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Publié le 02 décembre 2019 Mis à jour le 28 juin 2023

Dans le jeu de la compétition, ne vous trompez pas d’adversaire!

Sommes-nous notre propre ennemi?

Esprit... de compétition

L’esprit de compétition est un excellent accélérateur pour se surpasser, pour s’améliorer, pour repousser simplement encore plus loin les limites de nos capacités, frôler les frontières de l’impossible, voire faire mieux que ses semblables. L’ego fait entrer un autre acteur sur la scène: l’autre, un ami ou un ennemi visible ou bien caché. 

La littérature sur la thématique du développement personnel, de la gestion du changement et de la performance est pareille à un océan: objet de recherche pour les uns, élan philanthropique pour d’autres ou encore effet de niche. Il n’y a qu’à voir la masse d’informations qui circulent sur la Toile: séminaires en tout genre, produits mis en vente par des spécialistes reconnus ou des « gourous » agissant sur la Toile, notamment sur les réseaux sociaux, qui sont devenus leurs récents terrains de prédilection. La compétition étant elle aussi rude de ce côté-là, il devient parfois difficile pour certains de ne pas tomber dans le piège de gourous tellement le sujet est préoccupant. 

S’il ne fait nul doute qu’entrer dans l’esprit de compétition est parfois indispensable pour réussir sa vie personnelle ou professionnelle, il convient également de s’interroger sur l’adversaire à cibler lorsque l'on est en prise avec notre propre système de croyances bien ficelé. Avec qui entre-t-on vraiment en compétition et de quelle réussite parle-t-on? De celle qui fait foi au regard des autres, de la société ou alors ou de celle que l’on vise avant tout pour soi?

Dans une société qui prône la performance, la compétition n’est-elle pas le reflet d’une course poursuite à la fois contre l’autre et contre soi-même? De quelle performance parle-t-on? De celle qui nous tire vers le haut et nous fait explorer le meilleur de nous-même ou bien alors celle qui nous fait plier sous le joug de systèmes de pensées, qui nous conduit à l’épuisement et nous fait parfois délaisser en cours de route nos propres aspirations?

Entrer en compétition avec soi: libérer l'ennemi en nous

Dans le jeu de la compétition, il y a l'autre mais avant tout il y a le Soi.

Que vise-t-on réellement ? Quelle réussite nous motive exactement? Celle qui se dessine aux yeux des autres ou alors celle qui s’aligne avec nos rêves de vie? Peut-on parler de réussite lorsque se plie aux bonnes volontés des rêves de ses parents ou tout simplement que l’on exécute ce que la société attend de nous ?

Parle-t-on encore de réussite lorsque ce haut cadre supérieur d’une firme internationale de la finance, bardé de diplômes d’écoles prestigieuses décide de tout arrêter pour se consacrer à sa vraie passion et se tourne vers l’agriculture ? Les exemples sont de plus en plus nombreux, et trop peu nombreux sont ceux à percevoir de quel côté la réussite se positionne réellement tant le formatage social est fort.

Le modèle de la réussite façonné par le monde occidental et bâti sur une échelle des valeurs depuis les métiers manuels ou dits «petits métiers» à sa base comme pour ceux qui travaillent la terre jusqu’aux professions dites intellectuelles comme être chirurgien, ingénieur ou, pour rester dans l’ère du temps, spécialiste en intelligence artificielle, est dépassé. Trop nombreux sont encore ceux à prêcher auprès de leur progéniture que s’ils travaillent bien à l’école, ils auront un «bon travail», sous-entendant par là, un travail qui relève de «l’intellect» dénigrant par la même occasion les autres formes d’intelligence.

