Répertoire des sites de production de CV
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Publié le 18 juin 2018 Mis à jour le 18 juin 2018
Aie, on commence avec un mot bizarre, en plus il y a le mot « phobie » dedans, ça présage quelque chose de pas très positif, ça… Il y a le mot « glotto » aussi, qui renvoie à la langue, comme dans « polyglotte » (qui parle plusieurs langues), c’est plus encourageant. Mais aujourd’hui c’est bien de glottophobie dont il sera question car il est important de mettre en lumière ce phénomène linguistique mal identifié et qui, malheureusement, touche pourtant de plus en de plus de personnes à travers le monde.
Présentation de cette forme de discrimination et recherche de remédiations…
Le mot « glottophobie » a été façonné aux environs de 2015 par le professeur et sociolinguistique Philippe Blanchet, de l’Université de Rennes 2. Voici la définition qu’il propose :
« La glottophobie est le processus qui consiste à exclure ou stigmatiser quelqu’un pour la pratique d’une langue peu valorisée (patois, dialecte, créole, langue régionale, etc.), ou pour la pratique locale ou marquée socialement d’une langue commune, par les phénomènes d’accent, de prononciation, de prosodie, etc.
La glottophobie restitue ainsi aux discriminations linguistiques toute leur dimension sociale et politique, en ce qu’elles touchent les individus (les locuteurs) et non les langues. »
Vous l’aurez compris, il est bien question de discrimination linguistique ici, comme ne pas avoir la tête de l’emploi, ou plutôt la langue de l’emploi…
Certes, ça peut faire bizarre d’entendre parler de discrimination en matière de langues, étant donné que ce terme s’apparente plus souvent à la couleur, la race, à la religion ou le sexe. Cependant la discrimination linguistique est bien réelle et peut prendre deux formes, la personne victime de glottophobie :
La glottophobie, bien que mal identifiée et très rarement sanctionnée est donc bien une forme d’exclusion, comme le mentionne l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen :
« Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment (…) de langue ».
Or, rejeter la langue de l’autre revient bien à rejeter son identité, ce qui est contraire aux fondements de la République.
Cette discrimination linguistique peut apparaître dès la petite enfance, sur les bancs d’école, quand un professeur reprend un enfant sur sa mauvaise prononciation, due à son accent. Dans le même ordre d’idée, on pensera aux prénoms ou aux mots volontairement écorchés pour se moquer ou tout simplement par pure paresse. Je peux citer un exemple, en puisant directement dans mes souvenirs : quand j’étais au primaire, en CE2 (8 ans) à l’île de la Réunion, un petit Breton venait d’arriver, il s’appelait Loïc, prénom très courant en Bretagne, mais parfaitement inusité dans l’île, et durant toute sa (courte) scolarité là, le pauvre se fit appeler Loic (sans le tréma), ce qui naturellement le troubla beaucoup… surtout que le professeur participait activement au « complot » en ne manquant pas non plus de lui rappeler « qu’ici, ce n’était pas la Bretagne » et donc, en le corrigeant même à utiliser des mots qu’on utilisait à la Réunion (régionaux !) en lieu et place de ceux du français officiel…
Deuxième exemple de discrimination linguistique, celui de la personne jugée négativement uniquement à l’écoute de son accent. Là encore, je peux fournir un bon exemple : combien de fois n’ai-je pas téléphoné pour prendre rendez-vous pour visiter des logements à louer pour mes étudiants en francisation à Québec ? En effet, ceux-ci, quand ils le faisaient, parvenaient à se faire comprendre, mais du fait de leur accent (latino pour la plupart), l’appartement était souvent « déjà loué », alors que l’annonce venait de paraître, alors que quand c’est moi qui appelais pour eux, pas de problème, « venez le visiter ! »…
Évidemment, la situation se retrouve aussi au niveau de l’emploi, où, du coup, bon nombre de nouveaux arrivants n’hésiteront pas à masquer leur accent pour essayer de décrocher un emploi ou de promouvoir leur ascension sociale. Un exemple flagrant : prenez un chanteur comme Garou (que j’aime beaucoup, je tiens à préciser !), écoutez-le répondre à une entrevue en France et une autre au Québec, tout change : le vocabulaire, l’accent… voulant plaire à son public outre-Atlantique, on le sent se forcer à modifier son accent. Il en va de même dans l’autre sens, avec le comique Gad Elmaleh (Marocain) qui a dû prendre l’accent québécois pour lancer sa carrière au Canada, mais aussi l’accent français pour la France.
On pourrait se pencher sur la remédiation à cette discrimination bien existante. Mais comment combattre la glottophobie quand certains gouvernements eux-mêmes ont des lois bien arrêtées à ce sujet ? En Espagne, chacun a le droit de parler sa propre langue, mais a le devoir de parler le castillan; en Irlande, la langue irlandaise est sur le point de disparaître au profit de la langue anglaise. De plus en plus, la tendance à écraser, voire annihiler complètement les langues régionales ou dites inférieures, est visible.
De plus, parler de langue supérieure et inférieure renverrait à une hiérarchisation des langues, ce qui semble un peu étrange quand on se réfère au fait qu’il existe plus de 60 langues dites minoritaires dans l’Union Européenne, utilisées par 10% de la population, soit environ 55 millions de personnes !
En 1992, la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires a été instaurée et 24 pays ont, en 2018, signé et ratifié cette charte. Ils s’engagent donc à :
Espérons que, dans le futur, davantage de pays adhèrent à cette charte et que la notion de glottophobie soit transformée en celle de glottophilie !
Illustrations : Les accents régionaux font de la résistance,
Parlez-vous français ?
Mauvaises langues,
Sources
http://fr.assimil.com/blog/la-discrimination-linguistique-un-phenomene-mal-identifie/
article Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Glottophobie
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