À la base du principe d'enseignement : s'auto-réguler.

Pas en 10 000 heures

La très populaire théorie de Malcolm Gladwell, qui propose l’idée que l’on peut devenir expert dans un domaine en 10 000 heures de pratique, peut paraître un peu décourageante. 10 000 heures c’est 40 heures par semaine pendant 5 ans ou 3 heures par jour, 5 jours par semaine pendant 13 ans…  Cela nécessite une discipline d’enfer, une passion continue et des conditions matérielles quasi idéales pour y arriver.

Ce que dit cette théorie est que les 10 000 heures s’appliquent pour des personnes déjà douées, dans des contextes précis et très compétitifs et à un niveau de performance extrême.  Pour ce qui est d’apprendre une langue, à jouer de la musique, à cuisiner ou à faire de la menuiserie, l’expérience démontre bien qu’on a pas besoin de 10 000 heures, évidemment.

Josh Kaufman, coach et auteur de «The Personal MBA» nous dit qu’avec juste un peu de pratique, on devient déjà très bon. L’essentiel de l’acquisition d’une compétence se fait en quelques heures de travail.  Il parle de 20 heures de pratique de qualité, de l’ordre de 45 minutes par jour pendant un mois.

De la pratique de qualité

Il ne s’agit pas de s’assoir 20 heures à écouter des conférences ou lire des livres. Il s’agit de pratiquer, de mettre en application et en relation ce que l’on apprend, d’y aller progressivement et systématiquement.

On part incompétent et on le sait.  Si on pense déjà tout savoir où au contraire être persuadé que l’on est un nul atavique (de naissance, héréditaire), une étape préalable est nécessaire : celle de changer ses dispositions et reconnaître qu’il y a peut-être quelque chose à apprendre et que l’on peut y arriver.

Voici la méthode en 4 points qu’il propose :

• déconstruire la compétence en pièces ;
• en apprendre assez pour pouvoir s’auto-corriger, pour reconnaître les améliorations et les erreurs;
• enlever les barrières et les distractions à la pratique, ce qui inclut internet;
• pratiquer au moins 20 heures;

La principale barrière à l’acquisition de nouvelles habiletés n’est pas intellectuelle, elle est émotionnelle. Personne n’aime se sentir stupide et quand on commence à apprendre quelque chose de nouveau, on se sent ainsi. En pratiquant, on peut dépasser cet état. Et il le démontre…

On se demande pourquoi on ne pourrait pas appliquer cette approche à l’école.

Auto-régulation : changement de philosophie d’enseignement

L’école offre déjà un environnement dédié, du temps et une relative absence de distractions. La plupart des programmes ont déjà découpé les objectifs et compétences.  La seule chose qui manquerait, selon ce modèle, est l’objectif méthodologique de faire acquérir aux apprenants les connaissances et les critères pour s’autocorriger et se renforcer eux-mêmes. On s’appuie plutôt sur la rétroaction externe, soit celle du prof ou du système d’évaluation. Mais un nouveau contexte s'est développé : celui de la personnalisation, ce qui rend nécessaire l'auto-régulation.

En mettant l’autonomisation de l’étudiant, capable de faire sa propre évaluation, comme priorité de l’action d’enseignement, on se libère pratiquement de l’enseignement lui-même au profit de la supervision de l’apprentissage et de s’occuper de ce qui se passe chez chaque élève. On passe de l’enseignement à l’apprentissage car l’apprenant oriente lui-même ses efforts vers ses besoins, rapidement et sans délai.  

Ce que fait l’enseignant aide au processus, mais ce que fait l’apprenant est le principal déterminant de son apprentissage et plus il est actif et capable de mesurer des progrès, mieux il va et plus rapidement il progresse.

Auto-apprentissage, auto-questionnement, apprenance

Références

The first 20 hours -- How to learn anything | Josh Kaufman
https://www.youtube.com/watch?v=5MgBikgcWnY

Outliers (La loi des 10 000 heures) Malcolm Gladwell
https://en.wikipedia.org/wiki/Outliers_(book)

Ajouter à mes listes de lecture