Il n’y a qu’à voir dans les programmes scolaires l’importance démesurée donnée à certaines matières et le manque d’investissement des institutions voire le dénigrement des parents pour d’autres matières. Le conflit avec ses propres rêves est formaté par notre environnement familial, social et notre propre résistance. Le travail dit intellectuel a toujours été et continue d’être perçu à tort comme la voie de l’excellence par un trop nombre d’individus dans de nombreuses sociétés. Pourtant, il faut de tout pour faire un monde et c’est bien grâce aux «petits métiers» que l’on déguste ses tartines au chocolat le matin en buvant son café ou que l’on peut bénéficier d’un environnement de travail propre.

Un grand nombre de nos petits plaisirs de la vie le sont grâce aux «petits métiers». Que serait une entreprise ou une école uniquement avec ses salariés ou son personnel relevant de professions dites intellectuelles? Changer de regard sur le monde qui nous entoure et sur notre perception des choses, des métiers et des gens est indispensable si l’on veut réussir sa vie personnelle ou professionnelle.

De nature équilibrée

Le vent du changement serait-il en train de souffler? L’on assiste de manière timide mais visible à un revirement de situation: le besoin de nature, le retour à la terre, l’urgence climatique nous ramèneraient-ils à redorer certaines professions ou certaines façons de vivre perçues autrefois comme «arriérés»? Certains métiers au contact de la nature, perçus autrefois comme des «petits métiers» et qui étaient délaissés par les jeunes générations ne sont-ils pas en train de devenir des aspirations de vie aux yeux d’un grand nombre d’individus abattus sous le joug du fameux trio métro-boulot-dodo. Nombreux sont ceux qui aspirent à présent à plus de sérénité et souhaitent reconsidérer leurs choix professionnels. Il y a également ceux qui ont effectué le saut et ont opté pour une reconversion parfois en totale rupture avec leur ancien parcours, voire leurs préjugés.

Réussir sa vie impose parfois de sortir des cadres sociaux stricts. De même, la quête du bonheur au travail entre en jeu pour des salariés qui cherchent du sens à leurs tâches. Beaucoup d'entre eux retournent aux métiers manuels. Le bonheur au travail devient recherché dans une société où le stress, l’hyperactivité font plus ou moins bon ménage avec le rendement, la performance, le souci continuel de s’améliorer ou d’améliorer tout court sa situation professionnelle.

Le regard de l’autre, ce regard que l’on n’ose parfois pas relever et sous lequel on plie pour rentrer dans cette case toute faite qui luit pour la société, c’est bien celui-là même qu’il faut arriver à combattre. Pour cela, ne vous trompez pas d’adversaire: il n’est pas en face de vous. Pour peu que vous vous observiez dans un miroir, vous ne le verriez pas car il sommeille en vous…

Croyances limitantes: changer ses paradigmes, changer sa vie

Rien n’est plus néfaste à soi-même que la conviction de ses propres pensées, aussi fausses et destructrices qu’elles puissent l’être. La plupart du temps nous pensons être conscients de nos actes alors que n’en avons pas conscience et que nous sommes contrôlés par notre inconscient. L’iceberg moteur qu’est notre inconscient dicte nos actions telle une horloge dicte aux heures de sonner et aux aiguilles de tourner. Cela étant, là aussi méfions-nous car même le temps est une illusion dans « la présentification de l’aiguille qui avance ». ( Martin Heidegger).

Croire que l’on est nul ou que l’on est est méchant parce que ses parents n’arrêtent pas de le dire est destructeur pour un enfant, avertissent les psychologues.

De même, à force de lire certains commentaires de professeurs «Très bonne élève mais trop timide», l’élève finit par le croire, se convaincre puis devenir cette personne effacée que ses professeurs perçoivent en elle sans chercher les causes de ce comportement.

Le manque de confiance, le manque de connaissance de soi, le regard d’autrui, le conditionnement psychologique nous limitent. Dans ce cas, le recours aux experts s’avère parfois pertinent.

