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Publié le 23 septembre 2019 Mis à jour le 23 septembre 2019

La chanson pour transmettre des idées fondamentales à tous

Les anciennes recettes n’étaient pas si mal que cela…

Qu’est-ce qui touche l’âme et la pensée en un seul média ?

Les films, oui, mais c’est un peu trop immersif. Les Livres, oui, mais cela nécessite de se retirer du monde,...et si je vous parle le la chanson populaire ? Pas de celles d’aujourd’hui qui n’ont soit plus de sens ou alors qui vous parlent des malheurs du monde. En tant que maman, je me suis intéressée à ce qu’écoutait ma fille et là je me suis demandée quel impact des textes répétitifs pourraient avoir sur les idées et les valeurs d’une jeune comme la mienne ou d’un jeune.

Quand l’acte de suicide est dé-dramatisé :

“Je t'aime tu l'savais
Tu m'tais, je saigne tout s’arrête
C’était une fausse alerte
Mais personne ne pouvait m’arrêter

Dans mon cœur c'est un attentat
Même si je fais genre que ça m’atteint pas
J'suis démoli de l’intérieur
Mais je garde le sourire à l’extérieur”

PAROLES DE LA CHANSON ATTENTAT PAR IMEN ES
 

Quand la mort d’une mère de famille par son mari est du ressort de son choix :

“Pauline elle est discrète, elle oublie qu'elle est belle
Elle a sur tout le corps des tâches de la couleur du ciel
Son mari rentre bientôt, elle veut même pas y penser
Quand il lui prend le bras, c'est pas pour la faire danser
Elle repense à la mairie, cette décision qu’elle a prise
A cet après midi où elle avait fait sa valise

Elle avait un avenir, un fils à élever
Après la dernière danse, elle s'est pas relevée

Ah elle aurait dû y aller, elle aurait dû le faire, crois-moi
On a tous dit : "Ah c'est dommage, ah c'est dommage, c'est p't'être la dernière fois"
On a tous dit : "Ah c'est dommage, ah c'est dommage, ah c'est dommage, ah c'est dommage"
On a tous dit : "Ah c'est dommage, ah c'est dommage, ah c'est dommage, ah c'est dommage"

BIGFLO & OLI - DOMMAGE


Quand les souvenirs de ceux qui sont parti culpapilisent les vivants :

“Je vois ton ombre
Dans les couloirs
Ton doux visage
A travers le miroir
J'ai compté les secondes
Depuis ton départ

Si j'avais su t'aimer, Hannah
Si j'avais su rester près de toi
Si j'avais su t'aimer, si j'avais essayé
Tu serais là

Si j'avais su sauver une partie de toi
Si j'avais su donner tout ce que j'avais en moi
Si j'avais su t'aimer, si j'avais essayé
Tu serais là”

Si j'avais su par Ornella Tempesta


Quand l’automutilation est abordé comme une solution aux crises de l’adolescence :

“Oui ça s'appelle l'auto-mutilation,
Tu sais cette chose dont tu as honte quand tu prononces son nom,
Y a pas de lois, y a pas de règles dans son jeu toute façon,
Il suffit de se détester, tu connais la chanson.

Ça part de rien, tu sors des cours, le cœur bien abîmé,
Et dans ta tête c'est la guerre, les problèmes font qu'empirer,
Mais t'y penses pas, t'as pas le choix parce que personne n'est là,
Et puis tu craques, tu fonds en larmes et tu regardes tes bras”

TA MEILLEURE AMIE PAR ORNELLA TEMPESTA
 

Cette émergence mondiale du désespoir...

...du fait de la mondialisation et des racines familiales qui disparaissent comme un facteur important de ce désespoir, mais je pense que l’on enfonce le clou lorsqu’on laisse nos jeunes écouter en boucle ce genre de chansons. (Voir Que faire face à la désespérence des jeunes ? )

Les poètes incompris ont toujours existé me direz-vous. Oui certainement, mais, le spleen n’était pas lu en boucle et si il l’était c’est que l’esprit du lecteur s’y reconnaissait. 

La chanson populaire est un peu différente. L’écouter peut-être un choix, mais souvent c’est une intrusion plus ou moins appréciée dans nos oreilles. 

Au Moyen-Age, donc avant l’impression des livres et la démocratisation de la lecture, la chanson était un outil de communication, mais surtout de transmission et de modélisation des valeurs et des comportements. On retrouve ces même qualités dans les chansons Inuits des années 70 :

“...la musique inuite contemporaine

...est en plein développement lorsqu’elle est découverte par les auditeurs inuits. Dans le champ de la vie culturelle inuite, la musique moderne démontre une vitalité remarquable et la pratique de la chanson est si féconde que son étude, à l’intérieur du champ littéraire, semble incontournable.

