivation à apprendre
- un problème de mémorisation (beaucoup d’élèves ne s’en
sortent pas)
- un sérieux problème d’orientation des jeunes
- les parents sensés accompagner les enfants dans leur
scolarité sont démunis de méthodes efficaces
- le système éducatif africain est dépassé donc inapproprié
pour le monde du travail en Afrique
"12 millions de diplômés en Afrique et seulement 3 millions trouvent du travail".
Source : Discours de Claude Kwaku Akpokavie
International Labour Organization à Genève
Conférence sur le futur du travail en Afrique
Jeudi 20 février 2020 à 18h au Global Studies Institute à Genève.
Face à toutes ces difficultés, étant africain, je me suis dit qu'il fallait trouver des solutions pratiques à ces problèmes. Après avoir fait une formation en techniques
et méthodes d’apprentissage, un certificat en programmation neuro-linguistique,
un certificat en coaching international, un certificat en motivation et
développement personnel, j'ai fondé le cabinet TALENTED NEXT, cabinet
international qui à pour programme le
management des structures apprenantes, le
coaching des parents d’élèves et étudiants, le
coaching des élèves et étudiants, les tests
psychométriques, la
formation en technique et méthodes d’apprentissage, le team
building familial, la Caravane
et salon familial, la Caravane et
salon d’orientation.
Comme résultat, nous avons accompagné
plus de 15 000 apprenants dans nos programmes.
3. À propos de l'orientation des élèves, que voudrais-tu partager sur ce thème ?
L’orientation est un processus qui permet à un individu de
décider de ce qu’il fera de sa vie.
L’orientation est le fait de déterminer des points cardinaux
d’un lieu pour se diriger. L’orientation dont il est question ici peut être
aussi appelée orientation scolaire et professionnelle. Cette orientation
consiste à proposer à une personne en âge de scolarité les séries et ou les
filières dans lesquelles elle pourrait véritablement s’insérer. C’est une étape
importante dans la vie de toute personne parce qu’elle conditionne notre
avenir.
C’est une affaire assez sérieuse pour qu’on en ait une définition
conceptuelle claire. En d’autres termes, l’orientation scolaire et
professionnelle est une série d’activités qui permettent à un individu, à un moment
de sa vie, d’identifier ses capacités et ses intérêts. Une fois les capacités,
les compétences et intérêts identifiés, il pourra prendre des décisions
éclairées en vue du choix de ces études et formations ainsi que de ses
activités professionnelles et ceci avec le souci conjoint de servir
l’épanouissement de sa personne et le développement de la société. Avez-vous
noté ? Bonne orientation = insertion de l’individu = épanouissement personnel =
développement de la société.
Nous avons pour cela mis en place un programme d’orientation
appelé « jeune choisis ton métier ». Plus de 5000 élèves ont eu à
faire le test psychométrique, outil d’aide à la décision.
4. Et, la
drogue en milieu scolaire et universitaire ? As-tu des pistes de solutions à
proposer au monde francophone de l'éducation ?
La drogue est présente dans toutes les écoles en Afrique.
Cela détruit la scolarité de ses jeunes très brillants. Campagnes de
sensibilisation et désintoxication sont devenus presqu’inutiles.
On ne met pas vraiment le doigt sur les
causes réelles qui amèneraient un enfant à se droguer. C’est d’ailleurs la
spécificité de nos campagnes de sensibilisations. Le pourquoi nous permet
d’être efficace dans l’aide apportée aux enfants et aux parents.
"En Côte d’Ivoire, il urge pour les autorités d’agir face à
la montée d’un nouveau fléau, la consommation de stupéfiants par des élèves en
milieu scolaire. À l’occasion du lancement de la campagne de sensibilisation
contre la toxicomanie dans le district de Yamoussoukro, Mme Koné Adjara a
révélé que plus de 100 élèves en possession de drogue avaient été appréhendés
par les forces de police dans la capitale politique au cours de l’année
scolaire 2016 – 2017. D’après la secrétaire générale de la direction régionale
de l’Éducation nationale, de l’Enseignement technique et de la Formation
professionnelle « le phénomène est réel et énorme », illustrant ses propos par l’interpellation en mars dernier
d'un étudiant en possession de 50 boules de cannabis.
Que ce soit à des fins
commerciales ou pour une consommation personnelle, la circulation de
stupéfiants en milieu scolaire prend des proportions inquiétantes en Côte
d’Ivoire, d’autant plus que « même les filles font partie des toxicomanes
interpellés », a regretté Mme Koné Adjara. Pour endiguer le phénomène avant
qu’il ne prenne des proportions plus importantes, une campagne de
sensibilisation initiée sous le thème « Phénomène drogue en milieu scolaire :
comment y faire face ? » a été lancé depuis le mercredi 24 mai dans le district
de Yamoussoukro".
Source : Côte d’Ivoire : La consommation des stupéfiants en milieuscolaire inquiète
Décembre 2017
https://www.cotedivoire.news/actualite/21494-cote-divoire-consommation-stupefiants-milieu-scolaire-inquiete.html
La plupart des enfants touchent aux drogues parce que :
- Certains
disent toucher à la drogue parce qu’ils s’ennuient dans le système, rien ne les
motive. Pour les aider, il faut revoir son orientation car quelqu’un de mal
orienté, il est toujours fatigué, aucune motivation. Il n’est pas là où il
doit être.
