La Gastronomie moléculaire pour cuisiner autrement et comprendre la démarche scientifique.
La Gastronomie moléculaire un passeport vers la compréhension de la démarche scientifique : la science n’est pas qu’une affaire de chiffres.
Publié le 24 septembre 2018 Mis à jour le 24 septembre 2018
Des plans séquences du film Matrix montrent des humains plongés dans des bains liquides et câblés à une matrice de fil, de métal, de plastique et de bulles. Et si cette vision de science-fiction se mettait en place ? Tout est techniquement possible et se teste actuellement par petits bouts : caissons sensoriels, réalité virtuelle, réseaux sociaux. Quel transhumaniste osera connecter l'ensemble ?
La mode des caissons sensoriels et centres de flottaison est désormais bien développée dans les centres urbains. Une eau saturée de sel permet d'être suspendu à son propre corps, avec l'impression de n'être posé que sur soi-même. Cet état produit des effets sur le corps et le cerveau. Pour peu que le caisson soit sonorisé et synchronisé avec le chant d'une baleine ou des bruits de la nature ou que des jeux de lumières stimulent les sens à travers vos paupières closes et vous voilà dans un autre univers.
L'impression de bulles flottantes joue sur les perceptions et trouble la conscience de soi. Dans les expériences les plus abouties de caissons sensoriels le son évolue au fur et à mesure que le corps bouge. L'expérience est à la fois immersive et interactive la proposition de méditer en réalité virtuelle achève la sensation d'être complètement décentré. Le temps s'arrête. Le corps et l'espace sont mis en suspension. Une sensation d'infini alterne avec une infinité de sensation.
Il ne faut que quelques minutes pour que notre raison soit altérée. Un casque de réalité virtuelle sur la tête qui nous projette en haut d'une falaise et nous voilà pris de vertige. Nos programmes cérébraux et équilibres sensorimoteurs son tellement ancrés qu'une immersion nous dupe. Il n'existe pas de détrompeur ou de bouton on/off sur lequel appuyer pour sortir de l'illusion. Une part de soi reste encore en vigilance et finit par nous sortir de ce qui nous semble être devenu la réalité.
Les expériences désormais accessibles au grand public sont proposées dans des complexes de réalité virtuelle ou à l'occasion d'exposition poétique. Elles nous font osciller entre sensation corporelle extrême et exploration onirique. Dans le même temps elles produisent de nouvelles formes d'expérience sensible d'isolement et de conscience modifiée.
Un état de conscience modifié est un état dans lequel on ressent une altération de son rapport à soi à son corps, à son identité ou au monde. On distingue différents états de consciences
La troisième brique de la matrice est constituée des réseaux sociaux.
Les temps de connexion sur les réseaux sociaux rogneraient sur nos heures de sommeil. La solitude interactive que nous nous affligeons à nous même non content de nous fatiguer finit aussi par nous désensibiliser de la présence physique de l'autre. Si l'autre projette bien son intention à distance et ce de façon démultipliée et sur de nombreux réseaux sociaux il n'est pas là en chair et en os. Peut-être que c'est précisément cette absence de corps qui rend les réseaux sociaux attractifs. L'absence de corps procure l'avantage de diminuer la sensation d'une pression. L'absence de corps nous ferait aimer le social car je n'aurai plus à subir de jugement social sur mon apparence.
S'il existe à n'en pas douter une présence à distance elle est désincarnée. Le corps et l'animalité associée sont neutralisés. J'aime le social en ligne car il permet de m'exprimer sans réserve sans filtre, avec l'image de moi que je veux projeter. Je peux même finir par croire au storytelling et au marketing du moi que je développe.
Ces tentatives d'exploration participent de l'hyper modernité qui consiste en une manipulation de soi à moins que l'hyper modernité n'ait été engloutie par le transhumanisme qui ajoute à la manipulation de son identité la manipulation de sa nature. Non content de prétendre dominer la nature, il s'agit aussi de dominer sa propre nature humaine, ses propres sensations, et choisir sa propre identité.
Si la religion était un acte de croyance ou des communautés s'en remettaient à dieu, l'hyper modernité ferait de soi son propre dieu. Chacun a le loisir d'aller le plus loin qu'il imagine possible dans un déploiement du monde intérieur, d'explorer par cette manipulation volontaire de ses sens de la présentation de soi aux autres des façons d'être humain.
La fascination pour les écrans peut produire un enfermement virtuel, une forme de cage mentale où à force de recevoir des stimuli chimiques sous la forme de sécrétion répétitives d'hormones de récompenses dans l'expérience de situation gratifiante, le cerveau finit par réclamer sa dose. Le cas extrême étant celui des hikikomoris, adolescents japonais retranchés de la vie pour s'adonner à leur passion du jeu vidéo.
Cet enfermement virtuel et l'abus d'écrans est désormais diagnostiqué comme une «maladie addictive». Elle est d'autant plus problématique que la substance est en permanence disponible dans notre cerveau. Point besoin de dealer pour atteindre l'extase. La réalité virtuelle aspire sans limite nos désirs.
L'isolement reste une source d'imaginaire on se souvient du roman de Defoe « Robinson Crusoé », ou le navigateur égaré ne dispose que de ses rêves et de son imaginaire pour lutter contre le mal du pays. Nos théâtres intérieurs continuent d'agiter nos sentiments nos émotions et nos âmes. Ils le font avec d'autant plus de force que le monde extérieur connait une excitation permanente et que les stimulations électroniques deviennent perfectionnées et à flux continus.
L'apprentissage en tant qu'immersion dans le monde s'en trouve affecté. Trouver des temps calmes, des moments de répit qui laissent l'attention et les intentions libres de se connecter à sa seule intériorité, à la possibilité de rêver, d'imaginer devient assez rare. L'apprentissage à force de sur-stimulation deviendrait pervasif, c’est à dire que chaque acte se charge de plus de tension d'apprentissage mais sans réflexivité et intégration pour le nourrissement de son être. Nos environnements de travail et de vie à force d'enrichissement numérique sont devenus plus apprenants. Un rapport au savoir renforcé s'est installé mais cela finirait il par affecter notre nature humaine ?
Sources
J’ai passé toute une nuit dans un caisson d’isolation sensorielle - Seth Stevenson - Slate
https://www.slate.fr/story/111587/caisson-isolation-sensorielle?amp
Bains flottants Meiso https://www.meiso.fr/
Interview avec Owen Harris, parlons méditation en réalité virtuelle avec DEEP - ETR
https://www.etr.fr/interview/3265-interview-avec-owen-harris-parlons-meditation-en-realite-virtuelle-avec-deep.html
Wikipédia état modifié de conscience
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/%C3%89tat_modifi%C3%A9_de_conscience
On a testé MK2 VR, la première salle de réalité virtuelle parisienne - Lucille Bion
http://www.konbini.com/fr/entertainment-2/realite-virtuelle-mk2-bibliotheque/
Virtuality, une démonstration de force de la réalité virtuelle à Paris - Sarah Sermondadaz et Arnaud Devillard - Sciences et avenir
https://www.google.fr/amp/s/www.sciencesetavenir.fr/high-tech/virtuality-une-demonstration-de-force-de-la-realite-virtuelle-a-paris_120611.amp
Slate - Hikikomori la vie cloitrée des ados en retrait
http://www.slate.fr/story/98961/hikikomori
Accédez à des services exclusifs gratuitement
Inscrivez-vous et recevez nos infolettres en pédagogie et technologies éducatives
Vous pourrez aussi indexer vos ressources préférées et retrouver votre historique de consultation
M’abonner à l'infolettre