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Publié le 15 septembre 2019 Mis à jour le 14 février 2024

Philosophie et sciences de la robotique

Et si tout n'était qu'une question de niveau de conscience ?

 

 

En 1944, Georges Bernanos écrivait ses craintes au sujet de notre société entrant dans le monde des machines.

Sa description se révèle être prophétique. Aujourd’hui certains on peur des machines, des robots et du futur. Ils préconisent l’arrêt de certains usages, mais, ils oublient que si les machines sont là avec leurs danger, c’est parce que des hommes les ont créées et que des changements de société ont favoriser leurs venues.

C’est l’histoire de la poule et de l’oeuf. C’est la poule qui partage son ADN à l’oeuf et l’oeuf qui deviendra à son tour une poule qui fera elle aussi un oeuf. L’innovation n’apparaît jamais ex-nihilo, c’est le fruit de mutations plus ou moins profondes des sciences mais surtout de notre société. Et, si elles sont là, c’est que les gens sont prêts à les accepter.

En dehors de Thot Cursus, je travaille dans l’hypertechnologie sociale et un sujet du moment est, comment transmettre des concepts non imaginables, indicibles, peuvent être transmis à un public, compris et digéré pour lui être utile. Ce n’est pas simple. Avant la deuxième guerre mondiale, on a eu aussi un visionnaire qui s’appelait Karl Krauss, mais ses messages étaient trop en avance et 'ont pas été compris sur ce qui était en train d’arriver aux populations juives, car c’était inimaginable par l’inconscient collectif.

Ce que ne se conçoit pas dans l’esprit collectif n’existe pas même si cela existe déjà.

“Lorsqu’en 1933 Hitler devient Chancelier, le polémiste autrichien Karl Kraus dénonce dans les mois qui suivent, dans un texte de 360 pages, la mise en place de la mécanique de l’horreur nazie. S’attaquant principalement à la presse qu'’il tient pour responsable de la création du national-socialisme, son texte est un cri que personne ne veut alors entendre: «Si on se bouche les oreilles, on n’entend plus aucun râle» écrira-t-il. Karl Kraus est mort en 1936. Qui l’a entendu ? Imaginé comme un essai cinématographique, avec comme figure centrale le comédien José Lillo, WALPURGIS est une mise en forme de ce cri, dont la tonalité résonne aujourd’hui trop familièrement à nos oreilles”.

Si une vérité n’est pas comprise alors elle est juste invisible aux yeux de tous. 

Si on inverse l’idée, ceci veut dire qu’une technologie comme celle de la robotique ne peut exister aux yeux de tous que par l’adoption de la masse. C’est une mutation qui peut se révéler lente, et du jour au lendemain, on se dit: tien voilà quelque chose de nouveau. Mais, ce n’est pas la réalité, c’est la conscience de cette réalité qui émerge. Si on regarde un extrait du film Koyaanisqatsi de 1983, on s’aperçoit qu’on était déjà alors dans un monde robotisé avec les machines automatiques, les portillons d’entrée, les feux rouges… C’était déjà de la robotisation.

Lorsque les hommes sont immergés dans leur époque, peu d’entre-eux on la lucidité de savoir ce qui s’y passe vraiment...

et d’évaluer les tenants et les aboutissants de ce qu’ils sont en train de vivre. Les grandes crises, comme celle de la Seconde Guerre Mondiale sont des points d’orgues qui permettent à certains esprits d’avoir ces éclairs de lucidité, mais ces éclairs ne sont reconnus que bien des décennies plus tard. 

Dans la période hyper-technologique que nous vivons, les droits de l’homme disparaissent comme Bernanos l’avait pointé, les innovations arrivent du jour au lendemain sans prévenir. Certaines sont tellement déconnectées du quotidien de la masse qu’elles ne sont pas comprises et si elles ne sont pas comprises alors leurs impacts sociaux ne peuvent pas être évalués et tout alors va dans n’importe quel sens et rarement pour le bien de l’humanité.

Aujourd’hui la robotisation est arrivée et ces robots sont de plus en plus jolis et ils passent des usines à notre quotidien.

Faut-il avoir peur de Sofia ? Faut-il avoir peur des intelligences artificielles autonomes ?

Ce n’est pas de Sofia qu’il faut avoir peur. Sofia est programmée par nous. C’est de nous qu’il faut avoir peur. Est-ce que nous sommes tous des imbéciles comme l’écrivait Bernanos ? C’est fort possible. Est-ce que nos valeurs sont pétrifiées ? Là, oui, on peut dire que c’est clair lorsque l’on voit des gens se noyer dans la mer et que presque plus personne ne réagit, là, on peut affirmer que notre société a un problème avec ses valeurs empathiques.

Oui, nos valeurs sont neutralisées. Pour beaucoup d’entre-nous en tout cas. Est-ce qu’il y a un problème aujourd’hui avec l’espoir ? Oui, et surtout, chez les jeunes. Je vous propose cet article à ce sujet : Que faire face à la désespérance des jeunes ? Phénomène mondial qui quelquefois mène au suicide, le désespoir des jeunes aujourd'hui. Le problème fondamental touché du doigt par Bernanos, ce n’est pas le désespoir face à notre monde, mais face à l’attitude des autres. 

Faut-il avoir peur que les robots acquièrent une conscience ? Ce n’est peut-être pas là le problème. Si leur conscience est remplie de plis et replis empathiques alors elle sera peut-être meilleure que notre conscience collective actuelle.


Tout se joue dans la conscience et dans les valeurs qui la guide. Hier le robot était métallique et sans conscience, demain de robot sera proche de la texture humaine en apparence et il aura développé une conscience. Demain, encore, il n’y aura pas que les robots qui auront des consciences autour de nous. Il n’y a qu’un pas pour qu'arrivent des êtres humains produits et formatés en usine. Il n'y a q'un autre tout petit pas pour lancer la production de chimères, ces êtres mi-homme, mi-animal dont l’autorisation de faire grandir les embryons a été validée il y a quelques semaines dans le but de produire des organes pour les greffes. 

“Hiromitsu Nakauchi, généticien de l’université de Stanford qui a obtenu l’autorisation japonaise, selon la revue Nature, prévoit ainsi d’introduire des cellules-souches humaines dans des embryons de rat et de souris, afin d’y développer des organes humains, et éventuellement transplantables. Et ce dans un contexte de pénurie mondiale de donneurs d’organes.”

Source : https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Ethique/Le-Japon-ouvre-voie-embryons-chimeres-2019-08-02-1201038993

Où sera la place de l’homme naturel dans tout cela, s'il a la conscience la moins élevée du lot ?

Source image : Privat robot lånad - Alfred Grimlund - Tekniska museet -Suède.


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