S’il convient de discerner les réelles motivations de certains professionnels du développement personnel qui foisonnent en ligne, il convient également de prêter attention à certaines visions qui peuvent réellement trouver un écho en celle ou celui qui y a recours. Souvent, ce ne sont pas des informations que l’on ignore mais le contexte fait que cela n'a pas de sens jusqu’à ce que notre situation personnelle ou professionnelle nous y amène et que nous soyons disposés mentalement à ce que certains propos prennent sens.

C’est pourquoi, la vision de Bob Proctor, peu importe sa motivation, est intéressante dans la mesure ou il nous invite à reconsidérer le rôle clé du subconscient dans nos actions.

Il n’est nulle intention de faire une quelconque promotion mais il nous a semblé intéressant d’évoquer ici la vision qu’il propose. 


Le subconscient est gouverné avec un paradigme qu’il définit comme une "multitude d’habitudes", elles-même renvoyant à des idées dans notre subconscient sur laquelle l’individu agit « sans aucune pensée consciente ». L’action provoque la réalité et "la réaction modifie les conditions, les circonstances et l’environnement dans notre vie. "

Ainsi, nos habitudes, nos comportements sont façonnés dès notre plus tendre enfance par notre environnement externe ( famille, amis). Nos actions sont dictées par notre inconscient. Jusqu’ici, rien de nouveau pour ceux qui s’intéressent à la psychologie. Là, Où cela devient intéressant c'est lorsqu'il évoque que les pensées développées dans notre esprit sont en "harmonie avec nos paradigmes", c'est-à-dire que nous pensons ce que nos paradigmes pensent.  La raison selon lui est que "le paradigme contrôle la vibration de notre corps, lequel est également vibration selon la loi de la vibration qui stipule que tout est en mouvement dans l'univers et que rien n'est statique. Autrement dit, les "idées imprimées dans le subconscient contrôlent la vibration. Il donne pour cela l'exemple de personnes élevées dans un environnement social où il est normal d'être dans le manque et la limitation, alors cela deviendra normal pour ces personnes. Il sera alors peu probable pour elles d'atteindre un niveau de confort optimal même si intellectuellement elles savent qu'elles peuvent le faire.

Dès lors que ces personnes impriment dans leur subconscient des idées d'un autre type et qui sont beaucoup plus valorisantes, elles se retrouvent dans une situation d'inconfort. Apprendre à changer de paradigme serait d'après lui la clé pour réussir. C'est pourquoi, certaines personnes d'un niveau intellectuel élevé et possédant beaucoup de diplômes se retrouvent parfois frustrées face à leur situation professionnelle qui n'est pas à la hauteur de leurs compétences et que d'autres qui n'ont peut-être pas eu un parcours aussi brillant réussissent mieux leur parcours professionnel. La raison? Le paradigme, selon la vision de B. Proctor.

Sortons un peu plus hors des sentiers battus...

Aux frontières de la science, là où certaines convictions se cognent aux croyances peu reconnues ou pas du tout reconnues, il y a ceux qui croient fermement en la puissance de la pensée. Sortons des sentiers battus de la science pour nous tourner vers les explications métaphysiques. Sur la Toile on  peut lire telles des injonctions "Nos pensées nous gouvernent" ou encore "Tu es ce que tu penses" voire "Tu deviens ce tu penses". 

Certains propos trouvent pourtant foi chez un nombre grandissant de scientifiques

Certaines études ont mis en avant une corrélation entre les pensées et la matière. L'approche de la physique quantique stipule que tout est énergie, notre corps est énergie. Rien n'est statique dans l'univers. Ainsi, nos pensées influeraient sur notre réalité physique faite d'énergie. De même, notre réalité physique est elle-aussi affectée par les ondes émises par les pensées des personnes de notre environnement,c e qui explique les conseils prônés par beaucoup et qui sonnent tels des chapelets de prières: "Entourez-vous de personnes positives", "Fuyez les personnes toxiques de votre entourage, y compris les membres de votre famille."             

