Une des expressions les plus communes pour parler de la rentrée scolaire est celle-ci : «les enfants retournent sur les bancs d’école». L’acte d’apprendre semble majoritairement lié à la position assise. Prendre place entre quatre murs a de bons côtés pour se concentrer, du moins c’est le principe qui est partagé par la majorité des établissements. Or, certains décident de sortir de ce moule et tout simplement sortir.
Sortir de la classe serait bénéfique
Pour bien des gens, il semble qu'organiser une classe dans un cadre extérieur et naturel occasionnera davantage de problèmes qu’autre chose. Après tout, il y a un risque que l’attention soit attirée par les feuilles des arbres balayées par le vent ou un animal se promenant innocemment.
Pourtant, une étude publiée au début de l’année 2018 montre qu’en comparant deux classes (une à l’extérieur et une à l’intérieur), l’engagement des enfants était plus grand pour ceux dehors. Chaque groupe devait effectuer des activités similaires en matière de temps et de sujet. Pour calculer les effets de l’environnement sur le groupe, les chercheurs ont demandé aux enseignants participants de noter l’attitude des apprenants et les corrections de comportement (consignes de faire moins de bruit ou de rester concentré), les enfants ont auto-évalué leur engagement et ceux de leurs camarade et, enfin, une stagiaire photographiait et prenait en note ces éléments. En analysant les données, les scientifiques ont remarqué que les directives étaient beaucoup plus espacées à l’extérieur qu’en classe (aux 6 minutes environ contre trois).
De plus, les résultats ont été aussi positifs chez les sceptiques que ceux croyant aux bienfaits d’une classe de nature. Qu’est-ce qui peut expliquer cet effet? Pour les chercheurs, il y a différentes possibilités : le cadre naturel peut avoir un aspect plus apaisant sur les enfants, il leur fait changer de décor et il permet d’effectuer des expérimentations, par exemple, dans le cas des sciences de la nature. Il reste encore cependant quelques questions à creuser. Quelle quantité de nature est bénéfique? Combien de temps cela doit-il durer pour être efficace?
Le défi de l'organisation
Cette étude pourrait bien en inspirer quelques-uns. Toutefois, certains n’ont pas attendu 2018 pour faire de l’école un milieu où il fait bon apprendre à l’extérieur. D’ailleurs, la ville qui a le plus agi en ce sens est Boston dans le Massachusetts. La Boston Schoolyard Initiative travaille depuis le milieu des années 50 à transformer les cours d’école de la cité en lieux d’apprentissage naturels. Comme le montre cette vidéo, le but était de passer de grands espaces asphaltés à des endroits permettant aux enfants de jouer et aux enseignants de les utiliser pour y donner des classes.
Les écoles cherchent à faire bouger davantage les enfants. Des programmes sont même pensés afin que les pauses, dans les écoles québécoises, soient plus actives. Or, cette approche pourrait être encore plus constructive avec des classes en extérieur. Voilà l'idée derrière une école maternelle dans la ville de Kokomo en Indiana. Elle propose différentes stations en plein air où les enfants peuvent acquérir des savoirs théoriques et moteurs. Évidemment, un tel programme a demandé que les parents fournissent à leur enfant des vêtements adéquats pour l’extérieur et qu’ils acceptent que celui-ci reviendrait sûrement taché de boue ou d’herbe à la fin de la journée. Une approche qui selon la responsable permet d’offrir un cadre d’aventures pédagogiques pour ces tout-petits.
Pour les enseignants, cela demande de réfléchir à l'organisation de ce type de classe. Déjà, il faut s’assurer que l’endroit choisi soit tranquille et sécuritaire. Mettre en place un canal de communication avec l’administration scolaire permettra de rassurer les parents. Il faut adapter le matériel utilisé. S’il s’agit d’une activité d’écriture, les apprenants doivent avoir accès à des planches rigides à pinces. Il faut que les consignes et les objectifs soient clairs et compris des élèves. Il est nécessaire de leur rappeler que ce n’est pas parce qu’ils sont dehors qu’ils ne doivent pas agir comme entre les murs de l'école.
Enfin, il faut se demander si l’activité bénéficie vraiment de l’extérieur. Parce que si cela n’est pas le cas, il vaut peut-être mieux simplement l’effectuer entre quatre murs. Car bien que positive sur les jeunes, la classe nature ne doit pas être utilisée pour tout et n’importe quoi au risque de perdre ses vertus.
Kuo, Ming, Matthew H.E.M. Browning, and Milbert L. Penner. "Do Lessons in Nature Boost Subsequent Classroom Engagement? Refueling Students in Flight." Frontiers. Dernière mise à jour : 4 janvier 2018. https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpsyg.2017.02253/full
Le corps est peu utilisé en classe pour des raisons évidentes d'organisation et de disposition des classes. Pourtant, on s'aperçoit qu'à défaut de toujours pouvoir apprendre en bougeant, il est fondamental de bouger pour bien apprendre et ce à tout âge. Un corps actif facilite le fonctionnement du cerveau, surtout s'il est sollicité correctement lui aussi, et limite le déclin cognitif. Alors, faut-il laisser nos enfants apprendre en sautant pour autant?
Au-delà, de la passion d'enseigner, les professeurs peuvent vite déchanter devant les tâches à accomplir et ce métier qui leur demande constamment de s’adapter aux nouvelles réalités. Alors, comment s’assurer que le corps professoral reste engagé? Ils sont beaucoup à dire que leur offrir de la formation est la solution. Encore faudrait-il leur proposer des savoirs qu’ils souhaitent acquérir.
Apprendre une langue, c'est s'engager à mener à bien un apprentissage. Mais comment motiver les étudiants (et les professeurs !) dans une telle démarche d'engagement ?
Peut on séparer engagement pédagogique et engagement social. Travailler avec les élèves s'incrit dans des problématiques sociétales fortes. La classe n'est plus un sanctuaire. Nos problématiques d'aujourd'hui ne sont elles pas déjà celles que se posait Freinet, Montessori ou Korzack ?
Les métriques de vanités héritage des agences de web-marketing sont inadaptées à l'enseignement; pour favoriser l'apprentissage, il faut un plus de garanties. On ne vend pas du savoir comme des voyages ou des téléphones.
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