Quels facteurs influencent le déploiement des TIC en éducation ?
L'analyse des résultats d'un sondage répond à la question
Publié le 05 février 2019 Mis à jour le 05 février 2019
Les savoirs accessibles à tous et depuis n’importe quel endroit du monde, voilà la perspective générée par les MOOC’s ou autres plateformes de LMS (learning Management system). Voyons si cela a contribué à démocratiser l'accès aux savoirs !
MOOC est l’acronyme de Massive Open Online Course. C’est un cours interactif étape par étape visant à atteindre un nombre illimité de participants dans le monde entier pour créer une communauté d'apprenants permanents.
Tous les MOOC ont quelques caractéristiques communes, voyons ce que chaque terme implique :
Le but des MOOCs est d’être accessibles au plus grand nombre et par conséquent de réunir beaucoup de participants. Les MOOC ont une extensibilité infinie. Il n'y a techniquement aucune limite à leur taille finale, car le coût marginal de l'ajout de chaque participant supplémentaire est nul ou presque.
Il n'y a pas d'autres conditions préalables pour les participants que l'accès un à terminal connecté à Internet.
Des cours sont entièrement gratuits, d’autres sont en version freemium, c’est-à-dire que le cours est gratuit mais la certification est payante enfin certains MOOC sont payants pour des prix très variables.
Le cout marginal étant très faible, le volume d’inscrits est important car cela permet de garder un prix accessible à tous.
Les MOOC sont proposés entièrement en ligne. C’est ce qui les rend accessibles si facilement.
Une caractéristique qui distingue les MOOC de la plupart des autres ressources éducatives ouvertes est qu'ils sont organisées en un cours complet.
En théorie, chacun peut s’inscrire à un MOOC. Vous avez besoin de savoir programmer en Python, des dizaines de MOOC dans diverses langues existent, vous souhaitez devenir Community Manager, là encore de nombreux MOOCs existent. Il « suffit » donc de s’inscrire et de suivre la formation.
Dans la pratique, les professionnels de l’éducation remarquent que ce n’est pas forcément avéré. [1] Une étude menée par Learninghouse, une entreprise de conseils en éducation, auprès de près de 500 membres de l’ACHE (Association for Continuing Higher Education), met en évidence les éléments suivants :
Obstacles à l'éducation en ligne :
Le capital social [2] désigne les ressources intangibles qui font partie intégrante des relations interpersonnelles ou des institutions sociales. Dans le contexte de l'éducation, le capital social sous forme d'attentes, d'obligations et de réseaux sociaux des parents au sein de la famille, de l'école et de la communauté est important pour la réussite des élèves.
Ces variations dans la réussite scolaire peuvent être attribuées :
Le capital social joue-t-il un rôle dans l’usage et l’apprentissage par des MOOCs. Les apprenants doivent faire preuve d’autodiscipline et d’intérêt. Si dans une salle de cours, un élève ou un étudiant doit faire preuve d’un minimum d’attention, ce n’est pas le cas pour un MOOC.
Les distractions sont nombreuses. La capacité d’attention face à un écran est aussi un facteur qui peut jouer en la défaveur d’un MOOC car la pratique est de ne rester que très peu de temps sur un contenu avant d’en changer. La procrastination peut aussi jouer un rôle. En effet, quand on est connecté les distractions sont nombreuses. Chacun sait l’effet que cela peut avoir d’ouvrir son fil Twitter ou son fil d’actualité Facebook. Le défilement infini est fait pour nous faire rester sur ces plateformes sans vouloir en décoller à cause de la dopamine [3] que peuvent générer les interactions.
La question est ouverte, essayons d’entrevoir quelques pistes de réponse.
Vigotski [4] a théorisé la zone proximale de développement (ZPD). Si un apprenant s’engage dans un MOOC comprenant des tâches trop éloignées de sa ZPD, l’étudiant présentera un fort risque d’abandon. Ce n’est que par un test sur les prérequis que l’on peut réaliser une sélection des participants pour les orienter vers des MOOCs à leur niveau.
Un MOOC ne doit pas signifier apprendre seul. Les interactions sociales peuvent être un facteur de motivation. Même si des forums sont souvent accessibles pour les apprenants des MOOCs, il faut sans doute penser à favoriser d’autres interactions.
Le modèle de Viau [5] explique que le contexte est à l’origine de la dynamique motivationnelle. Les déterminants sont les composantes de la motivation directement influencées par le contexte. Ils sont aussi influencés par trois types de perceptions :
Il arrive que les apprenants qui disposent de peu de capital social souffrent d'un déficit d’estime de soi ou de confiance en soi. Ils peuvent avoir la capacité à s’engager dans un activité mais ne pas le penser. Cela constitue donc un obstacle.
Un autre obstacle est la perception de l’utilité de l’activité. L’inscription à un MOOC ne devrait pas reposer uniquement sur l’initiative individuelle car cela exclut les participants qui ne parviennent pas à appréhender l’intérêt.
Les MOOC sont un progrès certain pour favoriser et démocratiser les apprentissages. Ils devraient toutefois intégrer des éléments permettant à ce que leur usage soit réellement massif.
Références
[1] https://www.learninghouse.com/knowledge-center/research-reports/ache/
[2] https://pdfs.semanticscholar.org/8ea1/19b08373d8327cc56c74f106395bd7bbcb71.pdf
[3] https://www.g1site.com/psychologie-partages-reseaux-sociaux/
[4]http://pedagogie.uquebec.ca/portail/system/files/documents/membres/tableau_v5_n1_zpd_0.pdf
[5] Roland Viau, La motivation en contexte scolaire, Saint-Laurent (Québec), Éditions du Renouveau pédagogique, 1994.
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