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Publié le 04 novembre 2019 Mis à jour le 04 novembre 2019

Comprendre et construire les environnements d’apprentissage. Bernard Blandin.

Une habilitation à diriger des recherches qui porte ses fruits

Bernard Blandin est bien connu en France pour être un précurseur dans l’étude de l’impact du numérique en formation professionnelle, en ayant contribué par ses travaux et recherches au CESI à étayer de nouvelles pratiques. Dans son «Habilitation à Diriger des recherches», il a bien situé les déterminants de la construction des « environnements d’apprenance ».

Ses travaux s’inscrivent dans l’ambiance d’une volonté politique projetant le développement d’une « société de la connaissance » avec pour corollaire de formation tout au long de la vie et l’idée d’être acteur de sa formation. Si les visées politiques et économiques sont claires, la question de comprendre et de construire des environnements d’apprentissage efficients demeure.

D'abord un environnement

Pour Blandin un environnement d’apprentissage ce sont « les éléments délimitant les contours et les composants d’une situation, quelle qu’elle soit, au cours de laquelle il est possible “d’apprendre”, c’est-à-dire de mettre en œuvre un processus de changement des conduites et/ou des connaissances ». Cela va au-delà des éléments proposés par les environnements informatiques pour l’apprentissage humain (ou EIAH) même si dès l’époque de la rédaction de son texte la formation des adultes est affectée par ce qui est encore réuni sous l’expression de « nouvelles technologies de l’information et de la communication ».

Blandin s’appuie à la fois sur une conceptualisation sociologique et sur son expérience professionnelle notamment de mise en place et de participation à des programmes européens précurseurs. Il présente les éléments d’un programme de recherche et à propose des pistes pour le mettre en œuvre. Sa note se développe en trois temps « comprendre des environnements d’apprentissage », « construire des environnements d’apprentissage » une ontologie et des perspectives.

Blandin fonde ses travaux sur les niveaux d’analyse des faits sociaux proposé par Desjeux. Il travaille à une structuration des environnements d’apprentissage en trois niveaux « différents et complémentaires »

  • Le niveau « micro » concerne les interactions entre le sujet apprenant et les objets et les autres personnes avec lesquelles il interagit. C’est donc le niveau de l’individu.
  • Le niveau « méso » correspond aux aspects en lien avec les dimensions institutionnelle et organisationnelle des environnements d’apprentissage. Il concerne les interactions et/ou l’organisation.
  • le niveau « macro » porte sur les aspects socioéconomiques, les appartenances sociales et les valeurs.

Cette vision large conduit Blandin à caractériser les environnements d'apprentissage comme à la fois :

  • une forme matérielle, qui détermine les situations d'apprentissage possibles et conditionne les processus d'apprentissage qui s'y déroulent sous l'influence de ses dispositions spatio-temporelles, des instruments qui s'y trouvent et de leur utilisabilité ;
     
  • une organisation, qui détermine les formes d'interactions possibles entre les acteurs participant aux situations d'apprentissage sous l'influence de l'environnement matériel, des règles du jeu et des normes qu'elle génère ;
     
  • un « monde » caractérisé par un système de valeurs, des formes identitaires et un modèle socioéconomique particulier.

Une organisation nécessairement multidisciplinaire

La seconde  partie de la note de synthèse ambitionne d’organiser une « ingénierie globale de l’apprentissage »  mettant en cohérence les trois niveaux décrits dans la première partie. Un projet global de conception serait alors imaginé comme un ensemble de sous-projets qui relèvent de l’ingénierie de formation, du management de projet et de l’ingénierie technique pour ces différents niveaux.

Dans les perspectives développés Blandin s’inscrit dans l’idée de l’apprentissage comme un processus adaptatif. L’apprenant utilise pour ses propres fins des éléments qui lui sont proposés par le concepteur de la situation ou l’enseignant. Il n’est pas seulement en réception de ce qui lui est proposé. Les 3 niveaux organisés en oignon proposés par Blandin rappellent la structuration du milieu au sens de Brousseau (1998), mais si Brousseau identifie comme point clé les situations, Blandin s’intéresse d’abord à l’environnement et les interactions de l’apprenant à celui-ci.

Le réel apport de Blandin est de garder vivant un niveau de complexité dans une approche systémique qui s’efforce de mobiliser une diversité de disciplines. Cette complexité et cette orientation pluridisciplinaire justifie la suite des travaux à suivre après l’habilitation à diriger des recherches.

Source

Blandin, B. (2006). Comprendre et construire les environnements d'apprentissage (Doctoral dissertation) https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00136069/


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