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Publié le 18 août 2019 Mis à jour le 18 août 2019

Comment le théâtre épice et renouvelle la transmission des savoirs ?

Enseignants et étudiants dans la même pièce...

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Depuis mon enfance, j’ai été habitué à des manières standards d’enseigner et de transmettre les connaissances. Beaucoup d’enfants attrapaient le sommeil pendant certains cours et étaient punis sévèrement par les enseignants qui caractérisaient ces enfants de «paresseux». Ils croyaient et ont toujours tendance à croire que le désintérêt accordé à leur enseignement trouve son origine dans les apprenants eux-mêmes. Cependant ils ne pensent pas souvent à faire un mea culpa qui pourrait leur permettre de questionner leur stratégie d’enseignement ou encore leur approche. Le problème de ce désintérêt n’aurait-il pas d’autres origines ?

 Enseigner : une routine universelle immuable ?

Dans la préparation des futurs formateurs ou enseignants, un accent est mis sur la pédagogie. À ce titre des techniques de formation leurs sont transmises pour un travail efficace. Cependant, le succès escompté n’est pas toujours au rendez-vous.  Les enseignants ont un rôle essentiel : ils doivent à chaque fois utiliser toutes les stratégies nécessaires pour susciter de l’intérêt à leurs cours et ne pas avoir l’impression de faire un monologue dans un cimetière, ou encore de calmer à chaque fois une foule désordonnée et désintéressée.

En développant une qualité telle la créativité, Il doit susciter une certaine émotion chez les apprenants; Isabelle Puozzo (2013), parle de la pédagogie de la créativité que devraient développer les enseignants. Selon elle, « une pédagogie de la créativité n’implique absolument pas de modification du programme. Au contraire, l’idée est bien de penser des tâches qui s’insèrent dans les contenus disciplinaires. On fait l’hypothèse qu’une telle pédagogie implique de réfléchir à l’utilisation d’une forme d’étayage pour permettre l’appropriation d’un objet d’apprentissage. »  Dans un projet de créativité, je suis d’avis que l’art théâtral est un domaine à exploiter pour revigorer la transmission du savoir dans le secteur de l’enseignement.

Quoi, du théâtre ?

La pièce de théâtre, aussi appelé texte dramatique, est le type de texte qui raconte une histoire fictive par l’intermédiaire d'échanges entre les personnages. C’est un texte spécifiquement conçu pour la représentation théâtrale, le spectacle. C’est pourquoi on désigne souvent le théâtre comme « l’art de la représentation ». Puisqu’on parle de représentation, un certain nombre d’indicateurs tels que la voix, la gestuelle, le déplacement scénique, accompagnent le jeu d’acteurs. 

La performance d’un comédien se mesure dès lors par sa capacité à captiver l’attention d’un public à travers sa voix, sa gestuelle, son message, sa façon de jouer, etc…  Le théâtre dans sa dimension didactique est un outil efficace pour transformer les mœurs. Si tant est qu’une bonne pièce théâtrale bien représentée suscite une si grande attention chez les spectateurs qui en sortent grandis, ne serait-il pas envisageable d’intégrer lesdites techniques dans le monde de l’enseignement dans le but de renouveler la transmission du savoir ?

L’enseignant comme acteur de théâtre

Je pense fortement que l’enseignant doit devenir un acteur de théâtre.  L’enseignant acteur de théâtre doit savoir parler à haute voix quand il le faut et baisser la voix lorsqu’il voudra attirer l’attention sur une chose essentielle. J’envisage l’enseignant comme un acteur qui sait utiliser les gestes qu’il faut pour démontrer la profondeur d’un message. L’enseignant devrait tenir en compte le volet non verbal déjà que cette dimension de communication a toute sa place.

