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Publié le 12 janvier 2020 Mis à jour le 12 janvier 2020

La persévérance et le goût de l'effort

Le challenge du 21ème siècle chez les enfants rois ?

Dans une société où tout est facile pour les enfants...

... Y-a-t-il encore une place pour le goût de l’effort ? Est-ce que c’est encore utile ?

L’effort donne une échelle de valeurs aux choses. C’est le même mécanisme que pour le bonheur. Comment savoir si on est heureux si on ne peut pas estimer ce qu’est le bonheur ? Quelqu’un qui n’aurait jamais connu le malheur, ne serait-ce que quelques minutes dans sa vie, peut-il se rendre compte de la valeur, du quotient bonheur de son univers ? En fait, non. Il pourrait peut-être le conceptualiser mais n’en aurait pas une réelle conscience.

Avez-vous déjà rencontré de ces êtres parfaits qui sont beaux, intelligents, qui ont toutes les réussites, mais qui ne sont qu’insipides ? Ça existe et c’est très ennuyeux comme personnage. Si on leur demande, c’est quoi le bonheur ? Sans doute vous répondent-ils par des projections matérielles plus que par des sentiments intériorisés.

“Le bonheur est une équation : Bonheur = Bien-être + Conscience. Soyez attentif à ce que vous vivez, prenez le temps de profiter de l’instant présent. Il arrive souvent que l’on ne savoure même pas les bons moments, on a l’esprit ailleurs, on pense déjà à l’après. Ressentir le bonheur est quelque chose de fort, qui nourrit pour longtemps.”

Source : Christophe André : le bien-être au travail grâce à la psychologie positive
Fabienne Broucaret - Mars 2017
https://www.myhappyjob.fr/christophe-andre-le-bien-etre-au-travail-grace-a-la-psychologie-positive/


Pour le goût de l’effort, c’est la même chose. Quel intérêt de faire des efforts quand on a déjà tout et que son univers bienveillant a tout apporté sur un plateau d’argent ? L’effort c’est pénible et le modèle parental, depuis que les bapy-boomers sont devenus parents, est celui du bien-être de l’enfant. Pourquoi ? Sans doute parce qu’ils avaient souffert des manques de l’après-guerre et qu’ils se sont dit «non pas pour nos enfants». Mais, il est toujours dangereux de passer d’un extrême à un autre et, au passage, de mettre de côté le goût de l’effort comme apprentissage pour ses enfants.

Les premiers enfants rois qui sont apparus en tant que génération identifiée sont les enfants uniques de la politique chinoise. On les a vu arriver d’un oeil curieux dans les années 90, en se disant que c’était un phénomène local, quelque chose d’exotique là-bas en Chine, au loin. Ces premiers adultes issue de ce mécanisme étaient des extraterrestres pour leurs ascendants. Ils ne voulaient plus s’investir dans un travail. Ils ne voulaient pas reprendre la société familiale. Ils vivaient pour eux et c’est tout.

Quelles conséquences chez-nous d’avoir des enfants rois ?

Aujourd’hui, il y a les Milleniums

“Pour trouver du confort dans la réussite et pas simplement de la réussite dans le confort, il faut avoir une culture de l’effort. Or, existe-t-elle encore ? Non.

Quand on vient d’un pays où la vie est difficile, on est prêt à travailler pour s’en sortir. Sachant ce que la difficulté coûte, on fait tout pour ne pas y retourner. Quand on a pris l’habitude de vivre dans un pays où tout est facile, on n’a pas le même problème. Ayant toujours vécu dans la facilité, on ne sait pas ce qu’est la difficulté. On n’a donc pas peur d’y retourner puisque la question ne se pose pas. De ce fait, on n’est pas enclin à avoir une culture de l’effort afin de s’en sortir.

