Les personnes en situation de handicap peuvent bénéficier d’aides humaines, d’aménagement de leur environnement ou de leur véhicule, mais aussi de solutions techniques. Ces aides, souvent coûteuses, peuvent prendre des formes très diverses.
Ainsi Kinova propose des bras articulés destinés aux personnes paraplégiques qui peuvent être fixés directement sur le fauteuil. Saisir des objets, les poser sur le tapis d’une caisse de supermarché, servir un verre d’eau... autant de gestes désormais possibles sans demander de l’aide, et donc sans attendre que quelqu'un soit disponible pour chaque action du quotidien.
Comme les lunettes, les prothèses auditives ou les monte-escaliers, ces dispositifs deviennent progressivement plus fluides, et se font oublier en même temps qu’ils gagnent en précision et en légèreté. Mais le chemin est encore long et les coûts supportés par les personnes et les familles constituent des barrières très lourdes. Les plateformes de financement collaboratif sont parfois le seul espoir de réunir les fonds nécessaires, faute de soutien ambitieux aux personnes en situation de handicap.
Les enfants qui souffrent de troubles du spectre autistique ou qui ont des difficultés avec le mode d’apprentissage classique peuvent aussi s’appuyer sur des solutions techniques pour gagner en autonomie. En particulier, les robots peuvent devenir des extensions, et permettre ainsi aux enfants d’explorer des domaines d’action et de création qu’ils n’auraient pas abordés directement.
« Des danseurs d’ombre »
Nao et Pepper sont des robots humanoïdes. Ils présentent une apparence sympathique et simulent quelques émotions, ils communiquent et interagissent en fonction de la voix, des mouvements ou des visages de leurs interlocuteurs. Mais ils n’imitent ni la voix, ni l’apparence, ni même le comportement des humains. Le secret de la sympathie qu’ils dégagent réside sans doute dans cette distance qui lève toute ambiguïté. Ils appartiennent au monde des objets et, de ce fait, ne s’engagent que dans les interactions prévues et programmées.
Le CHU de Nantes et l’association Rob'autisme ont mené un travail avec des enfants souffrant de troubles autistiques. Sophie Sokka enseignante chercheuse à Centrale Nantes et Renald Gaboriau, orthophoniste au CHU insistent sur le fait que le robot n’est qu’une extension de l’enfant et non un compagnon. Il devient un « danseur d’ombre », selon l’expression de l’association, en référence aux marionnettistes. L’enfant donne des consignes au robot, il le manipule, comme le ferait un marionnettiste avec des fils. Mais les fils de Nao sont invisibles puisqu’il s’agit d’une suite d’instructions codées avec chorégraphe.
L’article publié par Robots ! détaille la démarche qui mobilise quatre adultes. Les élèves ne manipulent pas immédiatement les robots. Ils doivent d’abord décider de ce qu’ils vont raconter, enregistrer leur voix et commencer à scénariser, en imaginant les gestes qu’ils voudront voir exécutés par Nao.
Vient ensuite la phase de programmation, puis de présentation, face à un public. Le robot monte sur scène à la place des élèves. Simuler des interactions et les scénariser favorise ainsi les compétences sociales, tout comme les quelques activités de groupe prévues au cours des 20 sessions avec les jeunes.
Sophie Sokka insiste beaucoup sur l’environnement très stable du projet. Utiliser toujours la même salle, avoir deux robots de rechange en prévision des temps de maintenance.
De la confiance et des objectifs progressifs
Les robots humanoïdes démontrent leur intérêt dans d’autres contextes. L’application chorégraphe se prend rapidement en main. Il a une interface graphique assez intuitive, propre à rassurer ceux que la programmation effraie.
Thierry Karsenti et Julien Bugmann sont intervenus au CFER de Bellechasse auprès d'élèves en adaptation scolaire. Ils ont proposé aux jeunes une activité ambitieuse et rythmée. Dix niveaux, matérialisés par des couleurs et des bracelets correspondent à une montée en compétence dans la programmation de Nao. L’activité n’a duré que quatre heures, et tous sont arrivés au niveau 6, voire au-delà.
Dans une vidéo de présentation, Thierry Karsenti propose quelques facteurs de réussite. Nous vous en livrons trois :
Il faut créer un contexte bienveillant, et montrer que l’on accorde sa confiance.
Favoriser les coopérations spontanées. Les élèves sont le plus souvent debout, ils s’inspirent des autres groupes et s’entraident naturellement.
Une approche progressive, avec des consignes claires.
Ajoutons que ces systèmes permettent une approche par essai-erreur. Une erreur de programmation et le robot n’interagit pas comme on le prévoyait. Une virgule qui manque et l’expression du robot semble étrange.
Dans les deux cas, les professionnels ont fait entrer un objet valorisant et innovant dans une classe. Malgré leurs difficultés, les adolescents ont eu droit de manipuler un objet précieux et à la pointe de la technologie, dans un contexte éloigné des disciplines classiques.
CRIPFE Le robot Nao au CFER de Bellechasse - mis en ligne le 21 septembre 2017 consulté le 12 septembre 2019 https://youtu.be/Pcavt7iGCZU
Thierry Karsenti, Julien Bugmann, Emmanuelle Frenette « Un robot humanoïde pour aider les élèves ayant un trouble du spectre de l’autisme ? » CRIPFE, consulté le 12 septembre 2019 http://www.karsenti.ca/vivre_robot_nao.pdf
Thierry Karsenti, Julien Bugmann Un robot humanoïde pour enseigner la programmation : une recherche exploratoire auprès d’élèves ayant desdifficultés d’apprentissage - 29 mars 2018 https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01753116/document
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Un robot dépourvu de bras nous parait plus comme une «machine» qu’un robot. Dans notre esprit un robot doit pouvoir saisir et utiliser des éléments de son environnement, dont des outils. Une étape de base fréquente en robotique est d’apprendre à programmer un bras.
Voici un bras robotisé abordable et fonctionnel pour s'y mettre.
Scratch est l’une des rares applications qui a pour but l’apprentissage. Ce logiciel libre permet de développer facilement de projets créatifs, en fait, Scratch est une «machine» permettant de vraies «résolutions de problèmes» où les élèves déploient leur créativité et leur persévérance pour les résoudre.
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Comme le soulignait récemment un article paru dans La Presse, la robotique pédagogique connaît un essor extraordinaire dans les écoles québécoises. Il existe une grande diversité d’applications de cet outil tant sur le plan des technologies que sur celui des activités d’apprentissage. Un monde de possibilités s’ouvre à nous!
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