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Publié le 02 février 2020 Mis à jour le 02 février 2020

Susciter l’intérêt d’un étudiant, doser les approches

4 façons d'apprendre et de transmettre.

Image Pixabay

Jusqu'à récemment, l’apprentissage scolaire a surtout été intellectuel. Il fallait savoir un sujet théorique de A à Z avant d’avoir un diplôme pour le mettre en application. Un de ces exemples  illustres est celui des diplômes de la Sorbonne tellement théoriques qu’un service post-diplôme à du être offert pour faire des liens entre les savoirs :
“Cette UE de dix-huit heures (six séances de trois heures) est obligatoire dans les cursus de licence LLD et LLCSE : ...identifier les compétences qu'ils pourront faire valoir sur le marché du travail, poser les bases d'une méthodologie du portefeuille de compétences qui pourra être réinvestie dans la suite de leur cursus pour trouver des stages ou préparer leur insertion professionnelle”.
Démarche Métier Compétences -
Construction du portefeuille de compétences - Université de la Sorbonne

Dans cet article je reprends d’anciens articles que j’ai écrit précédemment et d’autres pour enrichir et compléter la réflexion d’alors. En 2017, j’abordais le sujet dans Thot Cursus “Les compétences face aux savoirs théoriques dans notre société actuelle" :
  • “Le savoir constructiviste connu comme un savoir strictement intellectuel, est une construction de la pensée qui demande d’avoir une capacité d’abstraction...
  • Le savoir constructionniste qui implique de savoir faire, se focalise sur la capacité de formalisation
  • Le savoir connectiviste qui lui repose sur les capacités sociales de chacun, sur le savoir vivre avec les autres en présentiel ou via les technologies de communication…
  • Le savoir cognitiviste, qui est le savoir-être, le savoir intérieur, émotionnel, passe par le vécu, l’intuition et est directement lié aux capacités de traiter l’information”.

...Les compétences, vers une ère de l’unité ?

Nous déployons des compétences partout, dans tous les savoirs. Aujourd’hui,nous vivons une ère de rejet du savoir théorique au profit du savoir appliqué. Phase intermédiaire, pour s’extraire d’une situation, nous nous enarrachons en allant vers l’autre extrême.

Nous semblons aller plus vers un recentrement des objectifs dont le coeur est l’individu. Un individu est fait d'un mélange unique de proportions des savoirs évoqués précédemment. Nous pouvons imaginer dans l’avenir une réconciliation de ces 4 savoirs permettant d’évaluer chaque candidat au travail selon une pré-équation idéale du poste proposé.

Mais, il manque d’autres paramètres dans l’ensemble, comme celui de la posture de l’apprenant :
  • Il y a la posture de l’étudiant, l’intellectuel celui qui reste sur le plan constructiviste dans sa dimension cérébrale. Celui-ci est passif. C’est le processus par la pensée pure.

  • Il y celle de l’apprenti, le manuel, celui qui apprend par le geste, par le corps, par les gestes moultes fois répétés. celui-là est actif. C’est le processus par le faire.

  • Une autre posture est celle de l’extraversion qui elle est empathique. C’est le processus à apprendre par l’autre.

  • La dernière posture est celle de l’introversion qui elle est intuitive. C’est le processus en se faisant confiance.
Des typologies de raisonnements sont aussi à prendre en compte :
  • “Le raisonnement inductif permet, à partir d’observations particulières, d’élaborer des concepts de portée générale, qui seront utilisés pour aboutir à une conclusion. Par exemple, si tous les chats que l’on a eu l’occasion d’observer ronronnent, on peut en déduire que le ronronnement est une caractéristique partagée par tous les chats” ;

  • “Le raisonnement déductif permet de parvenir à une conclusion à partir des faits. Autrement dit, en partant de l’observation d’un fait A, on parvient directement à la conclusion B “;

  • Le raisonnement analogique ou affectif qui va répartir le monde en catégories de savoirs semblables et faire des assimilations et des correspondances que j'ajoute à cette citation.

  • “Le raisonnement abductif (du latin abductio : emmener) permet de combler un vide dans une situation où manque une information, puis d’utiliser son bon sens pour combler le vide laissé par l’information manquante”.

Source : [IA] Apprentissage par renforcement, intuition et raisonnement abductif (1/2)
par Florian Douetteau - Mai 2019 -
https://www.usinenouvelle.com/blogs/florian-douetteau/ia-apprentissage-par-renforcement-intuition-et-raisonnement-abductif-1-2.N848990

La façon de “donner” est aussi importante dans l’enseignement. Voici un tour du monde des tendances qui peuvent être développées pour l’apprentissage : 
“Dans le cadre de la culture occidentale dans sa globalité, le don repose surtout sur des transactions portant sur des biens ordinaires, comme le “gimwali” (Mélanésie). L’objet est une formalisation physique ou un vecteur de l’amour spirituel. “Je donne car je crois en une force spirituelle. Et par le don de temps, le don d’objet ou d’argent, je perpétue les valeurs de ma communauté”. Le don est basé sur l’objet transcendé”.

“Au Japon, le don de soi structure la communauté de façon hiérarchique, le “Giri” (Japon) proche du “potlatch”. Le Japonais va développer le don communautaire dans sens de l'altérité de l’autre au coeur des échanges humains dans la communauté. Chaque acte social repose sur un enchevêtrement complexe de dons, de contre dons qui sont des signes de respect, mais aussi vue d’un autre sens, des dettes de gratitude et d’obligations morales. Le don est centré sur l’autre en tant qu’être communautaire respectueux”.

