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Publié le 18 mars 2019 Mis à jour le 18 mars 2019

Fausses nouvelles et innovations : effets et solutions

« Les fake news, c’est ce qu’on lit sur Internet »...

“A l’heure du débat sur les fake news, il est facile de dénigrer les médias sociaux. Et en même temps, les médias classiques font l’objet d’une défiance sans précédent. Faut-il en déduire que l’accès à l’information est devenu impossible ? Tout cela semble paradoxal dans un monde devenu connecté en continu”.

Source : Les réseaux sociaux sont-ils le paradis des Fake News ou un vecteur d’innovation ? - mai 2018 - https://solutions.lesechos.fr

Nous sommes envahis par les fausses nouvelles (fake news), de la même façon que nous l’avons été par les spams dans nos boîtes mails quelques années auparavant. Là où aujourd’hui nous vivons avec des filtres anti-spams avec leurs qualités et leurs défauts, la fausse nouvelle est plus pernicieuse car elle peut aller jusqu’à déstabiliser des professeurs, des chercheurs experts du domaine et les rouler dans la farine.

Qu’est-ce qu’une fausse nouvelle ?

“Ces dernières années, les fausses nouvelles se sont répandues comme une peste dans le monde entier. Les mensonges et les fausses informations sont délibérément créés pour semer la confusion et la désinformation. Parmi les raisons pour lesquelles tant de personnes sont aspirées par cette épidémie de désinformation, c’est que le format des nouvelles est facile à reproduire et que les histoires aussi exagérément exagérées semblent revêtir la crédibilité.

Vient ensuite le parti pris de confirmation, à savoir que les gens recherchent souvent des informations qui confirment leurs convictions, quelle qu'en soit la vérité. Un autre problème est que certaines personnes sont paresseuses et ne se donnent pas la peine de lire beaucoup et de rechercher des faits”.

Source : Combating Fake News with Open Innovation - Janvier 2018 - https://www.ideaconnection.com

Les fausses nouvelles sont compliquées à évaluer car elles répondent à des besoins : besoins de déformer l’image d’un concurrent, besoin de trouver une réponse à une question existentielle, besoin de faire confiance à l’information du web et ne pas se prendre la tête.

Le besoin d’échapper aux fausses nouvelles n’est pas encore ressenti par la masse des internautes. Ce sont les spécialistes de la démocratie, de la neutralité du web, les professeurs, les chercheurs qui aujourd’hui sont inquiets.

Quel effet aujourd’hui sur notre monde ?

“Une idée déjà développée en février dernier à San Francisco, lors d’une conférence sur la sécurité de l’information. «Les conflits entre nations ne se passent plus seulement sur terre, dans les airs et sur les mers. Le cyberespace est devenu un potentiel champ de bataille global, personne n’est à l’abri d’attaques étatiques», avait-il rappelé.

Mais cette fois, le président du géant informatique avait un nouvel argument de poids: il s’est appuyé sur la cyberattaque menée par l’intermédiaire du rançongiciel WannaCry, qui, en mai dernier, a endommagé plus de 200 000 ordinateurs dans plus de 150 pays. Ce virus avait la particularité d’être un «ransomware», un programme qui infecte votre machine, la rendant en partie inopérable à moins de payer une somme pour récupérer l’accès. En l’occurrence, les pirates exigeaient un paiement de 300 dollars par machine contaminée.

Ainsi, «la technologie pouvant être aussi dangereuse qu’un rasoir entre les mains d’un enfant», il est nécessaire de «travailler ensemble, au sein d’une sorte de Suisse numérique neutre, afin de protéger les personnes dans le monde entier».”

Source : «Il faut adopter une Convention de Genève numérique» - par Farid Omeir - novembre 2017 - https://www.tdg.ch

Il n’y a pas que la technologie, les autoroutes, qui est en jeu, il y a aussi les véhicules, les informations, dont les fausses nouvelles font partie. Elles sont au contenu de l’information ce que les virus et les cyberattaques sont au support de l’information. L’un et l’autre sont inter-liés. Si un cyberattaque peut endommager 200 000 ordinateurs, une fausse nouvelle peut influencer le cours d’une élection, peut faire tomber le cours de la bourse et avoir des effets dramatiques sur l’économie, voire plus loin sur le porte monnaie des individus, leur santé, leurs comportements. Ce peut être très dommageable.