- Le
sentiment d’appartenance. Les enfants manquant de confiance en eux veulent
appartenir à des groupes qui très souvent touchent aux drogues. L’idée c’est
d’être cool avec les amis. Le travail est de remonter la confiance de cet
individu. C’est le travail des parents.
- Certains
nous disent qu’ils cherchent de l’inspiration. Le manque d’inspiration est liée
au manque d’objectif ou à la petitesse des objectifs. Pour aider, il faut
définir non seulement les objectifs, mais les rendre assez stimulants.
5.Et pour
les parents ? Et aussi pour aider les enseignants auprès des parents, que
peux-tu partager sur le rôle des parents dans le processus de
l'éducation ? Est-ce que pour toi les parents africains sont les même qu'en Occident où y-a-t-il peut-être des différences de contextes ou de culture qui
pourraient intervenir ?
Ce qui fait la différence entre les parents occidentaux et
les parents africains, c’est leur réaction face aux crises que font leurs
enfants. Les occidentaux sont mieux informés et formés sur la question de
l’éducation des crises des enfants. Cela permet d’anticiper les crises. Mais en
Afrique, il n’y à pas de formation et les parents sont démunis face aux
enfants qui cherchent à comprendre l’environnement dans lequel ils évoluent.
Pour mieux aider, mon cabinet à mis en place un programme de
formation pour les parents : l’école des parents.
Les objectifs de l’école des parents sont de :
- Diffuser
auprès des familles les savoirs et surtout les méthodes et pratiques pouvant
les accompagner dans l’éducation de leurs enfants;
- Conforter
les parents dans leur rôle, les rassurer ou leur proposer des solutions
pratiques dans la gestion des enfants;
- Procéder
à une évaluation précise des difficultés;
- Restaurer une
dynamique de changement familial, permettre l’émergence du projet éducatif.
Nous avons démarré ce programme depuis maintenant 3 ans avec
les associations des parents d’élèves. Nous avons pour partenaire la FENAPEC
(Fédération nationale des parents d’élèves et étudiants de l’enseignement
catholique). C’est plus de 12 000 parents déjà encadrés.
"Redonner du sens à l’école", un sujet toujours d'actualité, presque 20 ans plus tard. "Les réformes profondes, nécessaires aux systèmes éducatifs
africains, mettent naturellement en évidence la question du sens de l’école et
du sens à l’école…
Il est urgent que l’école devienne le lieu de la
mobilisation des différents acteurs qui, non seulement trouvent de l’intérêt
dans ce lieu, mais en comprennent la fonction et la portée. Nous avions écrit
précédemment que le « danger était grand que l’école devienne un lieu
d’accoutumance à l’absurde » pour l’enfant mais aussi pour les parents,
enfermés dans des rituels et dans des procédures technocratiques. Sans les
moyens pédagogiques et les ressources humaines nécessaires, les classes aux
effectifs pléthoriques peuvent devenir des lieux sans signification, où les motivations
nécessaires au changement n’existent plus.
Ici ou là, des exemples de déscolarisation ou de refus de la
part des parents d’envoyer leurs enfants à l’école en sont la preuve. Nous
pensons que l’interpellation des parents, leur participation à l’élaboration
des curricula et à leur évaluation peuvent être de nature à créer de nouveaux
dialogues et des questionnements indispensables à la refondation progressive de
l’école. Sans doute s’agit-il de toujours maintenir la différenciation des
responsabilités de chacun mais, aujourd’hui, la mise en synergie des différents
acteurs concernés est une condition pour construire une école africaine
nouvelle.
Pour les prochaines années, souvent planifiées en termes de
programmes décennaux, de nombreux défis sont à relever afin de promouvoir une
école de qualité pour tous. Il est nécessaire que l’approche communautaire
africaine et l’engagement des parents puissent constituer un atout déterminant.
Représentants de la société civile, ils sont les premiers concernés par la
réussite scolaire de leurs enfants. Tout en retrouvant dans leurs valeurs
traditionnelles et actuelles des référents solides, ils devront faire preuve de
créativité et de capacité de prise de risques pour être acteurs et
bénéficiaires du changement de l’école".
Source : Les parents et l’école en Afrique de l’Ouest - 2002 - https://journals.openedition.org/ries/1949
6. Je sais que pour toi l'enfant est au cœur de tout. Quels
conseils donnerais-tu pour aider ses enfants dans leur scolarité ?
- Tous les enfants ont le droit à l’intelligence. Tous les
enfants peuvent réussir
- Chaque parent doit accompagner son enfant dans la
recherche de son projet scolaire et professionnel
- Les élèves doivent maitriser cette formule. C= A+T (connaissance = Amour + Temps). Pour
maitriser et apprendre facilement, ils doivent aimer ce qu’ils apprennent et
accorder du temps.
Pour aider plus efficacement, nous avons édité des livres :
- Réussir
grâce aux secrets de la concentration
- Programmez
votre succès : guide d’apprentissage pour atteindre des niveaux de résultats
supérieurs
Le management de l'éducation, une piste à suivre de près pour aider les institutions, les parents et les enfants à aller vers un meilleur avenir.
Source image : Pixabay Ludi
Ressources complémentaires
La drogue fléau local, source de décrochement scolaire
https://www.youtube.com/watch?v=zLdecrgCiRQ
Education Gboklê - caravane stop grossesse et drogue en milieu scolaire
https://www.youtube.com/watch?v=-ordIo03_50
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