Un peu d’histoire de l’école française
“Jusqu’à la fin du XIXème siècle, le fait de pouvoir accéder à l’école et l’éducation est un privilège auquel seulement les grandes familles pouvait accéder... La seule minorité qui pouvait accéder à cette éducation était les garçons faisant partie des classes supérieures, c'est-à-dire les enfants de banquier, de médecin, d'avocat
En 1850, avec l’adoption de la loi Falloux, l’école primaire connaît une avancée. La loi Falloux a pour règle d’instaurer obligatoirement une école pour les garçons dans chaque commune de France. Tandis que pour les filles, la loi est valable seulement si la commune a les moyens financiers d’en construire une…
En 1880,... la loi Jules Ferry, consiste à instaurer une obligation d’aller à l’école dans un cadre gratuit et laïque à tous les enfants de 6 à 13 ans en France… Grâce à cette loi, les enfants d’ouvriers, d’artisans, agriculteurs, qui jusqu’ici étaient discriminés par rapport à l’apprentissage, vont pouvoir à leurs tour profiter du savoir de l’école. Et donc espérer un avenir avec un savoir plus grand que leurs parents. Le 16 juin 1881, la loi établissant la gratuité absolue de l’enseignement primaire dans les écoles publiques à été acceptée....
En 1975, une loi d’orientation se développe et créer une politique d’intégration qui conduit à scolariser les élèves en difficulté dans les classes ordinaires, donc diminution de l’enseignement spécialisé.
En 2003-2004, l’Etat pose différentes questions et ont lieu différents débats, comme par exemple la laïcité, l’égalité des chances, la mixité etc”.
Source : Inégalités des chances à l’école et origines sociales - 2016
http://touche-pas-a-ma-chance.over-blog.com/2016/02/l-ecole-francaise-a-travers-l-histoire.html
En France, on est passé au 19ème siècle de l’inégalité des chances absolue, à (avec la Loi Falloux) une obligation de présence à l’école pour les garçons dans toutes les communes et à une option de moyen chez les filles. Un peu comme l’était le service militaire obligatoire jusqu’au 20ème siècle. Puis Jules Ferry est arrivé et il a rendu le tout gratuit. À ce moment-là entre dans l’école française la notion d’égalité de moyen qui vient s’ajouter à l’égalité du possible pour les garçons en tout cas.
Rappelons-nous qu’avant ces lois, l’enfant était considéré comme une source de revenus, c'est sans doute pour cela que la première loi fut de nature presque militaire et réalisée pour le bien de la patrie. Les enfants étaient mobilisé pour avoir un meilleur niveau d’éducation pour l’avenir du pays. C’était enlever un revenu par enfant pour la famille et en plus la scolarisation avait ses frais, d’où la loi Ferry qui viendra alléger les coûts financiers des familles les plus pauvres, celles qui correspondent aux 2 premiers niveaux de la pyramide de Maslow. L’école a pris le pas, de par la loi, au delà du fait de pouvoir se nourrir et de la sécurité personnelle.
L’égalité à l’école est une notion multiple
Egalité, vous avez-dit égalité, mais de quelle égalité parle-t-on ? L’égalité des moyens, l’égalité des chances ? l’égalité des sexes ? L’égalité dans la relation du professeur dans sa façon d’enseigner ?... Derrière la notion d’égalité s’amalgament plusieurs sens différents, voire quelques fois, elle est confondue avec la notion d’équité.
En 2008, une étude en Belgique s’est penchée sur l’avis de professeurs d’école primaire sur leur travail et leur vision de l’égalité. On y retrouve l’égalité dans le respect à l’enfant et dans l’atteinte pour tous des objectifs scolaires :
“Si l’on s’intéresse aux positions « relatives » des différentes conceptions de l’égalité, il ressort de cette enquête, tout comme dans l’enquête qualitative, que l’égalité de respect est la conception de l’égalité qui remporte la plus franche adhésion des enseignants.
À l’inverse, c’est l’égalité de résultats entre groupes sociaux qui fait l’objet des plus importantes réserves. L’égalité des acquis de base, qui partage avec l’égalité de résultats entre groupes sociaux le fait d’être une conception « post-ressourciste » de la justice et donc dépendante des apprentissages réellement acquis par les élèves, fait l’objet d’un degré d’approbation élevé”.
