Environ 21 % des travailleurs sont surqualifiés pour leur emploi nous apprend la 1ère édition des Perspectives de l’OCDE[1] sur les compétences, qui présente les résultats d’une enquête sur les compétences menée auprès de 157 000 adultes dans 24 pays et régions.
Figure 1: Fréquence de surqualification, OCDE
Le constat est presque le même dans bien de pays africains comme la Côte d’Ivoire[2] ou le Cameroun où l’on a trop de travailleurs qualifiés pour la demande du marché ou pas assez d’emplois disponibles pour l’offre de travailleurs qualifiés.
Lorsque les emplois sont disponibles, les employeurs sont méfiants vis-à-vis des travailleurs surqualifiés car ils craignent leur départ dès qu’une offre meilleure se présentera.
Avec la conjoncture économique croissante, il devient donc plus difficile pour un travailleur sur-éduqué ou surqualifié d’être retenu pour une offre d’emploi. Voici quelques astuces pour vous permettre de réussir l’étape de recrutement bien qu’étant surqualifié pour un poste.
- Au niveau du CV
La première étape vers l’obtention d’un emploi est la conception du CV. Votre CV et parfois la lettre de motivation qui y sont attachés, sont les premiers éléments de contact entre l’employeur et le potentiel employé. En tant que surqualifié, vous devez donc accorder une attention particulière et stratégique lors de sa conception. Il est possible, par exemple :
- Adopter un registre de langue moyen en évitant le langage managérial : se concentrer sur les compétences qui vous aideraient à bien exercer la mission. Comment concrétiser la plus-value que vous représentez ? En citant parmi vos atouts uniquement ceux qui sont pertinents, ce que vous aimez faire et là où vous excellez.
- Être précis et concis : Résumez au maximum l’expérience et les études qui ne sont pas pertinents pour l’emploi visé. Gardez votre CV le plus simple et le plus court possible. Si vous avez un Master pour un emploi qui requiert le Baccalauréat, n’en parlez pas. Cependant, veillez à ne pas trop simplifier non plus car vous allez créer des trous dans votre CV et cela suscitera encore plus de questions.
- Au niveau de la lettre de motivation.
Ici, il est très important de bien clarifier pourquoi vous postulez à cet emploi. Êtes-vous à la recherche d'un meilleur équilibre entre votre vie professionnelle et personnelle ? Ou d'un emploi moins stressant et moins exigeant en temps que votre poste actuel ? Vous entrez dans une nouvelle industrie et ressentez le besoin de commencer à occuper un poste de premier échelon ? Ou cherchez-vous simplement à vous éloigner de votre entreprise actuelle, peu importe qu'il s'agisse d'une position inférieure ou équivalente ? Comprendre ses propres motivations est la première étape pour décrocher le contrat.
Se concentrer sur les besoins de l'employeur : montrer à l'employeur que vous comprenez ses besoins et décrire ce que vous pouvez apporter à l'organisation pour l'aider à les résoudre. Faites vos recherches sur l'entreprise avant de postuler. Les employeurs savent qu'obtenir quelqu'un avec plus d'expérience signifie que la courbe d'apprentissage sera plus courte et qu'une personne surqualifiée à un prix plus bas peut être avantageux. Mais vous devez cependant soumettre un dossier constructif et convaincant. "Le manager doit croire que vous postulez à son poste parce que vous pensez que vous allez vous épanouir, ou alors il ne vous embauchera pas, même si vous êtes une bonne affaire." dit M. Stiens[3].
- Lors de l’interview
L’interview est la seconde étape capitale dans la phase de recrutement où votre employeur veut vérifier l’adéquation entre le CV et la personnalité du potentiel employé. Si vous y êtes convié, cela suppose déjà que vous avez pu attirer leur attention ou susciter leur curiosité, il s’agit désormais pour vous de démontrer que vous êtes la personne qu’ils recherchent et même, d’aller au-delà de leurs attentes. À ce niveau, il est important de :
Tenir un discours crédible et cohèrent
Si le job correspond à vos motivations et motifs, faites-le sentir en l’extériorisant. Pour y parvenir, vous pouvez reprendre les termes de l’offre d’emploi ou vous assurer que votre discours corrobore avec ce que vous avez mis dans votre CV. Si les termes de l’offre d’emploi reviennent dans votre CV et votre lettre de motivation, vous attirez l’attention. Racontez brièvement ce qui vous motive, ce qui vous intéresse le plus dans l’emploi proposé et démontrer leur que vous êtes la solution à leur problème (ressource humaine).
Démontrer son intérêt et de l’enthousiasme pour le poste et l’entreprise.
Les recruteurs veulent savoir si le poste vous convient. Indiquez au recruteur les aspects du poste qui vous intéressent et montrez comment le poste s'inscrit dans vos objectifs de carrière. Vous exerciez peut-être un rôle similaire dans des organismes sans but lucratif depuis quelques années, et vous voulez postuler pour une grande entreprise qui fait quelque chose de semblable ou à un niveau inférieur.
Parfois, des personnes sont prêtes à accepter un emploi de niveau inférieur parce qu'il se trouve dans l'entreprise de leurs rêves. Les employeurs sont plus susceptibles de vouloir vous donner une chance s'ils croient que vous êtes vraiment passionné par l'entreprise et que vous êtes prêt à occuper n'importe quel poste, même s'il s'agit d'un poste de niveau inférieur, parce que vous voulez vraiment y travailler, peu importe le poste que vous occupez, même si c'est un poste inférieur à celui auquel vous êtes habitué.
Se préparer à répondre aux questions difficiles.
Il s’agit de questions du genre :
- Si vous recevez une offre plus intéressante, vous partez ?
- Pourquoi voulez-vous cet emploi, qui n’est pas de votre niveau ?
- Combien de temps pensez-vous rester dans l’entreprise ?
- Êtes-vous conscient que vous allez moins gagner ? Pourquoi vous contenteriez-vous d’un salaire inférieur ?
Préparez une série de contre arguments à opposer au recruteur pour lui montrer qu’il ne court aucun risque[4] en vous engageant. Mais peu importe les arguments que vous avancerez, il faudra peser vos mots. On ne peut convaincre un interlocuteur si on ne parvient pas à se convaincre soi-même. Vos propos doivent couler naturellement et non être débité de manière mécanique, comme une récitation. Pour éviter tout stress, il est recommandé de s’exercer seul devant un miroir ou avec un proche qui vous donnera un feedback sur votre degré de persuasion, vous permettant ainsi d’ajuster les failles avant l’interview réel.
Quand vous postulez à un poste pour lequel vous êtes surqualifié (ou sous-qualifié), la meilleure stratégie est de démontrer à l'employeur potentiel que vous êtes le meilleur choix pour décrocher le poste. Il s’agit de faire preuve d’enthousiasme et d’avancer des raisons concrètes qui feront de vous, à terme, le bon choix à long terme pour l’entreprise.
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