Notre pire ennemi n’est pas toujours celui que l’on croit! En effet, il loge souvent bien au chaud dans un coin de notre pensée. On le nourrit voire le chérit sans même une once de soupçon.

95 % de notre comportement est le résultat de schémas et habitudes que nous acquérons depuis notre enfance (Brian E. Walsh). Les fausses croyances y ont également leur place malheureusement tout comme les pensées négatives qui nourrissent notre croyance d’idées nocives qui finissent par être ancrées dans notre esprit et perçues comme des réalités:

« Tu es ce que tu penses. » (Boudha)

Aussi, mieux vaut se prémunir contre des invasions fréquentes de pensées trop obscures diront les adeptes de la méditation habitués à l’entraînement mental ou encore les adhérents de la pensée positive. La montée en puissance des cours de méditation ou toute autre technique de relaxation voire toute tentative de refuge voire de fuite spirituelle dans une quête de paix d’esprit n’est-elle pas le reflet des maux qui rongent la société actuelle: le stress, le mal être au travail ou encore l’épuisement professionnel.

Prenez l’histoire de Claire et Mutaleni qui ont ont eu un parcours quasiment similaire. Bien sûr, chacune a eu son histoire personnelle, familiale, son environnement et son propre vécu qui ont formaté ce qu’elles sont devenues. Pourtant, cette jeune et brillante étudiante qu’était Claire, bardée de diplômes devenue à présent une adulte, n’arrive toujours pas à s’en sortir et vivre le parcours qu’elle avait préparé malgré les efforts et l’acharnement fournis. C’est à cause du contexte économique, rétorqueront les plus hâtifs d’entre nous mais n’est-ce pas là une explication un peu trop facile?

Le chemin de la facilité est à l’intersection de celui de l’introspection dans la première voie l’on aurait plutôt tendance à blâmer l’environnement externe avec son lot de facteurs telle que la précarité ou la pauvreté de l’emploi voire des conditions géographiques peu ou pas du tout avantageuses. Et puis il y a ceux qui prennent la voie de l’introspection et qui, en chemin découvrent parfois des causes bien enfouies dont ils en sortiront grandis pour peu que la sagesse les conduise à en explorer les contours. Des Claire, il en existe bien plus qu’il n’y paraît. L'éducation ne fait pas tout, comme le rappelle Bob Proctor.

Sortir de sa zone de confort: de quelle zone parle-t-on?

Vouloir gravir les échelons mais avoir cette peur folle de parler devant un public, avoir les mains moites ou encore ne plus pouvoir se concentrer correctement tellement l’on est sous l’emprise du stress peut être handicapant. Accaparés par ces émotions déroutantes, nombreux sont ceux à opter pour la stratégie de l’évitement.

Cela peut semble exagéré mais rappelons que la glossophobie (peur de parler en public) est la phobie la plus fréquente chez les adultes. Elle touche 60% de la population selon le psychiatre Frédéric Franget. C’est énorme!

Progresser dans son parcours, dans sa carrière implique, selon les spécialistes du sujet, de sortir de sa zone de confort et oser se confronter à ses peurs, apprendre à les apprivoiser.

Nombreux sont ceux à préconiser de sortir de cette zone car elle serait, selon eux, néfaste. Par exemple,  pour Bill Ekstrom, "ce qui nous rend confortable peut nous ruiner et c'est uniquement dans un état d'inconfort que l'on est amené à évoluer."

Le contexte évoqué qui était celui d'un licenciement est toutefois à relativiser car il semble difficile de croire que cela peut s'appliquer à toutes les situations. Le cas d'un glossophobe devant prendre la parole devant une assemblée et qui perd tous ses moyens peut être désastreux psychologiquement. L'inconfort provoqué dans le cas précédent n'a pas le même impact psychologique car les deux situations ne sont pas similaires. D'autres, comme Ilios Koutso, docteur en psychologie et maître de conférences, encourage également la sortie de cette zone qui selon lui est indispensable à l'apprentissage:

"La prochaine découverte de notre vie est peut-être juste au-delà de notre zone de confort..." (Ilios Koutso


D'après Koutso, sortir de cette zone serait favorable à la créativité ainsi qu'à l'agilité mentale "notamment lorsque l'on prend de l'âge. L'agilité qu'il définit comme une"fonction exécutrice serait beaucoup plus importante dans l'apprentissage que le QI.  Elle permettrait également à l'individu de développer de nouvelles compétences en étant dans sa zone d'apprentissage.

