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Publié le 08 septembre 2019 Mis à jour le 08 septembre 2019

Le rôle-clef de la formation et de l’enseignement des arts en Afrique

Investir davantage dans l’éducation artistique et culturelle en Afrique

<p><a class="owner-name truncate" href="https://www.flickr.com/photos/julien_harneis/" title="Go to Julien Harneis's photostream">Julien Harneis</a> : School for acrobats @Flickr</p>

L’enseignement scolaire des arts au Cameroun

L'enseignement artistique suit les mutations de la création artistique. Par exemple, au niveau de l’infographie, les artistes infographes du Cameroun ont entamé un plaidoyer pour la mise sur pied d’une commission des infographistes professionnels auprès des institutions de formation professionnelle afin d’améliorer la qualité de la formation inculquée aux jeunes désireux de faire carrière… » Ils encouragent également la formation des formateurs et aussi l’initiation aux arts graphiques au niveau des enseignements primaire, secondaire et même universitaire.

Les écoles supérieures d’arts plastiques et d’arts appliqués[1] fonctionnent « théoriquement » avec un enseignement combinant technique et créativité, et trois à cinq années d’une vraie « quête » personnelle. Mais cela reste très peu visible dans la pratique. Les cursus sont organisés autour de l’apprentissage de pratiques fondamentales (dessin, sculpture, image, vidéo, etc.) avec, par la suite, des spécialisations et des évolutions en fonction des options choisies par les élèves. Mais de nombreux ateliers et projets bien que prévus ne sont pas effectivement réalisés par les apprenants. 

De l'enseignement extra - scolaire des arts au Cameroun

L'enseignement extra-scolaire des arts s'adressant aux jeunes personnes scolarisées ou non, est pris en charge par des organismes qui n'appartiennent pas au système éducatif officiel. Des initiatives privées ont ainsi émergé ici et là : comme le centre d’art contemporain Doual’art à Douala, qui se propose d’inviter des artistes pour exposer des œuvres d’art dans les différents quartiers de la ville, et le projet de musée-école que le peintre-sculpteur Pascal Kenfack nourrit depuis quelques années de bâtir une véritable cité des arts dans la périphérie de Yaoundé.

Ces pratiques artistiques extra-scolaires, sont le plus souvent orienté vers la formation professionnelle ou la création d'emplois dans le domaine artistique. C’est le cas par exemple, du Crayon de Djino, un programme annuel mis en place par l’association camerounaise IRONDEL conjointement avec l’appui des Brasseries du Cameroun, à l’intention des enfants et adolescents âgés de 9 à 18 ans, afin de les former aux techniques de dessin et surtout déceler et canaliser chez ces jeunes des vocations en art plastique[2].

Lancé en 2003, le Crayon de D’jino est devenu une école saisonnière qui regroupe, chaque année, près de six cents enfants dans cinq régions du Cameroun. L’Association Irondel, spécialisée dans les formations en Arts plastiques, les droits de l’enfant et la communication sociale, encadre le projet. À la fin de chaque année de formation, une restitution des travaux est faite lors de grandes kermesses organisées dans les différentes villes. Les travaux les plus aboutis sont publiés, comme le livre Frère-ennemi  (Tropiques, 2009) réalisé par Kammo Mélachi et Njiki Alban. Ainsi, le Crayon de D’jino offre de réelles opportunités professionnelles pour tous ces jeunes passionnés de dessin et de peinture.

La première raison de l’existence de ces pratiques d’éducation artistique extra-scolaire pour la jeunesse, tient à la faible accessibilité à l'enseignement artistique dans le système scolaire officiel. Le plus souvent, l’enseignement scolaire est concentré dans les régions urbaines ou les capitales économiques et politiques. Les zones rurales étant ainsi défavorisées. La deuxième raison c’est de compléter l’enseignement artistique existant.  Par ailleurs, puisque beaucoup d'enfants et de nombreux jeunes gens n'ont que partiellement accès à l'enseignement primaire et secondaire, ou même pas du tout, il est important que l'éducation artistique, en tant que formation continue et/ou professionnelle, soit ouverte aux adultes.

Qu’il s’agisse de l’enseignement scolaire ou non-scolaire, la réalité est la même. Car au-delà de la créativité qui est capitale dans les secteurs des arts, le talent ne suffit pas pour y réussir ; le diplôme est de plus en plus nécessaire pour asseoir la légitimité ou crédibilité des artistes praticiens. Pour faciliter son insertion dans un secteur particulièrement difficile, le mieux est de miser sur des formations reconnues. Qu’elle est donc l’offre de formation disponible au Cameroun ?