“Dans le cas d’une formation classique, le don repose sur la confiance en l’autre, “kula” (Nouvelle Guinée) qui est le pivot d’un apprentissage de qualité. C’est une disposition de caractère qui conduit à donner du crédit à la bonne foi, à se consacrer et à vouloir faire le bien aux autres sur la base du comportement de l’autre. C’est la notion de réciprocité qui en est le moteur. Je te donne ma confiance, car tes actes me prouvent que je peux avoir confiance. Le don est centré sur le comportement de l’autre”.

“La quatrième variante du don est celle de l’altruisme. Celle-ci  se définit par “une générosité libre et gratuite, libérée des contraintes, des ordres et des hiérarchies sociales. C’est le don de l’effacement qui balaye les autres car il n’est ni spirituel, ni comportemental, ni communautaire. Il implique l’individu qui donne au monde sans aucune contrainte, ni distinction d’aucune sorte. c’est le don absolu. Selon Matthieu Ricard, “nous sommes en train de muter vers l’altruisme”. L’altruiste est le don total et universel sans contre don”
Le don et le contre don : mouvement de civilisation au Japon
par Virginie Guignard Legros - Juin 2017
https://cursus.edu/articles/37345

Autre paramètre, celui de l’ordre dans la transmission des savoirs qui rend un savoir commun, classique ou passionnant : la clef dans tous ces points important est de savoir comment susciter l’intérêt et la motivation ? Il s'agit de trouver le dosage entre la théorie et l’application mais aussi l'ordre d'assemblage à respecter :
  • De la théorie à la mise en application : j’apprends des théorèmes mathématiques et je fais des exercices appliqués. C’est la joie de l’application d’un savoir de l’esprit.

  • De l’observation à la copie du geste ou du savoir : je regarde mon maître d’apprentissage qui me transmet le savoir par le faire la copie du geste, de l’objet.

  • Du sentiment d’appartenance vers l’agrégation des savoirs : je forme corps avec mon groupe et nous échangeons nos bonnes pratiques pour créer ou co-créer.

  • Du manque, de l'énigme, de la frustration vers nos catalogues intérieurs de modèles : C’est l’essai par itération qui va structurer l’intérêt de l’étudiant à apprendre plus, pour combler ses manques.

Vous voilà avec tous les ingrédients. C’est comme une recette de cuisine. Vous avez la liste des champs du possible dans un ordre systémique de 1 à 4 à chaque fois. Mais ce n’est pas une obligation de toujours d’assembler toujours dans le même ordre. Prenons par exemple chaque premiers ingrédients de chaque mini-liste :
“Le savoir constructiviste connu comme un savoir strictement intellectuel, est une construction de la pensée qui demande d’avoir une capacité d’abstraction… Il y a la posture de l’étudiant, l’intellectuel celui qui reste sur le plan constructiviste dans sa dimension cérébrale. Celui-ci est passif. C’est le processus par la pensée pure.

“Le raisonnement inductif permet, à partir d’observations particulières, d’élaborer des concepts de portée générale, qui seront utilisés pour aboutir à une conclusion. Par exemple, si tous les chats que l’on a eu l’occasion d’observer ronronnent, on peut en déduire que le ronronnement est une caractéristique partagée par tous les chats” ;

“Dans le cadre de la culture occidentale dans sa globalité, le don repose surtout sur des transactions portant sur des biens ordinaires, comme le “gimwali” (Mélanésie). L’objet est une formalisation physique ou un vecteur de l’amour spirituel. “Je donne car je crois en une force spirituelle. Et par le don de temps, le don d’objet ou d’argent, je perpétue les valeurs de ma communauté”. Le don est basé sur l’objet transcendé”.

De la théorie à la mise en application : j’apprends des théorèmes mathématiques et je fais des exercices appliqués. C’est la joie de l’application d’un savoir de l’esprit.
La prise de conscience de l’existence de ces ingrédient est importante, mais pas suffisante. C'est comme avec une recette cuisine, vous avez beau avoir tous les ingrédients, la méthodologie, les dosages, si vous n’êtes pas un bon cuisinier qui a le goût de faire de la bonne cuisine, si vous n'avez pas le savoir faire ou que vous oubliez la touche de sels, d'épices, de sucre, votre composition risque d'être fade, peu goûteuse et donc pas très motivante.

Et, imaginez que l’on vous serve le même plat tous les jours ? Est-ce que vous en seriez heureux ? Ça se faisait depuis le Moyen-Âge jusque dans les années 1970 de manger la même chose toutes les semaines. Le dimanche c’était royal et plus la semaine avançait et plus les plats étaient pauvres, sauf pour les pauvres qui se nourrissent au pain  tous les jours.

Qu’est-ce que cela veut dire dans le cadre de l’éducation ?

À rebours : un bon professeur et un cadre administratif favorable pour faire sortir du cadre des 5 outils pédagogiques classiques, pour donner de l’intérêt à suivre un cours et oser sortir des assemblages classiques intellectuels, appliqués, communautaires, personnels et créer de nouvelles méthodes, exercices, retrouver la liberté de créer avec les élèves.

Pour ma part j’aime bien cette recette que je vous propose ci-dessous et qui fait l’objet de ma réflexion pédagogique pour mes prochaines formations :

“Nous donnons un exercice qui va soulever des interrogations et aiguiser l’intérêt des apprenants. C’est une première phase par l’échec. L’élève va coincer sur différents points et il devient concentré sur l’obtention de la solution ou de sa solution. Et, c’est un challenge à tous les niveaux”. Qu’en pensez-vous ?"


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