Les conseils qu'ils donnent pour sortir de cette zone de confort comprennent de se lancer des défis afin de pouvoir développer de nouvelles compétences et d'accroître par conséquent son sentiment d'efficacité.

Dans un ouvrage intitulé "Comfort Zone to Performance Management : Understanding development & performance", les auteurs reprennent le concept même de « zone de confort », concept qui avait déjà été évoqué par d’autres auteurs auparavant notamment ceux qui traitent de la thématique de la gestion d’équipe ou encore du développement personnel.

La «fameuse» zone de confort a été décrite par Alastair White en 2009 comme un

«état comportemental à l’intérieur duquel une personne agit dans une condition d’anxiété neutre, ayant recours à un ensemble de comportements restreint en vue de produire un niveau de performance statique, habituellement sans prise de risque." (A. White)

Un peu plus loin dans le même ouvrage, les auteurs proposent une vision combinée présentant alors deux zones de confort.

La première étant la zone initiale précédemment évoquée et la seconde serait caractéristique d’un nouvel état de l’individu, c’est-à-dire celle qui a été engendrée par un changement, une transformation opérée au-delà de la zone de confort dans la zone optimale de performance.

Entrer en compétition avec soi: oui mais jusqu’où?

Dans les compétences attendues du XXIème siècle, on peut désormais lire les fameux critères de recrutement "esprit d’équipe", "collaboration". L'on encourage la collaboration sans même parfois se soucier des spécificités de chaque individu à l'école comme en entreprise.

Peut-on demander à une étudiante introvertie de ne plus être cette personne «effacée » qu’elle paraît être pour ses profs ou ses camarades d’amphi? Oui, bien sûr que l’on peut, répondra-t-on. Il est même indispensable, rétorqueront d’autres. Les professeurs l’exigent même par conviction qu’il s’agit là d’un moyen pour l’étudiante ou l’élève de réussir dans ses études.

Collaborer nécessité de l'équipe compétitive

De même, il est attendu dans beaucoup de postes que le collaborateur sache faire preuve "d’esprit d’équipe". Toutefois, l’on pourrait se demander ce qu’il advient du nouveau collaborateur ou de l’étudiante en question en tant qu’individu avec des composantes de leur personnalité qui sont parfois éloignées de celles de leurs collaborateurs ou camarades de cours.

Ne sont-ils pas au départ désavantagés? Peut-on encore parler de compétition équitable lorsque deux individus l'un introverti et l'autre extraverti se confrontent face à un même défi?Les espaces collaboratifs se multiplient au sein des établissements scolaires, dans les bibliothèques de l'université. Même constat du côté des entreprises ou l'on s'enorgueillit de ces nouveaux espaces  de travail collaboratifs. Exit les bureaux individuels pour certaines entreprises comme de nombreuses entreprises fonctionnant en mode "start-up" et place aux bureaux prêts à la collaboration.

De nouveaux espaces indépendants de travail collaboratif ont également vu le jour afin de s'adapter aux nouveaux modes de travail. Et l'individu dans tout ça? Ne chercherait-on pas à formater une espèce de travailleur aux habiletés sociales étendues  au détriment de sa propre personnalité et de son besoin parfois énorme d'espace. Sa zone de confort à lui ne se limite peut-être pas à son seul bureau de travail.