Cet article propose d’étudier la chanson contemporaine inuite du Nunavik entre 1979 et 2015, en tant que pièce de création littéraire, en considérant le contexte historique et culturel. Il s’agira d’esquisser une réflexion sur l’esthétique choisie par les compositeurs, ainsi que sur la relation qu’ils entretiennent – dans leur processus créatif – avec les chansons traditionnelles, et sur les thématiques privilégiées et l’utilisation des langues (inuktitut, anglais et français).

Au Nunavik (nord du Québec, Canada) et dans les autres régions inuites du Canada, une littérature écrite commence à se développer autour de 1960 (voir McGrath 1984 et Duvicq 2015). Toutefois, l’histoire littéraire inuite a commencé bien avant, avec la littérature orale, laquelle assurait la cohésion sociale au sein du groupe et permettait la transmission des savoirs historiques, philosophiques, spirituels et techniques…

«...En tenant compte du contexte historique et culturel, nous aimerions esquisser une réflexion sur leur évolution esthétique et examiner les relations qu’entretiennent les textes contemporains avec une forme plus traditionnelle de la chanson inuite, c’est-à-dire avant l’introduction de l’écriture. Enfin, nous nous attarderons particulièrement au corpus chansonnier ultra-contemporain du Nunavik, pour y examiner la question linguistique.

Les artistes des quinze dernières années écrivent leurs chansons en inuktitut, en anglais, et dans une moindre mesure, en français. Cette navigation entre les langues révèle la diversité des messages formulés par les auteurs en lien avec les destinataires visés. De plus, depuis quelques années, la recrudescence de chansons en inuktitut indique un virage vers une décolonisation de l’écriture”.»

Source : Paroles Inuites - par Nelly Duvicq - 3 juillet 2017
https://www.erudit.org/fr/revues/raq/2016-v46-n2-3-raq03118/1040430ar/


“La décolonisation de l’écriture” 

Dans un monde où les jeunes lisent de moins en moins, où les vidéos prennent le pas sur les textes, où les dyslexiques ne sont plus les idiots du village mais bien les penseurs de leurs communautés. Les moyens de communication évoluent. Une personne ne sait pas bien écrire et elle a un message à passer alors elle fait une vidéo et le tour est joué.

Si la chanson s’est emparée des sujets graves, c’est qu’elle est un média adapté à ce type de sujets. On a eu Twitter qui a modifié notre façon d’écrire. Les longues paraboles d’antan ont disparues pour laisser la place à des phrases courtes et directes. L’écriture commence à passer au second plan. Les profs ont lâché prise en acceptant les ordinateurs en classe pour les enfants dyslexiques. Cette nouvelle façon de faire n’est plus exceptionnelle, elle est juste une alternative. Et la chanson au bout du compte semble devenir l’espace privilégié des sentiments, des émotions et des modèles de société.

Car, c’est vrai, des femmes battues meurent tous les jours sous les coups de leur compagnon en France et ailleurs. Et, les chiffres augmentent ces dernières années. C’est vrai il y a des suicides et ils sont plus nombreux. En fait le désespoir est un peu partout, mais tout comme l’espoir y est aussi. Alors pourquoi ne pas dire, essayons de lutter contre. Essayons de transmettre la vie, la joie, l’amour, les valeurs, les modèles.

Hier la chanson était un divertissement, pourquoi ne pas en faire demain un outil de positivité ? Si l’écriture semble reculer au profit de l’oralité, comme on peut le voir avec des programmes vocaux comme Alexa, servons nous en au profit des jeunes qui se cherchent, qui cherchent des modèles.

..."la cohésion sociale au sein du groupe permettait la transmission

...des savoirs historiques, philosophiques, spirituels et techniques". Et si, en fait cette cohésion était le fruit de l'outil Chanson plutôt que l'inverse ?

Et, si la parole chantée était bien plus qu’un amusement ou un outil ? Dans une société où les jeunes et les anciens perdent le sens des choses, des priorités, il est important d’être attentif aux mutations et de pouvoir en faire des vecteurs de changements positifs plutôt que de les laisser aller à des dérives négatives.

Peut-être l’enseignement pourrait s’en inspirer et reprendre ou développer les outils chantés, voir aussi la danse pourquoi pas. Ce serait une bonne chose de sortir de leurs chaises les enfants qui ne tiennent pas en place par exemple et  de leur permettre de se mouvoir en apprenant leurs multiplications ou d’autres sujets plus ou moins complexes. Cela nécessite évidemment une ouverture d'esprit de l’administration à ce type de pratiques, un peu de créativité et surtout du bon sens de la part des ingénieurs pédagogiques qui pourraient ouvrir la voie.


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