Quelques programmes de formation artistique dans l’enseignement secondaire et supérieur.

Ce n’est qu’en 1993 que les premières écoles d’art verront le jour au Cameroun ; et ne seront véritablement effectives qu’en 2009/2010.  

Au niveau de l’enseignement secondaire, nous avons l’’Institut de Formation Artistique (I.F.A), l’unique établissement d’enseignement artistique au niveau secondaire au Cameroun. Cette initiative du centre de promotion sociale de Mbalmayo- Cameroun et du Centro Oriento, Educativo (COE), promeut l’art comme force de développement et expression de la culture d’un peuple et d’une nation. L’Institut est ouvert aux élèves, garçons et filles et offre une formation du premier cycle artistique (option décor) et du 2ième cycle artistique option peinture, sculpture et céramique. Cet espace d’expérimentation participe à la vitalité de la création contemporaine en outillant les élèves avec les connaissances, les techniques et les occasions pour chercher les formations personnelles et originales. En fonction des programmes annuels, des manifestations culturelles et artistiques sont organisées, notamment :

  • des concours d’arts ouverts à tous les artistes camerounais organisés depuis 1986.
  • une exposition permanente des objets et œuvres confectionnés au sein de l’établissement.
  • des expositions didactiques en cours d’année d’artistes plasticiens camerounais ou étrangers.

Au niveau de l’enseignement supérieur, il existe plusieurs centres de formations tant privés que public. À Douala par exemple nous avons la Libre Académie des Beaux-Arts (LABA) qui est un lieu de formation pour les jeunes et les adultes motivés à qualifier leurs inclinations dans le monde de la créativité, en développant des talents et des compétences avec l’objectif de construire un professionnalisme de haut niveau dans le secteur du design[3], du graphique multimédia et de la mode.

À l’Ouest, nous avons l’Institut des Beaux-arts de Foumban (IBAF), quant à lui, a une vocation artistique et professionnelle qui donne aux étudiants et aux professionnels des arts les clés d’appréciation et de production des beaux-arts à travers la formation, la recherche et l’appui au développement. L’objectif principal ici est de « promouvoir les arts et la technologie afin d’en faire un élément moteur du développement des industries culturelles et artistiques au Cameroun [4]». La formation à l’IBAF s’organise autour de 16 filières réparties dans 6 Départements :

  • Arts décoratifs (stylisme, modélisme et arts textiles, arts de l’environnement) ;
  • Arts plastiques et Histoire de l’Art (sculpture, peinture, dessin, gravure, art céramique …) ;
  • Arts, technologie et patrimoine (technologie des argiles et métaux, patrimoine et muséologie…).

La création et les racines

Le principal défi que l'éducation contemporaine doit relever est de rendre le plus grand nombre possible de personnes capables d'inventer, de créer librement et de s'adapter psychologiquement, tout en préservant leur identité personnelle et leurs valeurs culturelles. Et cela ne peut être possible sans l’intégration des arts dans des cursus centré sur l’esprit d’entreprise et la créativité.

Lors de la production des manuels d’enseignement artistique au Cameroun, on doit tenir compte du milieu socioculturel de l'élève et de son appartenance linguistique. Cet ancrage socioculturel de la création et de l’imaginaire est très faiblement pris en compte dans les écoles d’arts actuellement présentes au Cameroun. Pourquoi ? Tout simplement, parce que l’essentiel des curriculums sont importés. Il est donc nécessaire que le gouvernement camerounais investisse davantage dans la formation d’étudiant et professeur dans le secteur des arts et de la culture. Il en va de la pérennité de l’identité nationale.

Notes et références


[1] Les études d'arts appliqués préparent notamment aux métiers du design, du graphisme et de l'architecture intérieure. Ici, l’enseignement laisse une place à l’expression créatrice et à la maîtrise des techniques.
 

[2] Edmond Mballa Elanga and Christian Bengonon, ‘Le Crayon de D’jino : Un Programme Camerounais Ludique et Utile Autour de l’apprentissage Du Dessin | Takam Tikou’
 

[3] Contrairement à ce que l'on imagine, le design n'est pas un métier purement artistique et centré sur l'esthétique. Il consiste à trouver des solutions optimales aux besoins des utilisateurs.
 

[4] ‘Bienvenue à l’Institut de Beaux Arts de Foumban’, Université de Dschang, 2016


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