Selon Susan Cain, forcer des employés à travailler en bureau ouvert serait contre-productif car ils sont désavantagés.Selon elle, forcer les introvertis à agir comme des personnes extraverties est une situation très stressante car il ne s'agit pas de leur comportement naturel. Par conséquent,cela se répercute sur leur travail, notamment sur leur capacité à se concentrer dans un environnement devenu "trop bruyant".

Paradoxalement, les conseils affluent pour les introvertis mais la question est beaucoup moins traitée en ce qui concerne l'autre côté de la barrière: celle des chefs d'entreprise qui doivent apprendre à créer des conditions optimales pour que chacun de leurs employés puissent travailler dans un environnement propice comme celles d'avoir la permission d'être seuls, d'avoir le contrôle sur leur environnement, d'être en mesure de doser les stimulations sensorielles ou encore d'être en état de "sécurité psychologique".

Mais ne pas oublier sa zone de confort

Ce sont des habiletés qui s'apprennent, diront certains mais combien d’entre eux feront l’effort d’essayer de comprendre les émotions suscitées ou l’état d’anxiété voire d’angoisse que cela peut générer chez certains introvertis? De plus, même s’il s’avère que certains introvertis arrivent à sortir de leur soi-disant zone de confort et à s’aventurer dans ce que certains spécialistes appellent la "zone de danger", combien de temps pourront-ils rester dans cette zone d’effort? Qu’en est-il des effets ou émotions négatives de frustration ou d’anxiété engendrées? Dès lors qu’un individu se trouve en zone d’effort en vue de développer sa performance, il est en conflit avec ce qu’il est.

La motivation et l’anxiété sont des sous-attributs de la performance mais trop de stress ou d’anxiété altèrent la performance ( Alstair White).

Par ailleurs, la position de Susan Cain rejoint également celle de Melody Guilding,coach, écrivain , professeure en comportement humain au Hunter College à New York et qui affirme elle-aussi que la sortie de la zone de confort est contre-productive  malgré les louanges de nombreux prêcheurs du développement personnel.

Dans un article publié dans The Guardian en novembre 2018, M. Wilding souligne qu’il faut en finir avec cette injonction "sortir de sa zone de confort" qui, selon elle, inciterait à prôner le culte de la performance qui l’a conduit à l’épuisement professionnel. Elle en a fait l’expérience et pointe désormais du doigt ces propos d’adeptes de la performance qui voient d’un mauvais œil le fait de rester dans cette zone. Au passage, elle cite un propos repéré sur un réseau social: "La zone de confort est un bel endroit mais rien n’y pousse." L’on peut effectivement être tentés de vouloir à tout prix y sortir en vue d'améliorer sa performance mais cela peut aussi se faire au détriment de notre santé et de notre bien-être.

Au contraire, notre professeure et travailleuse sociale revendique haut et fort l’hospitalité de cette zone. Pour elle, être constamment au-dehors de cette zone est néfaste. Il faut au contraire reconnaître cette zone et la respecter afin d’y trouver un refuge loin de toute forme exagérée d’anxiété dans lequel l'on viendrait se ressourcer.

Illustrations :  Jason caruso

Références

From comfort zone to performance management: understanding develoment and performance (Alasdair White)
https://www.researchgate.net/publication/228957278_From_Comfort_Zone_to_Performance_Management

Please stop telling me to leave my comfort zone
https://www.theguardian.com/us-news/2018/nov/16/comfort-zone-mental-health 

Why the Open-Office Environment Is Bad for Introverts
https://www.business2community.com/books/why-the-open-office-environment-is-bad-for-introverts-02237843

Changez vos habitudes, changez votre vie (Bob Proctor)
https://www.youtube.com/watch?v=4MzwuMo0rTk&t=301s

Sortir de sa zone de confort: un impératif indispensable à l'apprentissage? (Ilios Kotsou)
https://www.rtbf.be/lapremiere/article/detail_sortir-de-sa-zone-de-confort-un-imperatif-indispensable-a-l-apprentissage?id=10038971


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