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Publié le 14 octobre 2019 Mis à jour le 14 octobre 2019

Le français en marche en Afrique

La capitale du français n'est plus en France !

Si Paris demeure encore aujourd’hui la capitale de la France, mais pour beaucoup d’autres aussi celle de la mode, du luxe, du romantisme, de l’art et de la culture, Paris n’est plus pour autant la capitale de… la langue française ! 

En effet, la capitale de la francophonie, la ville où il y a le plus de locuteurs francophones est désormais même hors de France puisqu’elle se retrouve sur le continent africain, plus exactement en RDC (République Démocratique du Congo), à Kinshasa.

Comment expliquer cela ? Est-ce un fait politique, social, économique ? 

Embarquons pour un voyage qui nous mènera sur les traces de la francophonie en Afrique.

Kinshasa, au cœur de la francophonie

Avec plus de 17 millions d’habitants en 2017 (soit 5 millions de plus que Paris), Kinshasa, grâce à sa rapide croissance démographique, est devenue en 2016 la plus grande ville francophone du monde, titre officiellement reconnu par l’ONU (Organisation des Nations Unies).

Le pays dont elle est la capitale, la République Démocratique du Congo, n’est pas en reste non plus de par sa première place, également, des pays francophones les plus peuplés du monde, avec pas moins de 85 millions d’habitants (contre 67 millions en France).

Certes, de par son passé colonial, le français est la langue nationale, mais il ne faut pas oublier non plus les quatre autres langues principales qui se partagent ce titre, à savoir le lingala, le kikongo, le swahili et le tshiluba.

Cette première place est donc largement due à l’importance croissance de locuteurs français dans la ville congolaise, qui présente dorénavant pas moins de 92% de francophones kinois (gentilé désignant les habitants de Kinshasa), mais aussi du fait qu’elle est également au 3e rang des villes les plus peuplées d’Afrique, juste derrière Lagos (au Nigeria, avec 21 millions d’habitants) et Le Caire (en Égypte).

Le fait de détenir le titre de capitale mondiale de la francophonie permet aussi à Kinshasa de promouvoir son tourisme auprès des vacanciers francophones.

Changement de langue au Rwanda

La visite se poursuit dans un autre petit pays africain, durement touché par la guerre civile (1994), la République du Rwanda.

Autrefois colonie belge et état indépendant depuis 1962, le pays a su garder la langue française comme langue officielle, aux côtés du kinyarwanda et du swahili, mais a également popularisé la langue… anglaise… 

Un tel changement est avant tout historique et politique. En effet, si dans les familles la langue parlée demeure le kinyarwanda, le français demeure la langue d’état, scolaire et des affaires. Toutefois, comme le soulignent les Rwandais eux-mêmes : « Nous ne nous sommes pas massacrés en français, mais bien en kinyarwanda », pendant le génocide des Tutsis où près d’un million de personnes ont perdu la vie en quelques mois seulement.

C’est dans l’idée justement, non pas d’oublier les erreurs du passé, mais plutôt de passer outre et d’aller de l’avant que ce peuple a voulu repartir sur de nouvelles bases, sans oublier sa langue maternelle, sans mettre de côté sa langue coloniale, mais plutôt en s’ouvrant à une langue internationale, porteuse d’espoirs et de rêves, symbole d’ouverture culturelle et de respect des autres, une autre langue qui n’était pas encore en place et qui pourtant aller lui permettre de passer à autre chose. L’anglais était donc tout désigné. En effet, aujourd’hui, les Rwandais, fiers de leur histoire millénaire et glorieuse ont tourné la page et se sont résolument ouvert à l’international. À l’aéroport de Kigali, sa capitale, ou encore à l’école, le français n’est plus la première langue. Comme ils le disent si bien : « Non, nous n’avons pas changé de langue. Nous en avons ajouté une nouvelle, l’anglais. »

Au futur simple

Et si l’avenir de la langue française passait par le continent africain ? Ce ne serait pas impossible, au contraire. C’est bien ici que l’on rencontre le plus de locuteurs francophones au monde, histoire coloniale oblige. De plus, l’importante croissance démographique continue d’apporter du poids à cette francophonie, à tel point qu’en 2050, on pense que le français sera la langue la plus parlée au monde, devant l’anglais et le mandarin selon une étude très sérieuse du célèbre magazine Forbes.

Comment, finalement, alors ne pas repenser à un des piliers de la francophonie en Afrique, le poète, écrivain, professeur, académicien, puis président de la République du Sénégal, le chef de file de la négritude, Léopold Segar Senghor (1906-2001), qui disait « Assimiler sans être assimilé ».

Et finalement, si c’était ça, le secret ? Le français ce n’est pas seulement la France, ce n’est pas seulement Paris.

Le français, c’est la langue de tous ceux qui le parlent, qu’ils soient Européens, Africains, Américains, Asiatiques ou Océaniens.

Le français, c’est notre culture.

 

Sources et illustrations 


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