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Publié le 25 mai 2019 Mis à jour le 25 mai 2019

Usages de la technologie Blockchain en Afrique.

Ces pays africains qui expérimentent déjà la blockchain dans certains projets éducatifs

La blockchain, la réalité virtuelle et l’intelligence artificielle sont des technologies qui bouleversent progressivement les dynamiques dans tous les secteurs et celui de l’éducation ne saurait y échapper. S’il est vrai que de plus rapides avancées et expérimentations sont visibles dans les pays du Nord, ceux du Sud où l’accès aux technologies numériques est plus limité, progressent certes lentement mais surement.

De nombreux pays d’Afrique comme le Kenya, l’Uganda, l’Afrique du Sud, le Nigéria, le Sénégal ou le Ghana se démarquent ainsi du lot avec la fièvre technologique qu’on y observe, notamment avec un secteur de l’entrepreneuriat numérique très dynamique.

En mars 2017, certains des plus brillants experts mondiaux de la blockchain se réunissait, non pas à Londres ou à la Silicon Valley, mais à Johannesburg en Afrique du Sud, pour discuter de l’adoption de la technologie Blockchain, qui révolutionne les pratiques dans plusieurs secteurs dont l’éducation.

Le choix du continent africain pour cette conférence « BlockChain Africa » témoigne de l’utilité et du potentiel de cette technologie dans la résolution des défis sociaux, économiques, juridique et surtout éducatifs. Malgré les craintes et réserves sur l’avenir de cette technologie, de nombreuses initiatives et expérimentations émergent ici et là sur le globe. La majorité des industries et des modèles économiques seront ébranlés par la blockchain.

Ce bouleversement sera similaire à celui provoqué par l’introduction d’internet : le seul marché des systèmes d’information en éducation, estimé aujourd’hui à 2,7 milliards (5,7 en 2021) devra complètement se réorganiser en conséquence. Dans cette analyse, Alexandre Roberge  démontre comment la Blockchain transforme la diplomation et Denys Lamontagne explique comment elle permet une « gestion infalsifiable de la confiance en éducation ». Le blockchain transforme aussi l’éducation en monnaie ou Edublock[1], un concept de Jane McGonigal où les heures d’éducation deviendraient un type de monnaie, davantage décentralisée et démocratisée que les systèmes éducatifs contemporains.

Dans cette analyse, nous nous attarderons davantage au potentiel et les usages éducatifs de cette technologie sur le continent africain.

Quelques cas d’expérimentation

En Afrique du Sud, nous avons la Blockchain Academy offrant une formation sur les crypto-monnaies et la technologie Blockchain aux entrepreneurs locaux. Il existe également de nombreux projet d’éducation s’appuyant sur la blockchain, de la petite enfance jusqu’au postsecondaire. Par exemple, l’entreprise Amply soutient les institutions spécialisés sur le développement de l’enfant, à enregistrer et vérifier les listes de présence. Celles-ci sont ensuite codifiées, ce qui permet aux centres d'obtenir du gouvernement le montant correct de la subvention qu'ils reçoivent.

Tout comme l’Afrique du Sud, le gouvernement kenyan a aussi mis sur pied un groupe de travail sur la Blockchain et  l'IA pour explorer le potentiel de ces technologies dans les services publics. Le groupe de travail dirigé par le "père du haut débit au Kenya" Dr. Bitange Ndemo, se penche déjà sur plusieurs secteurs, dont la vérification des certificats d'études, la gestion du trafic et les transactions financières.  

En 2016, le gouvernement du Kenya et IBM ont fait équipe pour permettre aux écoles d'accorder des certificats académiques à travers la blockchain. Aujourd'hui, cette technologie aide à créer un réseau régional où les établissements d'enseignement et les employeurs peuvent avoir davantage confiance dans les résultats des évaluations et des titres de compétences des étudiants.

Il y’a aussi BitHub Africa fournit des services de conseils aux organisations intéressées par le déploiement de solutions Blockchain en Afrique. Au delà des cours privés dans certains établissements à Nairobi, l’Université Internationale du Kenya, a finalement adopté un programme d’enseignement de la Blockchain afin de former non seulement des ingénieurs, mais aussi des manager qui peuvent vendre cette technologie et l’implémenter dans le cadre de leurs activités.

Au Nigéria, nous avons vu des organisations comme la Cryptographic Development Initiative of Nigeria (CDIN) s’investir dans la sensibilisation des acteurs de la communauté crypto sur la différence entre les produits authentiques et ceux de la fraude. L'organisation bénéficie également d'une forte représentation dans diverses régions où le gouvernement nigérian développe l'environnement fonctionnel pour les monnaies numériques et la technologie décentralisée.

