« C'est le rôle essentiel du professeur d'éveiller la joie de travailler et de connaître. »
Albert Einstein (1879 - 1955), mathématicien, physicien et scientifique de génie. il reconnaissait en la figure de l’enseignant le rôle fondamental d’incitateur à la découverte et à la curiosité intellectuelle envers ses apprenants.
Aujourd’hui, dans un siècle résolument tourné vers les nouvelles technologies mais aussi vers l’individualisme où toute forme d’apprentissage, notamment d’une langue, peut se faire de façon autonome, que ce soit par le biais de livres traditionnels, d’applications pour téléphones intelligents ou tablettes, de programmes ou logiciels spécialisés, de forums d’échanges linguistiques, de sites professionnels… il devient apparemment possible de tout apprendre par soi-même, sans l’intervention d’un tiers enseignant.
Mais dans la réalité, qu’en est-il ? Peut-on vraiment se passer d’un professeur ? Et si oui, comment le faire ?
Seul contre la nature
Apprendre une langue par soi-même, de façon totalement autonome, nous l’avons tous, plus ou moins, essayé un jour. Prendre un «Assimil,» recevoir les notifications de Duo (le sympathique hibou, mascotte de Duolingo), essayer Rosetta Stone, clavarder avec d’autres « sympathisants » à la langue à l’autre bout du monde… oui, c’est faisable.
Toutefois, même si cela peut s’avérer intéressant et fort pratique, on remarquera que les apprenants autonomes en langues sont la plupart du temps confrontés aux mêmes problèmes :
- Le manque de régularité : manque de temps, d’engagement ou simplement laxisme disciplinaire.
- La progression trop lente : nulle ou infime, mauvaise organisation, pas de méthodologie, des attentes irréalistes (je veux parler X en 3 semaines).
- Le sentiment d’être perdu : trop de choix, c’est comme pas assez ! Devant tant d’opportunités d’apprentissage, on ne sait plus où donner de la tête. Aucune méthodologie particulière, donc pas de sentiment de planification pédagogique.
- Le manque de pratique orale : pas d’occasions de parler la langue cible, timidité, manque de confiance en soi.
- Le découragement total : pas de méthode, pas de pédagogie, pas d’objectif concret, avancées invisibles, bref, l’envie de tout abandonner.
Manuel de survie
L’aventure est lancée, si le demi-tour ne peut se faire, il ne reste plus qu’à ouvrir le manuel de survie et chercher comment avancer dans cette jungle que représente l’auto-apprentissage d’une langue :
- Faire son programme sur mesure : ne sélectionner que les thèmes importants, utiles ou qui nous intéressent. Pas de temps à perdre sur des leçons sur le travail si vous vous voulez voyager pour le plaisir !
- Choisir un niveau adapté : quoi de plus blasant que de se retrouver face à des cours trop faciles ou trop difficiles ? Perte de temps et démotivation assurées. Meilleure option : passer un (ou plusieurs) test de niveau et ne pas hésiter à essayer différents niveaux avant de trouver celui dans lequel on se sent à l’aise.
- Apprendre la langue parlée par monsieur-tout-le-monde et pas par Shakespeare ou Victor Hugo ! Sérieusement, dans la rue, pour demander son chemin, si on commence à user d’un vocabulaire hautement littéraire et soutenu, le risque de gêner son interlocuteur et donc de ne pas obtenir de réponse est quasiment garanti… Le parler courant dans des situations de tous les jours, il n’y a que ça de vrai !
- Court, mais précis. Inutile de passer 3 heures par jour à potasser ses listes de vocabulaire ou de conjugaison. En général, une leçon idéale durerait maximum 20 minutes. Rapide, efficace et pas le temps de se lasser. On y revient donc plus facilement.
- Motivation, motivation, motivation ! Créer une routine et s’obliger à suivre ces cours.
Jamais sans mon prof ?
Ce qu’il faut prendre en compte, c’est l’importance de l’objectif : pourquoi apprendre une langue ? Si c’est pour le plaisir, les loisirs, la culture générale ou simplement parce qu’on aime la langue, pas de problème, la pratique autonome est parfaite : liberté de temps, de lieu, d’organisation…
Par contre, si l’objectif est sérieux - vraiment, à l’instar de la recherche de l’acquisition d’un diplôme, d’un test de langue international, de l’accès à une formation, dans le cadre d’un travail ou encore d’un déménagement ou d’une relocalisation à l’étranger, là, il semblerait plus judicieux de remettre cette formation entre les mains d’un spécialiste, qui saura se conformer aux attentes et au temps imparti, en donnant la possibilité de parler, de prendre confiance et de voir des progrès rapides.
Le rôle du professeur demeure donc prépondérant quand il s’agit surtout d’aider, encourager et encadrer les apprenants. Il est à la fois enseignant, guide, instructeur, formateur et modèle.
Avoir un professeur en langues permet de se raccrocher à lui / elle en y voyant le spécialiste pédagogue qui pourra transformer notre compétence dans la langue. Bien souvent aussi, il est ce lien qui se fait entre le pays d’accueil et celui qu’on a quitté (dans le cas d’une francisation, par exemple), le confident et la personne-ressource en qui toute la confiance sera placée. Il est l’initiateur et celui qui ouvre aux découvertes, comme le disait le père de la relativité !
Bon nombre de polyglottes ont été autodidactes et autonomes. Ceci dit, la majorité de la population devra s’armer d’une réelle motivation, organisation, discipline, persévérance et donner du temps pour pouvoir mener à bien cette mission en mode individuel.
Se passer d’un enseignant quand on apprend une langue ? Impossible ? Non, mais laborieux… Le métier de professeur semble avoir encore quelques beaux jours devant lui !
Sources
7 façons d’apprendre une langue sans professeur
https://fr.babbel.com/fr/magazine/7-facons-d-apprendre-une-langue-sans-professeur/
Vos 5 difficultés quand vous apprenez une langue seul.e (et des solutions) - Nathalie FLE
https://nathaliefle.com/etudier-langue-seul-difficultes-solutions/
Illustrations : Enfant qui étudie - Professeur au tableau, Duolingo
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