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Publié le 18 novembre 2019 Mis à jour le 18 novembre 2019

Enverront-ils leurs enfants dans cette école ?

Quand vient le temps d’aménager une école, l’écoute locale permet la mobilisation.

Quand la volonté politique était de scolariser plusieurs dizaines de milliers de nouveaux élèves chaque année, on construisait rapidement des écoles presqu’identiques pour délivrer des programmes de qualité et relativement uniformes sur tout le territoire.

La plupart des décisions étaient prises au niveau national : il y avait un besoin objectif de la population, on voulait y répondre. Les considérations pédagogiques étaient fonctionnelles : un tableau, des bureaux, parfois un gymnase, des manuels, des professeurs.

Une question de besoins et de souplesse


Aujourd’hui, la proportion de nouveaux élèves demeure relativement stable mais ce sont les besoins qui se diversifient. Politiquement, le mouvement est à l’inclusion. On n’accepte plus que certains élèves soient abandonnés, que des talents soient gaspillés, que des handicapés soient négligés, que des immigrants soient marginalisés et que l’enseignement soit le même pour tout le monde : chaque élève est différent.

On demande plutôt une école connectée sur sa communauté.  Bien sur les communautés ont sensiblement les mêmes besoins de lieux de réunion, de terrains de sports, de garderies ou de services d’alimentation, mais la façon de les aménager et ce qu’on y fera dépend justement de cette communauté.

Si on ajoute à cela les considérations pédagogiques et la spécialisation de plus en plus grande dans la plupart des sphères de la société, une école «standard» n’a plus tellement de sens.

Une école ouverte de 8:00 à 17:00,10 mois par année et qui opère avec un horaire découpé en périodes fixes de 60 minutes ne répondra probablement pas aux réalités d’une école connectée et opérant sur une base de projets. Qu’elle soit ouverte à l’année, multi-fonctionnelle et à périodes variables correspond à plus de souplesse et d’optimisation.

En l’absence de grand projet, ce sont donc les nouvelles orientations pédagogiques, l’évolution des programmes et la socialisation des enfants et des adolescents qui orientent désormais la réflexion des architectes.

Françoise Granoulhac


Les besoins de formation et les pratiques évoluent si rapidement que l’organisation et l’aménagement des écoles sont remises en question et si nous le faisons pas, les écoles publiques seront à terme désertées pour d'autres services, répondant mieux aux besoins. Les institutions religieuses ont connu ce sort il n’y a pas si longtemps.

Écouter, sentir, comprendre, localement.


Qui vit dans les écoles ?  Élèves, professeurs, administrateurs, personnel de soutien… il suffit de les observer pour se rendre compte des besoins réels, autant physiques, pédagogiques que sociaux ou communautaires.  Ces besoins détermineront aussi bien l’aménagement des espaces que l’organisation du temps.

Qui vit autour des écoles ? Parents, travailleurs, commerces, groupes sociaux et tout ce qui compose le tissu d’un quartier. Comprendre comment une école se lie à sa localité peut tout changer, autant dans son aménagement que dans son utilisation future. Comprendre les considérations environnementales et sociales d’une communauté permet de la mobiliser autour d’un projet dont ils seront fiers et qu’ils seront même prêts à supporter financièrement pour peu qu’on leur ouvre la porte.

Qui devrait les écouter ? Gestionnaires régionaux, fonctionnaires de ministères, architectes, planificateurs.  Une construction d‘école qui passerait outre cette étape de consultation locale risque fort de mener à une réalisation sans personnalité ni effet marquant.  Ce n’est généralement pas ce qui est recherché pour une construction aussi stratégique.

Les études menées en Angleterre et en Ecosse ont montré que la gestion locale de l’école avait été plutôt bien accueillie, malgré les nouvelles contraintes qu’elle génère. Les personnels de direction apprécient la possibilité qui leur est donnée d’agir sur leur environnement et d’améliorer, même de manière limitée, les conditions matérielles d’enseignement.

Françoise Granoulhac


L’éducation nationale se passe au niveau local, là où les écoles sont implantées.


Sources


Construire l’école: de la planification à la privatisation, politiques publiques et architecture scolaire en Angleterre et au Pays de Galles depuis 1945 - Françoise Granoulhac - Thèse
https://journals.openedition.org/lisa/881

Une école de rêve - Suzanne Colpron - La Presse
https://www.lapresse.ca/actualites/education/201908/31/01-5239412-une-ecole-de-reve.php

Lab-École - https://www.lab-ecole.com/


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