Internet, ce sont des millions d'ordinateurs branchés sur un contenu qui grossit de minute en minute. On peut avoir une idée de cette croissance effrénée grâce à ce compteur, qui mesure la croissance des médias sociaux les plus célèbres.
Sir Tim Berners-Lee, celui à qui on confère le statut d'inventeur du Web, cherchait à établir en 1989 un système universel et gratuit devant servir à l'humanité. Il est d'ailleurs en croisade avec sa fondation World Wide Web pour que la proportion effective d'utilisateurs du web grandisse, dans les 80 % de la population mondiale qui a accès à une connexion. Car c'est moins la connexion en elle-même qui pose problème que les barrières érigées par la pauvreté (empêchant d'accéder aux terminaux) et le pouvoir de contrôle.
S'affranchir des contraintes économiques pour accéder au web
Les Brésiliens n'ont pas attendu que leur pouvoir d'achat s'améliore pour accéder au web : en témoignent les "maisons de réseau local" brésiliennes,
des cybercafés sauvages qui poussent comme des champignons dans les
quartiers pauvres et permettent l'accès en ligne à des personnes qui n'ont pas les moyens de s'offrir un abonnement personnel, ni même de fréquenter les cyber-cafés habituels.
Il existe maintenant 90 000 de ces maisons au Brésil et elles représentent 50% de
l'accès à Internet dans le pays. Près de 80 % des usagers les plus pauvres accèdent à Internet uniquement par ce biais. Et si 42% des usagers utilisent d'abord Internet pour jouer, un pourcentage équivalent déclare effectuer des recherches d'information, participer aux sites de réseaux sociaux, et faire des recherches liées aux travaux scolaires.
Dans un pays aussi vaste que le Brésil qui ne compte que
2000 cinémas et 2600 librairies, le nombre impressionnant de ces
maisons de réseau local montre que la demande de connectivité est
croissante chez les citoyens. Même le système d'éducation commence à voir ces maisons comme des alliées. Dans des régions pauvres et reculées, ces
établissements, en lien avec des écoles, servent déjà à accéder à de la
formation à distance pour contrer l'absentéisme des jeunes, pour du rattrapage ou de l'enrichissement des cours.
Réseaux scolaires internationaux : pour faire tomber les préjugés et toucher du doigt les problématiques mondiales
Même s'il n'est actuellement utilisé que par 25 % environ des usagers
ayant potentiellement accès à une connexion, Internet est déjà le plus
puissant canal de diffusion d'informations et de savoirs, qui se joue
des frontières géographiques et disciplinaires.
Laurence Peters, auteur sur l'éducation globale, aborde avec un sourire dans un article publié dans eSchool News les déclarations du président américain Barack Obama au Caire qui déclarait vouloir créer un réseau permettant à des élèves de toutes confessions religieuses et nationalités d'échanger ppur mieux se connaître et briser les préjugés. Le sarcasme de l'auteur vient surtout du fait que ces réseaux existent déjà, ils sont seulement mal connus des autorités politiques. Par exemple, iEARN (International Education and Resource Network) fait le lien entre 2 millions d'élèves dans 120 pays. ePals ou Global SchooNet proposent aussi des projets pédagogiques entre écoles du monde entier.
Pour Peters, c'est d'ailleurs la preuve qu'Internet n'est plus seulement un complément aux manuels scolaires mais un moyen pour les étudiants d'échanger, d'aller au-delà de la frontière pour collaborer sur des projets éducatifs. Ces possibilités permettent de comprendre les enjeux globaux planétaires, tels que la disponibilité de l'eau ou les effets du changement climatique. Il semble effectivement plus efficace de parler de ces points entre élèves directement concernés, plutôt que de simplement lire des statistiques ou écouter un enseignant.
À la lumière de ces exemples, Internet est vu sous un autre jour. Internet n'est pas seulement une histoire de machines et de gros sous. C'est une histoire d'hommes et de femmes, de jeunes et de moins jeunes qui cherchent à se connaître et à se lier au monde.
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