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Publié le 23 février 2020 Mis à jour le 23 février 2020

Bons baisers de Russie

Les mystères de la langue russe

Symbole russe

« La Russie est un rébus enveloppé de mystère au sein d'une énigme. »

Sur ces quelques mots, Sir Winston Churchill (1874-1965), ancien Premier ministre du Royaume-Uni, en disait déjà long sur le voile de mystères qui entoure le pays des Soviets.

Distante, froide et mystérieuse, la Russie évoque souvent pour nous des noms comme Stalline ou Lénine, des mots comme matriochka, isba, goulag, kalachnikov… elle est aussi synonyme de Guerre Froide, de la rigueur de l’URSS, de la conquête spatiale.

Certes. Mais la Russie, ce n’est pas seulement cela, c’est aussi le plus grand pays du monde en superficie, c’est une histoire millénaire, une histoire de tsars (la dynastie des Roumanov), une histoire d’arts (Kandinsky), de littérature (Tolstoï, Pouchkine) et de musique (Tchaïkovski). Et côté langue ? La France et la Russie, c'est une longue histoire d'amour et de haine. Le français et le russe ne cessent, au fil de l'histoire, d'interagir entre les deux langues. Mais peut-on facilement apprendre le russe ? Est-ce une langue si distante de la nôtre ?

Allez camarades, coiffez vos chapkas, sortez vos balalaïkas, prenez un petit verre de vodka et direction le pays des tsars !

La langue russe

Parlé par plus de 280 millions de personnes (dont 145 millions de langue maternelle), les russophones, le russe est non seulement la langue officielle de la Fédération de Russie, mais aussi une de celles des républiques de Biélorussie, du Kazakhstan et du Kirghizistan, sans oublier une grande présence dans la majorité des pays de l’Europe de l’est, en particulier l’Ukraine et la Biélorussie.

Le russe, ou Русский en langue originale, fait partie des langues slaves orientales de la famille des langues indo-européennes, tout comme l’ukrainien et le biélorusse justement ! À noter encore que le russe est une langue officielle de l’ONU.

Apparue vers le Xe siècle, la langue russe est accentuelle et utilise l’alphabet cyrillique avec 33 lettres. Tout comme l’allemand ou le latin, elle a plusieurs déclinaisons (nominatif, génitif, datif, accusatif, instrumental et locatif, voire vocatif, ce dernier étant utilisé exclusivement dans l’invocation religieuse). 

Une langue particulière

Pour nous autres, francophones, apprendre le russe est plutôt difficile. D’une part pour son alphabet cyrillique, mais aussi pour certaines particularités propres à cette langue. Mieux les identifier pourrait nous permettre de mieux appréhender notre volonté d’apprentissage de la langue russe

  1. Chaque verbe a deux aspects : une forme à l’imperfectif (pour exprimer le présent, le passé ou le futur pour une action inscrite dans la durée ou en train de se faire) et une autre forme au perfectif (pour exprimer le passé ou le futur - mais jamais le présent - pour une action brève ou terminée, ou pour l’expression d’un résultat.) Cette idée de doubles aspects semble rebutante et nécessite obligatoirement l’apprentissage par paires de tout verbe en russe, mais évite finalement de devoir penser à la concordance des temps, comme on doit le faire en français.

  2. Les verbes de mouvement ont une logistique spéciale : outre la précédente règle de perfectif et d’imperfectif, les verbes comme aller (à pied ou en voiture), conduire, transporter, voient leur forme à l’imperfectif scindée en deux autres sous-formes : indéterminée, pour indiquer un mouvement multidirectionnel ou déterminée, pour indiquer un mouvement uni-directionnel.

  3. Il y a 6 déclinaisons : nominatif, accusatif, génitif, datif, instrumental et locatif. Les connaître, mais surtout les comprendre, permet de donner aux mots un rôle dans la phrase, quel que soit leur emplacement. Cette « localisation » syntaxique permet un ordre des mots plus flexible dans les phrases. En effet, comme les mots sont identifiés par rapport aux déclinaisons, peu importe leur place. Certes, un certain ordre pourra exprimer des nuances, mais globalement, le sens de la phrase ne changera pas… chose qu’on ne peut pas faire en français.

  4. Il y a 3 genres : le masculin, le féminin et le neutre. Oui, comme l’allemand (das) ou l’anglais (it). Pour identifier le genre d’un mot, il suffit généralement de regarder sa terminaison et de se fier à son bon sens ! Le neutre, quant à lui, relève généralement d’une chose inanimée, comme un objet. Attention par contre aux déclinaisons concernant les êtres animés et inanimés, où, par exemple, il faut retenir qu’un mot désignant un être animé aura le même génitif que l’accusatif, alors qu’un mot désignant un être inanimé aura le même nominatif que l’accusatif. Il ne faut pas s’embrouiller !

  5. Les accents sont importants pour la signification des mots : L’accent tonique existe en russe et donc, le même mot peut avoir deux sens différents selon la manière dont il est prononcé, selon la place de l’accent.

Finalement, la langue russe, bien que très éloignée de la langue française, suscite un curieux mélange d’attirance, mais aussi de crainte. Depuis les guerres napoléoniennes de 1812, les influences réciproques de la France et de la Russie se sont fait ressentir.

Dans un précédent article, je faisais justement référence au français qui était la langue réservée à l’élite de la société russe, ou encore à Tolstoï qui commençait les premières pages de Guerre et Paix en français…

D’ailleurs, si nous utilisons aujourd’hui plusieurs mots d’origine russe en français, comme «  bistro, hourra, vodka, mammouth, steppe, hooligan… », sachez que la réciproque est vraie !

En effet, au pays des Tsars, vous pourrez sans complexe utiliser les mots « toilettes, rendez-vous, fauteuil, garde-robe… », vous serez compris ! Ah, petit clin d’œil spécial pour le verbe « sortir » qui serait traduit par « aller au petit coin » !

Pour ma part, j’ai eu la chance de voyager en Russie, de Moscou à St-Petersburg, et je dois dire que j’ai été particulièrement charmée par ce pays qui n’a de cesse, depuis, de me fasciner et de m’émerveiller, que ce soit par son histoire, sa culture, son peuple, mais aussi sa langue.

Là encore je vais me répéter, mais pour moi, le plus beau mot que je connaisse, toutes langues confondues, demeure До свидания, do svidania, au revoir !


Sources et illustrations 

La langue russe, Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Russe

Quand le français dominait l’Europe,
https://cursus.edu/13299/quand-le-francais-dominait-leurope 

St-Basile, https://pixabay.com/images/id-3651473/ 

Menu de restaurant, https://pixabay.com/images/id-1516948/ 

-Drapeau russe impérial, https://pixabay.com/images/id-1168889/ 



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