L’auto-professionnalisation des formateurs à l’ère du numérique dans les organisations. CNAM, 2018 - Thèse

La thèse de Anne-Valérie Housseau étudie les apprentissages individuels des e-formateurs et montre comment ceux-ci se saisissent des situations d’accompagnement qui leur sont proposées par des échanges avec les autres participants de projets, par des expérimentations d’outils ou de modalités à distance.

Elle montre comme l’influence se produit dans une variété d’apprentissages collectifs et de contextes et comment ces apprentissages affectent également les personnes œuvrant dans leurs environnements de travail par des choix préférentiels de réseaux et de contacts jugés pertinents ou des évitements de groupes d’apprenants jugés « novices » en technologie, ou encore en choisissant des projets qu’ils jugent innovants.

Le contrôle de son environnement

Chaque formateur se crée un écosystème d’apprentissage de professionnalisation au numérique en fonction de son propre environnement de travail en intégrant ses enjeux individuels d’évolution professionnelle en lien avec des enjeux organisationnels de digitalisation de la formation. Les formateurs essayent de contrôler ces écosystèmes de professionnalisation en usant de stratégies et en les adaptant en permanence.

Tensions entre enjeux organisationnels et individuels

Au cours de l’effort de digitalisation de leurs dispositifs de formation les organisations essayent de

• conserver et transférer les connaissances des employés,
• s’appuyer sur les compétences internes et les faire évoluer
• maintenir l’activité et innover au regard de la concurrence.

Pour cela elles essayent de professionnaliser et acculturer les formateurs aux nouvelles pratiques. Mais ceux-ci ne restent pas passifs et poursuivent leurs propres enjeux :

• évoluer vers un poste d’e-formateur,
• conserver et faire reconnaitre ses activités en e-formation (notamment vis-à-vis de leurs collègues formateurs potentiellement concurrents),
• promouvoir son expertise dans d’autres contextes (missions, projets, clients, hiérarchies,…).

La confrontation entre enjeux organisationnels et enjeux individuels se joue entre tentative de créer et contrôler une nouvelle culture organisationnelle et des stratégies individuelles pour faire évoluer des écosystèmes d’apprentissages. Les eformateurs adaptent en continue leur démarche « d’auto-professionnalisation » et rendent difficiles toutes formes de contrôle collectif.

Cependant la dimension collective n’est pas absente et apparaît de deux façons

• Un effet des apprentissages individuels sur les apprentissages collectifs dans les environnements de travail à l’occasion des projets de formation mixtes;
• Via des stratégies développées par les groupes de formateurs internes au regard d’opportunités offertes par les e-formateurs.

En conséquence, l’établissement d’une culture de eformation dans une organisation devrait mieux prendre en compte et explorer le jeu des transferts des apprentissages individuels au collectif, les contextes, enjeux, opportunités, stratégies dans lesquels ils se déploient et les contraintes, effets et contenus d’apprentissages.

Source

Anne-Valérie Housseau. Entre opportunités et stratégies d’apprentissages : l’auto-professionnalisation des formateurs à l’ère du numérique dans les organisations. Education.
Conservatoire national des arts et metiers - CNAM, 2018 
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01986534

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