Source : L’égalité à l’école : qu’en pensent les enseignants du primaire en Belgique francophone ?
par Vincent Dupriez et Xavier Dumay - 2008 - Revue française de pédagogie -
https://journals.openedition.org/rfp/993
Respect et estime personnelle face à l’égalité d’hier
En 2008, côté professeurs, on n’a pas résolu le 3ème niveau de la pyramide de Maslow, les disparités sociales entre différents groupes sociaux sont au coeur de ce qui n’est pas solutionné.
En même temps, on notera l’apparition de la notion de respect qui, elle fait partie du niveau 4. On sort de la notion non résolue du groupe pour entrer directement dans celle de la personne. L’égalité est de l’ordre du groupe, de la comparaison à l’autre, au souhait de niveler les différences. Avec ce niveau 4, on entre dans le concept de l’entité individu avec les notions de d’estime personnelle et de reconnaissance. On ne peut plus y appliquer la notion d’égalité qui règle le rapport des individus entre eux, mais celle d’équité qui prend chacun dans son unicité pour en tirer le meilleur.
La question est alors de comment aider l’individu à prendre sa place dans la société et non plus celle de donner des chances égales à chacun pour faire leur chemin. La posture et le chemin sont différents.
“Niveau 5 : Besoin de s’accomplir
Désir de dépassement personnel
Niveau 4 : Besoin d’estime
Respect, estime personnelle, statut, reconnaissance, liberté
Niveau 3 : Besoin d’appartenance
Amitié, intimité, famille, relationnel
Niveau 2 : Besoin de sécurité
Sécurité personnelle, emploi, revenus, santé, propriété
Niveau 1 : Besoin physiologique
Air, eau, nourriture, abri, sommeil, vêtements, reproduction”
Source : Pyramide de Maslow
http://alain.battandier.free.fr/spip.php?article6
En 2018, apparaît une autre notion qui devient fondamentale : la confiance en soi.
“Pour réussir, il faut avoir confiance en soi
Ce n’est pas parce que ses parents sont pauvres qu’on échouera à l’école ou parce que ses parents sont riches qu’on réussira. Pour autant, l’école française reste très classique et tend à favoriser les milieux déjà favorisés et il est vrai que tout le monde n’a pas les mêmes conditions de vie. Mais il n’existe pas de fatalité « mécanique » de l’échec ou de la réussite. Certains élèves ne réussissent pas car ils s’imaginent qu’ils ne sont pas faits pour les études ; ils les abandonnent ou n’osent pas se diriger vers des filières «prestigieuses».
Or, la plupart du temps, il s’agit soit d’un problème de confiance en soi, soit lié aux méthodes d’apprentissage. L’influence des autres compte aussi beaucoup : il arrive qu’on choisisse une filière pour faire comme tout le monde, pour faire plaisir à ses proches. C’est le meilleur moyen d’échouer ! Bien sûr, s’imaginer dans une filière plus valorisée est plus facile pour ceux dont les parents ont fait des études, car ils connaissent mieux le système. Pour les autres, il faut travailler davantage et avoir confiance en ses capacités”.
Source : L’école : mission égalité ? - Observatoire des inégalités - Août 2018
https://www.inegalites.fr/L-ecole-mission-egalite-2486
La confiance en soi est le dernier niveau de la pyramide de Maslow traditionnelle telle qu’on la connait. C’est l’avenir de l’école occidentale pour les 30 prochaines années, ce sera aussi un but à atteindre pour les pays en voie de développement. On ne sait pas encore la suite au delà de Maslow mais c’est déjà un énorme défi à atteindre. Celui de la motivation des élèves décrocheurs en classe, celui de l’intégration et la valorisation des différences qui s’affinent entre dyslexies, surdité, et hauts potentiels...
Nous somme à la fin d’un cycle de société et nous avons la dernière marche à gravir pour ensuite passer ensuite au niveau suivant qu’il nous faudra découvrir ou inventer.
Source image : Base Stock Adobe laplateresca modifiée par Virginie Guignard Legros
Voir plus d'articles de cet auteur