De plus, quel est le discours dominant aujourd’hui ? Celui de la consommation. Que dit ce discours ? « Vous êtes le roi. On va vous servir. Avec nous vous aurez tout facilement et pour pas cher. Ne vous fatiguez pas, on va tout faire pour vous ». Quand on a pris l’habitude d’être servi, on tombe de haut en rentrant dans une entreprise qui vous demande de payer de votre personne. Le choc est rude. Tellement rude que, parfois, n’y résistant pas “on quitte l’entreprise”.

Sources: Les Millennials, génération "douillette"
Avec Bertrand Vergely, Laëtitia Vitaud - octobre 2019
https://www.atlantico.fr/decryptage/3581825/les-millennials-generation-douillette--et-si-l-explication-etait-au-moins-autant-dans-l-education-donnee-a-nos-enfants-que-dans-la-durete-du-monde-contemporain-bertrand-vergely-laetitia-vitaud

Le millenarium fait partie d’une génération fragile. Déjà, le processus était déjà entamé avec les X qui avait du mal à entrer en masse dans le monde du travail. c’était déjà une rupture de culture. Il n’y avait pas de modèle de génération qui leur ressemblait avant eux. Il n’y avait pas de racines à cette nouvelle façon d’être qu’ils n’avait pas choisi d’être non plus d’ailleurs. Les chocs étaient bien réels entre les anciens, les parents-boomers qui avaient tout construit par eux-même sur le modèle de leurs parents. Et, même si les circonstances économiques étaient extraordinaires, les débuts dans le vie des parentsboomers avaient façonné leur personnalité dans les restrictions et l’effort. Même si au fond d’eux-même ils les avaient voulu ces enfants rois, mais, ils avaient des valeurs trop différentes des leurs pour se comprendre en douceur. 

Reprenons à la génération Y

“LA GENERATION Y (enfants nés entre 1980 et 1995)
Mot d’ordre : «VIVRE » => Equilibre entre vie privée et professionnelle.

  • Nés après la guerre froide, le conflit est-ouest, et les risques d’apocalypse. 
  • Ont peu d’idéaux politiques.     
  • Ont grandi avec les crises économiques, la précarité de l’emploi, l’insécurité sociale et affective, loin de l’abondance matérielle des baby-boomers mais dans l’abondance virtuelle.                      
  • Nostalgiques d’un passé périmé, mais méfiants face à un avenir incertain. Ils sont donc suspendus dans le présent.                                            
  • Paraissent peu respectueux de leurs aînés car leur légitimité n’est plus innée. Elle est à acquérir grâce à un comportement exemplaire.

Enfants-rois

  • Très désirés, presque choisis, peu critiqués, même devant des comportements inadaptés.       
  • Stimulés par de nombreuses activités extrascolaires où il n’y a que des gagnants (« trophy generation »). Ne savent pas gérer l’échec. Ils ont rarement entendu le mot « non ».                      
  • Surprotégés par des parents coupables d’être peu présents mais très impliqués, prêts à intervenir à tout moment dans tous les aspects de leur vie (parents hélicoptères). On leur a donné l’illusion d’être autonomes.       
  • Consultés sans cesse sur tous les sujets par des parents prêts à répondre à toutes leurs questions. Ont appris à se considérer comme des partenaires à égalité avec les adultes.

Risque pour des enfants-rois

  • Manquent de confiance en eux, éprouvent des difficultés à prendre des décisions, à gérer leurs agendas.             
  • Restent plus longtemps dépendants des adultes.

Les Y et le travail

Le travail n’est pas leur priorité ; ils ont besoin de liberté et d’autonomie, de changements et d’intérêt dans leur activité, ils sont efficaces si passionnés”.

Source : Eduquer les enfants du XXIe siècle : les nouveaux codes d’après la conférence d’Olivier REVOL pédopsychiatre, neuropsychiatre, chef du service neurologie au CHU de Lyon - 2015
https://www.savoirsetperspectives.fr/docs/resume-olivierrevol.pdf

Si les X étaient incompris et sans références face à leur statut d’enfants rois, les Y  ont trouvé la parade et ont remplacé l’absence de l’effort par la passion. C’est un peu comme si on passait du moteur à essence au moteur électrique. Il y a moins de puissance mais plus de champ du possible, mais, avec une fragilité de l’individu dans le champs social.

