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Publié le 15 octobre 2018 Mis à jour le 15 octobre 2018

S'aligner avec la musique pour apprendre

La musique ré-éducatrice, thérapeutique, calmante, pédagogique dans quel cadre ? pour qui ? pour quoi ? comment ? à quel rythme ? avec quels effets ?

Le cerveau d’un musicien est différent de celui d’un non musicien.

Elsa-Line Huwyler a étudié la musique lors d’interview de radio sous différentes formes (thérapeupiques, torture expérimentale…) dont celle de la rééducation musicale développée dans le cadre de dyslexies par le neurologue Michel Habib. Cette dernière a fait l’objet d’une méthode de la dernière chance auprès des logopédistes en recherche de solutions pour les cas difficiles.

La musique pour rééduquer les troubles Dys

"Sans que nous en ayons conscience, la musique, jouée ou écoutée, influence différentes zones de notre cerveau. La malléabilité de ce dernier permet à la pratique musicale d'engendrer de profondes modifications de certaines aires cérébrales. Michel Habib se penche sur la question, notamment à la lumière de ses travaux réalisés sur le lien entre troubles dys (dyspraxie, dyslexie, dyscalculie ...) et musique. Il nous partage également les constats issus de la mise sur pied dʹune méthode dʹapprentissage musical conçue spécialement pour les enfants souffrant de trouble dys, afin de leur permettre un accès à la musique mais aussi et surtout de les aider dans dʹautres domaines de leur vie, notamment le domaine scolaire."

Elsa-Line Huwyler et Michel Habib pour l’émission de radio Versus de la RTSR 2 (Suisse) - (https://www.rts.ch/play/radio/versus-ecouter)

Une hypothèse empirique avait été émise par le Professeur Habib et son équipe à partir des principales observations suivantes :

  • l’activité intensive de la musique sculpte le cerveau au niveau morphologique;

  • le cerveau des musiciens fonctionne différemment de celui des non musiciens;

  • si la pratique se fait autour de 7 ans jusqu’à 18 ans les effets seront là, les plus forts;

  • si on améliore la pratique d’un instrument, on améliore en même temps la lecture.

L’hypothèse émise était la suivante : “les musiciens ont plus de facilités dans certains domaines d’études que d’autres, comme les maths, la mémorisation, voire peut-être aussi le quotient intellectuel, lequel serait plus élevé chez les musiciens”.

Des études empiriques ont observé que des personnes dyslexiques et musiciennes s’en sortaient mieux à l’âge adulte que ceux qui n’avaient pas été musiciens, voire, étaient meilleurs dans les textes que les non dyslexiques, non musiciens.

C’est ce qui a poussé l’équipe de Michel Habib à se pencher sur cette hypothèse qui leur a permis de créer la méthode MeloDys, (https://www.melodys.org/fr/) avec l’aide d’une collègue orthophoniste et d’une autre musicienne.

Faire de la musique améliore certaines choses et les études menées ont cherché à en identifier les principes actifs.

La substance blanche, appelée aussi le faisceau arqué qui agit comme des câbles électriques sur les parties de l’arrière du cerveau, gère le transfert des informations auditives et verbales ainsi que les informations visuelles (la lecture, les notes d’un clavier) vers l’aire de broca qui traite l’information et les informations motrices. Ce faisceau arqué se structure différemment chez les musiciens. Par exemple,  un enfant musicien sur deux ans de pratique intense peut doubler la taille de son faisceau arqué, ce qui n’est pas le cas chez un enfant non musicien.

C’est l’assemblage trimodal de “j’entend, je vois et je joue” (une réponse motrice) qui est le coeur de la solution développée.

Aujourd’hui, les apprentissages se font beaucoup assis sans bouger et ne font appel qu’à l’ouïe et à la vue. La musique permet d’y associer le mouvement structuré avec un code à déchiffrer comme l’est celui du langage oral et de l’écriture. L’idée est de multiplier les connexions du cerveaux pour en faire un maillage neuronales plus dense et qui va permettre de compenser des zones non développées du cerveau et ainsi de redonner toutes ses potentialités d’apprentissage à l’étudiant.

La musicothérapie active ou passive ?

La musicothérapie, elle qui existe depuis des années avec des applications multiples en mettant la personne dans un état mental de bien-être qui la rend plus apte à faire une tâche ou à être moins sensible à une souffrance.

Quels effets l’écoute de la musique a sur nos cerveaux ? Sur nos comportements ? Sur nos maladies ? Est-ce que cela peut influencer nos apprentissages ?

Si on étudie les effets de la musique sur le corps,...

...on découvre qu'en effet la musique fait du bien, comme le prouvent plusieurs études scientifiques. S'allonger sur un divan et écouter de la musique agréable améliore la circulation, en réduisant la pression artérielle. On pourrait objecter ici que se détendre sur un divan en lisant un livre intéressant, ou faire n'importe quoi d'autre d'agréable sur un divan pourrait avoir le même effet.

Toutefois, l'effet musique a fait l'objet de recherches « pures », effectuées à l'aide de souris de laboratoire et conçues spécialement pour tenter de découvrir si ces effets ont des fondements physiologiques indépendamment de l'agrément du stimulus, ou du confort du divan.

Du Mozart contre l'hypertension artérielle

"Pour expliquer pourquoi la musique est en mesure de réduire l'hypertension artérielle, les neuroscientifiques Den'etsu Sutoo et Kayo Akiyama, de l'université de Tsukuba au Japon, ont observé un groupe de souris souffrant d'hypertension aux prises avec l'adagio du Divertissement n° 7 en ré majeur de Mozart.