À ce propos, selon Boizumault, M. et Cogérino, G. (2012), « l’engagement dans des comportements non verbaux (CNV) d’« immediacy », c’est-à-dire de proximité non verbale, permettrait l’amélioration des compétences à communiquer et probablement l’efficacité des enseignants en classe. » Déjà, citant Génévois (2012), ils rappellent que « ces CNV désignent tout mode de communication n’ayant aucun recours au verbe, consciemment ou non. Il s’agit des silences, gestes, postures, tension du corps, mouvements, expressions faciales, regard, sourire, ton de la voix, rythme de l’élocution, vêtements, proxémie, etc., qui complètent le message verbal. »   

En outre, j’envisage un enseignant comme quelqu’un qui sait bien articuler les mots, qui de temps en temps ouvrent des parenthèses pour raconter des anecdotes plus ou moins humoristiques afin de toujours bénéficier de l’attention de ses élèves.  À ce titre, il semble vérifiable que les apprenants ne vont pas s’ennuyer pendant le cours, ils seront visiblement plus attentifs et pourront davantage y participer.

Au sens de François V. Tochon (1993), l’enseignant devrait adopter un fonctionnement « improvisationnel» Comme il l’indique si bien, « ce fonctionnement se manifeste dans la «pensée à voix haute» des enseignants par des remarques sur l'inadéquation des plans rigides, sur l'adaptation et la prise en compte des réactions des élèves, sur la souplesse et la mobilité des plans, sur les connexions fonctionnelles et le fait d'improviser sur le vif, pendant les interactions en classe.»

L’enseignant comme metteur en scène

L’enseignant de 4ème Espagnol, comme metteur en scène, dans un cadre purement pratique au lieu de donner uniquement la théorie sur comment se saluer en espagnol, sur les membres de la famille, pourra organiser une scène avec les élèves.  Ces derniers se salueront directement, se souhaiteront une bonne journée, se donneront un autre rendez-vous pour une date ultérieure.

Son rôle en ce moment sera de s’assurer de la bonne prononciation et intonation. Il devra s’assurer que les élèves s’amusent à travers cette autre façon d’étudier. Dans une étude antérieure, Joelle Aden (2008), citant ses prédécesseurs tels que Abdallah-Pretceille (1994, 2007), Byram (1998), Zarate (2004), note que : « Le travail de prise de conscience et de distanciation qu’il faut faire pour jouer un personnage fonde une attitude propice à l’acceptation de la différence, attitude favorable à l’apprentissage d’une nouvelle langue et d’une nouvelle culture ». Il est donc nécessaire d’intégrer chez l’apprenant, l’approche théâtrale qui lui permettra d’exprimer ses émotions et par la même occasion d’apprendre la langue qui s’offre à lui.

Une nécessité de former les éducateurs aux techniques théâtrales ?

Dans une étude intitulée guide de formation en techniques de théâtre, réalisée grâce aux contributions du Budget-plan de travail intégré du Programme commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), le Fonds des Nations Unies pour la Population (l’UNFPA) et  un financement séparé de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), un accent est mis sur la formation en théâtre de l’éducateur-pair pour une plus grande plus grande efficacité.

Comme il en ressort, « Pour être efficaces, les acteurs/éducateurs-pairs devront recevoir une formation spécialisée tant dans les métiers du théâtre que dans l’éducation sanitaire par les pairs. » Ceci met un accent visible sur la nécessité de soumettre un formateur, un enseignant aux techniques du théâtre. Au regard de ce qui précède, Il serait peut-être judicieux de retoucher le syllabus contenant les différents points qui rentrent dans la formation des futurs formateurs.

En définitive, on comprend avec cette réflexion que le théâtre ou les techniques de théâtre seraient les bienvenues dans le monde de l’enseignent.  Il pourrait même constituer un second souffle pour ses enseignants, éducateurs et formateurs qui à court d’inspiration et de créativité dans leur lieu de travail.

 

Bibliographie

  • Boizumault, M., & Cogérino, G. (2012). La mise en scène corporelle de l'enseignant d'EPS: les communications non verbales au service de l'efficacité de l'enseignant. Staps, (4), 67-79.
     
  • Aden, J. (2008). Compétences interculturelles en didactique des langues. Développer l’empathie par la théâtralisation. Apprentissage des langues et pratiques artistiques, 67-100
  • Puozzo, I. (2013). Pédagogie de la créativité : de l’émotion à l’apprentissage. Éducation et socialisation. Les Cahiers du CERFEE, (33).
     
  • Tochon, F. (1993). Le fonctionnement «improvisationnel» de l’enseignant expert. Revue des sciences de l'éducation, 19(3), 437-461.


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