« Toutes les langues sont belles pour ceux qui les parlent. »
Jean-Marie Adiaffi (1941-1999), homme de lettres Ivoirien se veut ici diplomate en ne montrant pas la suprématie d’une langue par rapport à une autre, mais qu’en est-il vraiment ?
Le Jamaïcain Usain Bolt (né en 1986), l'athlète le plus titré des Jeux Olympiques, laisse encore entendre dire que : « la compétition, c'est la partie la plus facile. Tout le travail se fait dans les coulisses. »
Si vous vous demandez quel est le rapport entre les langues et la compétition, la réponse est simple car aujourd’hui nous explorons une question qui vous a peut-être un jour laissé rêveur et dubitatif : Peut-on parler de compétition entre les langues ? Comment les évaluer et tenter de les classer afin d’attribuer à une d’entre elle le titre de grande gagnante ? Quelle est la plus belle langue du monde ?
Critères de sélection
Bien sûr, si vous posez cette question à un Français, un Belge, un Québécois, un Ivoirien ou un Guyanais, il y a de fortes chances que la réponse soit « le français ». Chauvinisme mis à part, cette réponse semble naturelle de la part du locuteur natif qui revendique sa propre langue comme la plus belle. De même, il suffit d’avoir un coup de cœur particulier pour une chanson, un livre ou tout simplement un bon souvenir de voyage et une rencontre avec des autochtones pour déterminer sa langue favorite...
Toutefois, ce n’est pas aussi simple d’établir un tel classement, car il faudrait idéalement se baser sur une série de critères particuliers. Ainsi, plusieurs linguistes se sont penchés sur la question et ont établi la liste suivante, afin de déterminer ce qui rend une langue attractive :
- Son intérêt socioéconomique et son rayonnement international
- La possibilité de la parler avec le maximum de personnes
- Sa réputation au niveau de son pays et de sa population
- Sa culture et son histoire
- Son exposition aux différents sons et à sa musicalité
Et le gagnant est…
Si l’on se fie à ces critères, il demeure encore difficile de donner le nom du vainqueur. Par exemple, au niveau de l’aspect socioéconomique, on pensera immédiatement à l’anglais, mais comment oublier le chinois (mandarin) qui ne cesse de prendre de l’importance et apparaît aujourd’hui comme un véritable atout si on l’inscrit à son CV !
En ce qui concerne la réputation, on pensera sans doute immédiatement à l’italien, que chacun imagine venir d’un pays ensoleillé, aux visages souriants et à la bonne cuisine, mais ne serait-ce pas qu’un cliché ?
Quant à l’histoire et au passé, le japonais, avec ses fans de mangas et de culture nippone, où les ninjas côtoient les dernières intelligences artificielles apparaît comme un autre concurrent sérieux.
Pas facile de trancher… et puis, on peut également ajouter d’autres critères (et surtout vouloir échapper au lynchage !), comme celui de la plus belle langue parlée, chantée, écrite ou d’expressivité. Selon l’organisme EF (Education First), grand spécialiste de la formation linguistique, plusieurs enquêtes informelles en ligne auraient permis de classer le français comme la plus belle langue parlée, « lisse, fluide, élégante et esthétique, à l’intonation mélodieuse ».
De plus, son aspect historique et la force de son passé contribuent encore à sa popularité. Quant à la langue d’expressivité, sans grande surprise, arrive en tête l’italien : fougueux, expressif, chargé d’émotion, chantant et passionné, sans oublier ses quelques 200 gestes de mains associés à sa conservation ! Concernant la langue écrite, comment ne pas s’émerveiller devant la calligraphie artistique et cursive, davantage comparable à une décoration complexe qu’à une écriture : l’arabe.
Surprise !
À noter qu’en 1928 et en 1934 eurent lieu à Paris des concours de textes lus, tous en langues différentes, chaque pays proposant un texte (généralement une poésie) écrit par un auteur natif. Si le français et l’italien tinrent le haut du podium, la surprise se fit venir de la part des 3e et 4e lauréats du grand concours, où on retrouvait à ces places respectives l’Ukraine et l’Iran ! L’ukrainien et le persan montraient ainsi au reste du monde la beauté des langues qui étaient les leurs…
Finalement, il apparaît difficile de dire quelle langue est la plus belle au monde, car chacune d’entre elle a ses particularités, sa musique, sa tonalité, son accentuation, sa forme, son rythme, mais aussi son écriture, son histoire et son passé. De plus, que serait une langue sans ceux qui la parlent ? Et si la beauté d’une langue passait avant tout par le cœur de ses locuteurs ?
Quoi qu’il en soit, si je pouvais me permettre de donner mon avis d’amatrice des langues du monde, je dirais sans hésitation que le russe me semble la plus belle : mélodieuse et douce à entendre, aux mots éthérés et aériens, à la forme à la fois légère et austère, mais ô combien poétique… De plus, si pour moi le mot « éphémère » demeure le plus beau de la langue française (sans doute avec une explication émotionnelle due au Petit Prince de St-Exupéry), le plus beau de tous les mots du monde est ДО СВИДАНИЯ, prononcez « dasvidania », soit « au revoir » en russe…
Sources et illustrations
https://www.ef.fr/blog/language/les-plus-belles-langues-du-monde/
https://labdeslangues.blog/2017/02/05/quelle-est-la-plus-belle-langue-du-monde/
https://www.journaldemontreal.com/2015/06/26/la-beaute-des-langues
https://www.mosalingua.com/en/the-most-beautiful-language/
folklore russe, https://pixabay.com/images/id-3514256/
la Liberté guidant le peuple, Delacroix, https://pixabay.com/images/id-63022/
Venise, https://www.reshot.com/photos/carnevale-di-venezia_rs_Po1YAR
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