En Ouganda, le gouvernement réfléchit déjà à la mise en œuvre de la blockchain dans ses services. Vicente Bagiire Waiswa, secrétaire permanent du ministère des TIC en Ouganda, a déclaré que le pays reconnaît les progrès réalisés par le monde dans la mise en œuvre de la Blockchain dans divers services. Plus précisément, les banques adopteront la technologie de la chaîne de blocs là où c'est nécessaire pour réduire les coûts opérationnels et les risques, a déclaré M. Patrick Mweheheire, président de l'Uganda Bankers' Association (UBA) et directeur général de Stanbic Bank, dans un article publié dans les quotidiens.

En Sierra Leone, la technologie blockchain, transparente et décentralisée, avait été exploitée pour assurer un décompte équitable des votes, permettant ainsi de limiter la corruption et les fraudes. Pareillement pour Crytogene qui offre des services d’accompagnement à l’intégration de la blockchain dans les projets en Afrique mais lutte aussi contre la cybercriminalité à travers la blockchain. La startup va encore plus loin en créant un hub multi-plateforme pour un apprentissage pratique soutenant l'interaction, l'utilisation et le développement des outils Blockchain pour les objectifs individuels et organisationnels.

En Tunisie, la startup Devery.io collabore avec le Ministère de l’Education pour implémenter un système de contrôle et suivi des repas scolaires à l’aide de la technologie Blockchain. Cela permet de suivre la qualité du programme, conçu pour fournir un repas frais tous les jours aux élèves défavorisés. La nutrition et l'éducation vont de pair, après tout.

Il ne s’agit là que de quelques exemples d’utilisation de la technologie blockchain sur le continent, la liste est loin d’être exhaustive.

Pour un développement de la blockchain en Afrique

De manière générale, le niveau d’éducation et de sensibilisation à l’usage de la blockchain est encore faible mais prometteur. De nombreux africains vont à l’étranger se former dans ce secteur, c’est notamment le cas pour le ministre des finances de l’Afrique du Sud était allé suivre une formation sur le Bitcoin afin d’améliorer les initiatives d’innovations locales.

La faible compréhension du fonctionnement et des enjeux[2] de cette technologies qu’est le blockchain, a suscité des vagues de méfiances chez certains gouvernements africains qui en ont ainsi interdit l’usage légal. Il est donc important que les acteurs actifs de la monnaie numérique ou du blockchain en général œuvrent davantage à la documentation, l’éducation ou sensibilisation sur les enjeux du blockchain, qui est une opportunité pour accélérer plusieurs processus de croissance.

En outre, il est important d’intensifier la collaboration entre les entrepreneurs et les gouvernements africains. La majorité des initiatives et expérimentations sur la blockchain en Afrique, sont tirés d’initiatives privées.

John Lombela, un entrepreneur sud-africain expert sur la blockchain s’est plaint de la bureaucratie gouvernementale et de l’incompréhension et réserve des universités à adopter cette technologie. Cependant, les entrepreneurs africains de blockchain sont persévérants et résilients, comme Yaliwe Soko, présidente de l’Association sur le Blockchain en Afrique. Pour accroitre la sensibilisation sur la blockchain, ils créent graduellement des clubs dans les universités et lycées africains afin d’enseigner aux jeunes, les tenants et aboutissants de cette technologies.

Conclusion

L'avenir de l'éducation est à double sens. Le statu quo peut être maintenu et le secteur se transformera au rythme d'un escargot ou la technologie blockchain peut être intégrée pour construire un système éducatif robuste, décentralisé et transparent qui s'adresse à tous.

Crédit illustration: B4U Wallet & Exchange via Flick

 

[1] Les edublocks peuvent être collectés par diverses institutions et centres communautaires pour collecter des crédits ou prouver qu'une personne a suivi des cours sur certains sujets et sujets, et permet également à d'autres d'utiliser leurs qualifications pour être enseignants ou tuteurs. Ce projet est particulièrement passionnant car il a de grands espoirs de révolutionner le monde de l'éducation.
 

[2] Cédric Dubucq, « Les enjeux de la cryptomonnaie pour l’Afrique - OSIRIS : Observatoire sur les Systèmes d’Information, les Réseaux et les Inforoutes au Sénégal », consulté le 10 mars 2019, http://www.osiris.sn/Les-enjeux-de-la-cryptomonnaie.html.


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