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Publié le 22 septembre 2008 Mis à jour le 22 septembre 2008

L’Afrique des réseaux et la mondialisation : une gageure ?

Onze contributions, concoctées par des géographes, des sociologues, des historiens, des communicateurs, des politologues et des anthropologues ratissent la notion de réseaux en Afrique dans un monde de plus en plus soumis au réseau numérique. François Bart et Annie Lenoble-Bart, qui dirigent ce collectif édité en mai 2003 chez Karthala et la MSHA , la Maison de Sciences de l’Homme de l’Aquitaine, ont a fait appel à des spécialités diverses pour une exégèse de ce nouveau champ épistémologique que constitue aujourd’hui le réseautage.

La lecture de ces pages agréables montre que le concept de réseau ne se réduit plus au seul numérique, avec toutes les connotations de ce terme. Une orientation cardinale de l’ouvrage respecte une prescription majeure : le rôle des réseaux sociaux, ou celui des réseaux techniques, est d’autant plus capital que l’éloignement reste une donnée géographique et que la pauvreté limite l’accessibilité à une modernité souvent symbolisée par tout ce qui émane de la mondialisation.

L’Afrique a surmonté ces écueils depuis l’aube des temps par ses valeurs ethniques, familiales, commerciales, etc. Elle avait brisé l’isolement mais doit rechercher, rappellent F. et A. Bart, (p.9) les trois axes qui déterminent, selon Beaud, les facettes centrales de la mondialisation en Afrique subsaharienne : l’accession à la dimension mondiale d’une réalité, la multiplication et l’intensification d’interdépendances au niveau mondial, le mouvement organique englobant.

On comprend que la force des arguments déployés dans les 200 pages de ce document fort utile qui coûte 22euros ne s’appuie pas uniquement sur les utilisations des Tic pour constituer les réseaux qui fondent la société africaine d’hier et même celle d’aujurd’hui. Chaque contribution expose, dans un domaine précis, le fonctionnement et surtout les conséquences des réseaux existants et ceux qui se construisent au moyen, obligatoire, des Tic.

Les deux contributions augurales concernent l’Inde. Singaravélou (pp.17-28) examine les réseaux ethno-culturels et la mondialisation via la diaspora indienne qui renouvelle la culture en Afrique et dans les pays hôtes. Cette mondialisation culturelle se caractérise par des flux incessants et accrus de personnes, d’objets, d’images et de sens véhiculés par les Tic. Aussi, conclut-il, l’accélération récente de la mondialisation liée au progrès technologique renforce et intègre la territorialisation et le fonctionnement en réseau.

J. Robert (pp.29-42) prolonge la réflexion sur l’Inde diasporique et la transnationalisation cosmopolite -dominée par les Asiatiques à Zanzibar- et démonte patiemment le processus politique et économique, pourtant libéralisés, débouchant sur la décadence totale du pays, victime d’une mondialisation culturelle arabe qui a socialement développé des réseaux religieux.

Des analyses à orientation économique examinent la situation des réseaux agricoles burkinabè et camerounais à la lumière de la filière coton et café tels que les vivent les structures locales. L’on s’aperçoit que la mondialisation modifie en profondeur "la notion de lieu et introduit une nouvelle complexité scalaire socio-économique qui aggrave les écarts entre des couches ouvertes aux distances et celles qui se confinent dans des pratiques ancestrales vouées à l’échec".

Seront ainsi passées au sas, des études de cas sur la Guinée Equatoriale dans ses rapports avec ses voisins, le réseau établi devenant un système qui préexiste aux échanges marchands, puis sur les « réseaux et territoires de femmes du Cameroun » où se crée un type de réseau fondé sur le genre.

La femme revient en force au prisme d’une belle contribution sur les femmes et la toile en Afrique de l’Est. A. Lenoble-Bart, par diverses approches, détaille la relation et les enjeux de la femme et de l’Internet, voire des Tic dans leur complexité sociale et culturelle. L’enquête est à lire. Pour sa méthodologie et son argumentation. Ses conclusions aussi. Qui établissent une anthropologie des Tic en Afrique de l’Est et qui montrent l’unité des situations en Afrique.

C. Paré achève merveilleusement ce collectif par une excellente analyse des réseaux électroniques en rapport avec les dynamiques sociales en ligne. Une analyse qui rejoint la précédente sur le fond, vu la nature des usages et des objectifs du Net en Afrique. Des points de vue originaux ponctuent ces quelques pages de réflexion intéressante qui révèlent, par une analyse réelle de terrain, ce que deviennent des réseaux et l’axe que leur imprime la société. Les pages 191 à 197 sont d’une exquise saveur, qui retrace la fonction dynamisante des réseaux en ligne dans le continent noir. C’est si court, hélas.

L’intérêt des usages du Net et des Tic en Afrique devient de plus en plus croissant. Il prouve que les enjeux sont encore plus grands et que l’insertion de ces outils dans le monde peut contribuer à modifier les relations sociétales, à bannir la gérontocratie et à accélérer l’égalité des genres. On se sera aperçu que l’éducation demeure le parent pauvre de ces analyses, qui devraient précisément contribuer à vérifier si la mondialisation entraîne nécessairement l’uniformisation des pensées, d’apprentissage et de comportements. Quelques-uns des auteurs de ce livres ont contribué à la réalisation d’un travail immensément riche sur l’Internet en Arique


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