Que font les états pour lutter contre ce fléau ?

“En Europe, d’autres pays ont opté pour ne pas légiférer, la Suisse la première, arguant du manque de recherches avérées. L’Italie n’a pas modifié ses lois mais a préparé une riposte étatique par le biais de ses services de police spécialisés à la Poste. Elle a établi une plate-forme spécifique et dédiée, pour recueillir des signalements de potentiels contenus fallacieux par les internautes. Le Royaume-Uni a opté pour la création d’une cellule spécialisée pour s’opposer spécifiquement à l’ingérence d’acteurs étatiques ou autres et une commission d’enquête parlementaire y travaille.

La Suède a publié en 2018 une brochure de défense civile, de 20 pages, pour la première fois depuis la Guerre froide, pour distribution à toute la population. Elle émane de la Swedish Civil Contingencies Agency, une agence du ministère de la Défense, et demande à la population de se préparer en cas d’urgence nationale et alerte sur le potentiel de désinformation et sur le besoin d’accès à une information fiable. Elle réfléchit à la création d’une cellule du même type que le Royaume-Uni.

Les pays baltes, voisins de la Russie, ont opté pour une campagne publique sans précédent, alliant société civile et médias. La Lituanie notamment a développé un site web, Demaskuok.lt, qui scanne automatiquement toutes sortes d’articles d’actualité et indique de potentielles infox qui sont ensuite évaluées et filtrées par des volontaires, formant ainsi une « armée d’elfes » (où se côtoient des civils et des instances paramilitaires) face à l’armée des trolls de l’infox.

Ils se sont adossés au StratCom Center of Excellence de l’OTAN, situé à Riga en Lettonie, où les spécialistes de l’analyse de données retracent les infox, leurs origines et leurs trames narratives. L’enjeu étant de démonter les scénarios polarisants propagés par des médias clivants pilotés de l’étranger par des « acteurs de menaces hybrides », selon la terminologie de l’OTAN. Deux autres instruments internationaux existent, le Digital Forensic Research Lab et le Centre for Excellence in Combatting Hybrid Threats, installé en Finlande, avec l’appui du Conseil de l’Europe”.

Source : Pour contrer les fake news/infox, il faut miser sur la recherche
par Divina Frau-Meigs - octobre 2018
https://www.innovation-pedagogique.fr/article3986.html

Les états bougent car c’est vital, mais chacun dans son coin. Il est important demain d’être tous formés à répondre à ces problèmes. Il ne s'agit pas la grosse arnaque classique; le vrai danger se trouve dans la modification subtile qui instille le doute dans les esprits quant à des prises de décisions stratégiques, quant à des validations collectives d’usage des innovations.

Par exemple si la technologie de l’impression 3D stagne depuis des années, cela est en partie dû au fait que des fausses nouvelles subtiles ralentissent son adoption par les industries les plus à même d'en profiter. À qui profitent les fausses nouvelles ? En général à toutes les grandes industries qui à terme verront leur production localisée et non plus centralisée et de ce fait, disparaîtront pratiquement..

Des solutions émergent

“Repéré lors d'un concours organisé par Microsoft en mars dernier, les trois étudiants sont ensuite entrés en contact avec le ministère des Affaires étrangères, qui est devenu leur premier partenaire. « Nous avons alors recentré notre outil sur la détection de fake news pour répondre aux besoins spécifiques du ministère, qui souhaite par exemple connaître les processus de propagation de ces contenus », poursuit Jonas Bouaziz. Toujours en cours de développement, une version bêta de Neutral News a été livrée fin novembre au ministère des Affaires étrangères”.