Les chercheurs japonais ont ainsi pu vérifier que l'écoute de musique augmente la quantité de calcium acheminée vers le cerveau. Cela active la production de dopamine, qui à son tour inhibe l'activité du système nerveux sympathique (l'un des composants du système nerveux autonome), réduisant ainsi la pression artérielle.

En résumé, à travers la dopamine, Mozart garantit aux souris une meilleure santé cardiovasculaire et donc, vraisemblablement, une plus grande espérance de vie. Mais l'étude ne nous dit pas si grâce à la libération de dopamine, les souris trouvent la musique de Mozart agréable, ou si l'effet observé est lié seulement à la distraction, à l'émotion, ou aux deux, ou si au contraire il s'agit d'un effet de la musique indépendant de l'auditeur…”

Source : Les effets de la musique sur le corps et l’esprit par Silvia Bencivelli - 2017 - https://www.futura-sciences.com

Hé non, ce n’est pas le moelleux du divan qui crée le bien-être, mais bien la musique. C’est en tout cas, ce que l’étude sur ces souris nous dit de Mozart. Si la musique influence nos hormones, elle a bien un effet thérapeutique et peut-être aussi un effet sur le cadre pédagogique.

Que se passe-t-il si vous manquez de dopamine ?

“Il existe des maladies qui se soignent assez facilement qui entraînent un manque ou un excès de dopamine :

Quand nous manquons de dopamine nous pouvons nous sentir démotivés, ennuyés, déprimés ou même angoissés. Il est également possible que nous arrivions à ressentir de l’anhédonie, c’est à dire qu’il nous est très compliqué de ressentir du plaisir. Les maladies qui sont caractérisés par de bas taux de dopamine sont la dépression, la phobie sociale, le TDAH (trouble de déficit de l’attention et hyperactivité) et la maladie de Parkinson.

Les stimulations agréables provoquent une décharge de dopamine dans le cerveau qui nous fait nous sentir heureux et satisfaits.”

Source : Qu’est-ce que la dopamine et à quoi sert-elle ? Questions/Réponses par Jérôme Delécraz - 2018 - https://blog.cognifit.com

Des enfants heureux, motivés et satisfaits. Quelle belle perspective pour un professeur de classe. Peut-être pouvons-nous imaginer mettre de la musique pendant des temps de récréation et pendant des temps de classe ? Plus de motivation induira aussi moins d’élèves décrocheurs.

L’influence de la musique sur la mémoire

Après avoir vu les effets ré-éducatifs, thérapeutiques, psychothérapeutiques, voir aussi pédagogiques, voici les effets sur notre capacité mémorielle. Pour étudier par exemple, faut-il rester dans le silence ou éteindre la musique ? Quel est l’effet de la musique sur les performances de la mémoire ? C’est le sujet abordé dans cette dernière partie.

La mémoire

Le cerveau reçoit, stocke et organise toutes les informations qu’il reçoit. Étudier permet d’apporter un flux d’informations au cerveau.

La mémoire est organisée selon trois formes, la mémoire sensorielle, la mémoire à court terme, et la mémoire à long terme.

La mémoire sensorielle conserve une copie exacte de l’information pour quelques secondes. Le cerveau soumet cette information à différents filtres et transfère ce qui est utile à la mémoire court terme.

La mémoire court terme, aussi appelée mémoire de travail, retient l’information pendant une période un peu plus longue.

A ce niveau ce qui peut être utile sur le long terme est transféré à la mémoire long terme. Cette information est organisée et stockée pour être facilement réutilisable.

A l’intérieur du cerveau

Les scientifiques ont mené une série de test dans les années 90, pour examiner l’influence de la musique sur la mémoire. Cette étude a révélé que la musique en fond pouvait avoir un impact positif pendant des révisions.

"Les recherches ont aussi démontré que la musique classique permet d’améliorer l’humeur car elle permet de réduire la pression artérielle, le rythme cardiaque et le stress...

...Les études ont démontré l’aspect positif de la musique classique et baroque. Ce type de musique permet de maintenir un tempo de 60 battements par minute. Les scientifiques ont établi un lien entre les capacités de mémorisation et le tempo musical. Un tempo de 60 battements par minute active l’hémisphère droit, alors que réviser active l’hémisphère gauche.

Avec les deux hémisphères activés, le cerveau peut traiter l’information beaucoup plus activement.“

Source : Peut-on étudier avec de la musique ? - 2013 - http://www.reussir-examens-concours.com

La musique pour apprendre oui, mais pas n’importe laquelle. Privilégiez pour étudier celle qui est alignée constamment sur le rythme optimal de votre coeur. Si vous en choisissez une qui passe de 60 battements par minutes à 50 battements par minutes par exemple, celle-ci vous endormira. Chaque génération est identifiée par des musiques comme celles-ci :

“...la musique classique utilise des termes comme « Adagio » (60-80 bpm), « Andante » (76-100 bpm), « Moderato » (88-112 bpm) ou « Allegro » (112-160 bpm). Les différents styles de musique adoptent des tempos particuliers. Ainsi le hip-hop et le rap sont situés autour de 90-100 bpm, le rock plutôt vers 130-140, la techno 120-150. Des styles extrêmes dans la musique électronique adoptent des vitesses supérieures comme la drum&bass (160-180 bpm), le hardcore (180-200 bpm) ou le speedcore (250 bpm et plus…)”.

Source :  Scratch et la musique : le tempo par Jean-François CAUCHE - 2017 - https://secouezlecours.wordpress.com

Quels impacts ces musiques aux rythmes variés ont-elles eu sur les générations qui les ont écoutées en boucle ? C'est une question sur laquelle les neurosciences nous donneront peut-être un jour une réponse scientifique. 

Bonnes activités musicales à venir !

Source image : Pixabay geralt


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