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Publié le 17 décembre 2018 Mis à jour le 17 décembre 2018

Le numérique est-il une charge de travail supplémentaire?

Offre-t-on réellement un cadre afin que les enseignants puissent profiter pleinement des avantages du numérique?

Des promesses

Le numérique se voulait pratique pour les enseignants. Il devait améliorer non seulement la qualité des pratiques pédagogiques mais les tâches du corps professoral dans la même lancée. Or, qu’en est-il réellement? Parce que si le virage numérique a été pris par une majorité, il semble parfois que de la résistance persiste. Certains vivent clairement une insatisfaction par rapport à la situation. Alors, est-ce que la technologie a véritablement aidé les enseignants ou a-t-elle ajouté à une tâche de travail déjà élevée?

Des TICE chronophages

Thierry Karsenti, chercheur québécois émérite en éducation, a voulu voir comment se traduisait la charge de travail de l’usage du numérique auprès de 439 acteurs en éducation. La recherche consistait à prendre l’avis de ces enseignants par un questionnaire de 14 questions : 12 fermées utilisant une échelle de type Likert et 2 ouvertes. Après collecte des résultats, il semble que l’impact perçu du numérique soit majoritairement une perte de temps (59,1 %). Seuls 33,8 % des répondants ont affirmé qu’ils en gagnaient et 6,1 % ne voyaient aucune différence positive ou négative dans leur pratique.

Toutefois, personne ne renie les bienfaits de l’usage des technologies sur les apprenants. Particulièrement ce qui a trait à la motivation et une communication accrue avec eux, les deux points les plus soulignés par les enseignants. Or, ils trouvent souvent que l’utilisation de celles-ci, qu’elles soient via ordinateurs ou tableaux blancs, est chronophage. Ce qui va en lien avec les résultats de la perte de temps mais qui peut s’expliquer avec les critiques additionnelles formulées. Celles-ci pourraient bien être les faiblesses à corriger afin que la perception par rapport aux technologies devienne moins négative.

En effet, l’étude de Thierry Karsenti note que le corps professoral déplore les problèmes techniques avec lesquels il doit composer. Forcément, en devant régler des pannes, des outils inadéquats, des connexions trop lentes et autres problèmes, laissent moins le temps pour des usages pertinents. Autre point marquant : le manque de formation. Bien des répondants ont affirmé qu’ils ne sentaient pas assez à l’aise afin d’utiliser les TIC à leur plein potentiel. Cela leur semble une tâche à laquelle ils ne sont pas à la hauteur.

Des problèmes déjà connus 

Or, ces deux problèmes ont leur solution. Ils nécessitent davantage d’investissement dans le numérique de la part des administrateurs scolaires. Davantage de techniciens seraient nécessaires dans chaque établissement afin que les couacs durent moins longtemps et que les enseignants puissent se concentrer sur l’aspect pédagogique. Sur ce dernier point, offrir davantage de formation continue sur les différents outils disponibles devient une obligation. Une dépense, certes, mais qui apportera de la confiance au corps professoral qui pourra gagner du temps dans leurs pratiques.

Parce qu’avec le numérique ou non, malheureusement, la charge des maîtres à tous les niveaux n’est pas près de descendre. Dans certains établissements universitaires, les plateformes en ligne sont même en train de devenir une part importante de l’enseignement prodigué. Cela se faisant parfois au détriment des cours en classe.

Il serait malhonnête de dire que le numérique n’a pas mené à une charge de travail supplémentaire lors de son intégration. Or, si bien des années après, les enseignants affirment que ça se poursuit cela signifie peut-être que certains ont fait sourde oreille aux observations faites et aux problèmes soulevés. Maintenant le rapport de Karsenti publié, le temps est venu pour les administrations scolaires et les instances gouvernementales d’apporter un réel soutien au corps professoral. Et les solutions ne se veulent pas du tout compliquées : des ressources humaines et de la formation adéquate.

Illustration : Robin Hutton girl computer via photopin (license)

Références

Bamps, Nathalie. « Les Profs Craignent Une Surcharge De Travail. » L’Echo. Dernière mise à jour : 5 juin 2018.
https://www.lecho.be/dossier/enseignement/les-profs-craignent-une-surcharge-de-travail/10018790.html.

Dion-Viens, Daphnée. « Des étudiants forcés de suivre des cours en ligne à l’Université Laval. » Le Journal de Québec. Dernière mise à jour : 16 février 2018.
https://www.journaldequebec.com/2018/02/16/forces-de-suivre-des-cours-en-ligne.

Karsenti, Thierry. « Le numérique dans nos écoles : usages, impacts et charge de travail. » Thierry Karsenti. Dernière mise à jour en 2018.
http://www.karsenti.ca/numerique_charge_de_travail.pdf.


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