Source : Comment Neutral news veut analyser la propagation des fake news
Anaïs Cherif - décembre 2018 - https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/comment-neutral-news-veut-analyser-la-propagation-des-fake-news-801554.html

Parmi les dizaines de solutions émergentes pour lutter contre les fausses nouvelles, aucune pour l’instant n’est fiable à 100%. On est dans l’ordre de la recherche plus que dans celui de l’opérationnel. Le plus important peut-être est de re-mettre en avant l’esprit critique de chacun.

Est-ce un changement de société ou une altération du contenu professoral ? Plutôt, un changement de société en fait, car le faible esprit critique des étudiants est observé par les anciens professeurs. Il s'agit d'un sujet prioritaire à enseigner.

Qu’est-ce que l’école peut faire pour former les étudiants à repérer les fausses nouvelles ?

Faire des élèves des chasseurs

« Les fake news, c’est ce qu’on lit sur Internet », m’a dit une de mes élèves en classe de 5e. À les écouter tenter de me rassurer, il semblait évident que ces enfants avaient été soumis à une approche protectionniste.

J’ai, pour ma part, choisi de concilier les deux approches politiques et critiques en m’inspirant du travail de Rose-Marie Farinella qui, avant d’enseigner dans une école primaire de Taninges, en Haute-Savoie, était journaliste. Sa méthode, saluée par tout un tas de prix nationaux, consiste à faire de ses élèves de véritables chasseurs de fake news sur Internet.

Ce travail ne peut être le fruit de quelques séances. Il s’agit là de compétences à aborder à la manière d’un sculpteur.

Comme dans toutes les disciplines, il faut faire de l’erreur une étape d’apprentissage et plus que dans n’importe quelle autre discipline, il faut suivre les recommandations de Célestin Freinet : « donnez soif, par quelque biais que ce soit. Rétablissez les circuits. Suscitez un appel du dedans vers la nourriture souhaitée. Alors, les yeux s’animent, les bouches s’ouvrent, les muscles s’agitent. »”.

Source : POINT DE VUE. L’école et l’apprentissage des fake news -
Rachid Zerrouki - mars 2019 -
https://www.ouest-france.fr/reflexion/point-de-vue/l-ecole-et-l-apprentissage-des-fake-news-6267792

 

Il y a bien longtemps, pendant très longtemps, nous étions des chasseurs cueilleurs. L’histoire est de nature ondulatoire et nous demande de revenir à nos compétences ancestrales pour devenir des citoyens autonomes sur la toile. Chasseur de fausses nouvelles, chasseur de harceleurs du Web, chasseurs de nouvelles compétences, chasseurs de vraies nouvelles et chasseurs de bonnes nouvelles. C’est un défi que doivent relever toutes les écoles, là où tous sont en faillite quelques soient leurs niveau d’expertise. Se reposer sur la technologie pourquoi pas, mais, construire nos circuits neuronaux pour pouvoir dialoguer avec celles-ci pourrait nous réconcilier avec le futur trans-cybernétique qui nous attend demain.

“FAKE NEWS n'était pas un terme que beaucoup de gens utilisaient il y a quatre ans

mais il est maintenant considéré comme l'une des plus grandes menaces à la démocratie, au libre débat et à l'ordre occidental.

En plus d'être l'un des termes préférés de Donald Trump, il a également été nommé «mot de l'année 2017», ce qui a pour effet de créer des tensions entre les pays et pourrait conduire à une réglementation des médias sociaux.

Le danger est si grand que «l'horloge du jour maudit», qui symbolise la menace de l'anéantissement global, demeure à minuit moins vingt, en raison de la montée de la fausse information et de la guerre de l'information, ont déclaré ses gardiens”.

Source : Fake news: What exactly is it – and how can you spot it?
James Carson - février 2019
https://www.telegraph.co.uk/technology/0/fake-news-exactly-has-really-had-influence/

 

Si nous voulons avoir nos places au côté des machines, si nous voulons être encore là demain dans nos société et non pas mis aux rebuts ou, pire, disparaître dans une guerre d’un nouveau genre, alors prenons notre destins en main et faisons en sorte que nos étudiants aient des têtes bien faites et critiques.

Source image : Pixaby Rawpixel


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