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Publié le 24 septembre 2019 Mis à jour le 24 septembre 2019

Évaluer à l'oral des productions écrites

Derrière une technologie simple se trouve une efficacité et un bonheur renouvelé...

Quelle est la portée réelle des commentaires et annotations qu’un enseignant porte sur une copie d’élève ?

Voilà le point de départ d’une réflexion partagée par un certain nombre d’enseignants qui ont choisi de revoir leur processus de correction de travaux écrits en proposant des rétroactions orales enregistrées en audio ou vidéo. Parcourons quelques articles qui détaillent la démarche mise en œuvre et les bénéfices repérés...

Un prérequis implicite

De ces articles, il apparaît que tous les enseignants entrant dans cette démarche de rétroaction orale le font dans une logique d’évaluation formative et cherchent à ce que les élèves s’approprient les commentaires pour progresser. Ainsi Jean-François Legault relève que les élèves reformulent les commentaires sur leur copie et « ils intègrent beaucoup mieux la rétroaction, puisqu'ils sont capables de la vulgariser. »

Dans cette logique d’évaluation formative, Olivier Rey et Annie Feyfant nous rappellent dans le dossier de veille de l’IFE «Évaluer pour (mieux) faire apprendre» ce que doit être une rétroaction :

« L’essentiel est de donner des informations qui permettent à l’élève de modifier ou d’ajuster son travail, sur la base de critères explicités et décrits préalablement. Les commentaires, éléments essentiels de cette rétroaction, se doivent d’être positifs, constructifs, spécifiques, liés aux résultats l’apprentissage ; amener des suggestions, elles aussi constructives et positives ; être faits opportunément. »

La démarche de mise en œuvre

François Jourde présente dans son article « Enregistrer et communiquer des commentaires oraux » la démarche qu’il adoptait en 2015 en 4 étapes :

  1. Lire et annoter les copies ;

  2. Enregistrer les commentaires ;

  3. Sauvegarder en ligne les enregistrements ;

  4. Communiquer les enregistrements aux élèves ;

  5. Laisser à l’élève la possibilité de proposer un retour sur cette évaluation et de retravailler sa production (étape facultative).

Jean-François Legault précise de son côté qu’il « verbalise la démarche (d'évaluation) pour que l’étudiant puisse suivre l’ensemble de la correction ». Cette explicitation du processus de correction permet en effet de lever le voile sur cette face cachée du métier et d’accompagner l’élève vers l’auto-évaluation.

Catherine Bélec formalise autrement son travail de correction en parlant de correction multitype. Elle détaille dans son article les avantages et inconvénients de chaque modalité de correction (rétroaction au stylo sur la copie, codage, grille de correction descriptive, banque de commentaires, rétroaction en classe, correction audio et correction filmée) aussi bien pour l’enseignant que pour l’élève. Son travail se prolonge ensuite par une expérimentation cherchant à tirer partie du meilleur de chaque modalité en combinant toutes ces sortes de rétroactions pour un triple objectif :

  1. créer un modèle de rétroaction multitype ;

  2. évaluer si cette modalité était susceptible d’aider les étudiants à mieux comprendre les commentaires de leur professeurs ;

  3. évaluer la charge de travail pour le professeur.

Le choix de l’outillage est abordé par la majorité des auteurs, chacun présentant son organisation propre. Plutôt que de détailler la diversité des possible, il paraît actuellement essentiel de s’appuyer le plus possible sur les outils institutionnels proposés qui facilitent le respect du Règlement Général de Protection des Données (RGPD). Ils permettent en effet de diffuser facilement les enregistrements aux élèves et certains proposent même un enregistreur en ligne dans l’interface de correction.

Les bénéfices repérés

Les différents auteurs mettent tous en avant des bénéfices à cette modalité de rétroaction. Le premier bénéficiaire est bien sûr l’élève, entre autre parce que la rétroaction orale est plus riche et détaillée. Ainsi, Julie Roberge conclut son article en disant :

Dans le cas de la correction orale enregistrée, le constat et le commentaire mélioratif ont donné de bons résultats, grâce à la longueur des explications que les enseignants ont données. (...) les commentaires oraux proposant des pistes plus détaillées et plus précises pour le faire, les élèves y sont arrivés plus facilement.

L’interaction personnelle orale entre l’enseignant et chacun de ses élèves est perçue comme un bénéfice par plusieurs auteurs. Cédric Robardet nous rapporte que les commentaires oraux ont un impact important sur la motivation des élèves même si certaines réactions peuvent être plus mitigées : « Ça me fait drôle de vous entendre dans ma chambre ».

Enfin se pose la question du temps nécessaire pour réaliser ces enregistrements. Isabelle Cabot et Marie-Claude Lévesque nous disent :

« (…) cette pratique ne devrait pas être plus chronophage que la correction traditionnelle si elle se fait sans reprise ni montage et en contexte authentique, soit d’un trait, sans cacher les hésitations du correcteur. Au contraire, il peut être rassurant pour certains étudiants de constater que même leur «super prof» doit parfois chercher dans le dictionnaire ou vérifier une information en cours de correction. L’étudiant se rend ainsi compte de la rigueur qu’un tel travail requiert et de la nécessité, qui subsiste même pour un professionnel, de douter de soi et de valider ses impressions.  »

Il peut être aussi envisageable de faire des pauses et de n’enregistrer que lorsque l’on a un commentaire à faire.

De son côté, Jean-François Legault nous dit que « les premiers enregistrements sont plus longs, voire fatigants, mais on prend vite le pli. Je ne conseillerai pas cette méthode pour tous les travaux, mais y recourir au moins une fois permet de donner une solide rétroaction et plus de sens à la correction. »

Et pour conclure ...

Les enseignants qui pratiquent ces rétroaction orales y voient aussi des bénéfices pour eux. Ainsi, Catherine Bélec déclare « j’ai adoré corriger de cette manière. ». Elle précise ensuite que « le fait de ne pas avoir à écrire, encore et encore, les mêmes commentaires sur les copies a un petit côté «jouissif»à ne pas négliger et rend la correction moins abrutissante ». Le plaisir de l’enseignant dans cet acte essentiel et souvent perçu comme un pensum est aussi un aspect important à prendre en compte, non ?

Et vous, vous lancerez-vous dans cette modalité de rétroaction qui semble avoir bien des bénéfices pour des contraintes relativement limitées ?

Références


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