Au sujet de la Génération Z

“LA GENERATION Z (enfants nés après 1995).
Mot d’ordre : « SOCIALISER » => Partager des liens avec les autres.

Ce sont les descendants directs des X (génération sacrifiée). Ils sont marqués par les temps instables. Ils ont tout vécu et aspirent à la sécurité, la sérénité. Là où les Y s’opposaient, les Z recherchent le calme. Ils arrivent dans un monde où tout est déjà fait, où rien n’a été prévu pour les préparer aux bouleversements sociétaux. Ils sont obligés de se débrouiller seuls, de s’adapter.

Caractéristiques de la génération Z : les mêmes que la Y, amplifiées.

  • Hyperconnectés : Google, Facebook, Twitter, WhatsApp, Snapchat…          
  • Utilisent plusieurs écrans en même temps. Nomophobie : No Mobile Phobie, l’angoisse de ne pas avoir son téléphone. 
  • Rejettent les formes classiques d’autorité. Demandent des explications. 
  • Sont citoyens du monde : pas de frontières, génération « Easy jet ». 
  • Sont à la recherche d’une identité sociale. 
  • Sont idéalistes, lucides et matures. Très sensibles à la justice. Ont beaucoup d’humour. 
  • En quête de liberté mais aussi de réassurance.
  • Impatients. Sont individualistes mais moins que les Y, solidaires mais sélectifs. 
  • Ont le sens du devoir, recherchent la stabilité et la sécurité, sont tolérants et hypersensibles.  Ce sont des émoboomers : émo comme émotions. Sont axés sur « ce qui se fait ». Ont un ordre moral important. 
  • Sont dans une relation gagnant/gagnant.

La génération Z a été rebaptisée Génération C comme Communication, Collaboration, Connexion et Créativité.

Quelques contradictions

  • Lucides mais aussi idéalistes ; ils aimeraient un monde meilleur. 
  • Accrochés à leur liberté tout en aspirant à la réassurance de la part des adultes.
  • Sensibles à la solidarité mais vigilants sur leur copinage. Ils commencent à élaguer leurs amis sur Facebook… 
  • Individualistes mais capables de jouer collectif pour la défense de leurs causes. 
  • A l’aise avec les contacts virtuels et plutôt hermétiques au contact direct (préfèrent partager sur Facebook …).
  • S’intéressent à leur environnement sans chercher à contrôler leurs échanges avec leurs pairs ni à s’immiscer dans leur sphère intime.”   

CF : Eduquer les enfants du XXIe siècle : les nouveaux codes d’après la conférence d’Olivier REVOL pédopsychiatre, neuropsychiatre, chef du service neurologie au CHU de Lyon

Les Z sont sociaux et presque plus individuels. Le numérique est intégré à leur personnalité. Ils sont des sauveurs de monde et ne rentrent plus dans les pyramides hiérarchiques. Ils font peur au Papyboomer qui doivent passer le relais car ils partent en retraite. Il y a beaucoup de relais qui resteront sans repreneurs. Il faut laisser la place au neuf avec des individus devenus ultra-sociaux.

Si les millenarium qui les suivent sont encore fragiles en société, ils ont développés des qualités sociales à travers les dernières générations qui n’étaient pas prévisibles à la naissance des Babyboomers. On est passé en 5 générations au timing très serré d’une civilisation de l’individu compétitif et persévérant par le goût de l’effort adapté au système hiérarchique, à une civilisation de la collectivité, du partage, de l’intelligence collective.

En 70 ans les civilisations ont fait un bond jamais vu auparavant dans l’histoire et a redéfini la nécessité de l'effort.

Source Image : Pixabay Victoria_Borodinova


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