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Publié le 21 mai 2018 Mis à jour le 21 mai 2018

Le dosage de l’effort en soin-études

Le cas de la terminale STMG

Je travaille depuis deux ans dans le domaine du soin-études; j’ai dû me poser des questions à plusieurs reprises sur la gestion du temps et de la dose de concentration des élèves. Là où je partais du principe qu’un rythme moyen existait, il a fallu repenser ma pratique afin de mieux m’adapter aux dysfonctionnements des apprenants sur cette question de la concentration.

La question clef du rythme

Pour des élèves ayant leurs capacités cognitives intactes, on pourrait penser que c’est à eux de suivre, même si on  répète, révise et explique de nombreuses fois. Pour ce qui est des apprenants en soin-études, qu’il s’agisse d’un atteinte physique (cérébro-lésés), un état psychique incompatible ou des effets secondaires de médicaments, on ne peut pas raisonnablement leur demander de s’adapter. Il faut alors réfléchir à la manière dont on peut leur fournir des « raccourcis » afin de réduire leur temps d’attention, tout en fixant les choses importantes, quitte à faire peu de théorie et beaucoup d’exercices auto-corrigés, et se préparer à de nombreuses répétitions des explications.

Le programme et les absences

Quand on pense « première » ou « terminale », on pense au programme, certes, mais également à la préparation, à l’entraînement nécessaire pour être capable de répondre aux exigences académiques, à l’écrit ou à l’oral. Pour aider, le Ministère de l’Education donne parfois, à titre indicatif, les dosages en pourcentage, des parties devant être évoquées sur l’année dans le cadre du référentiel. C’est une aide précieuse pour la moyenne des apprenants valides, mais là encore en fonction des élèves cela pourra avantageusement être modulé selon le niveau et les profils des élèves.

Pour ce qui est des jeunes en soin-études, cela donne seulement une indication de l’importance des chapitres mais bien relative. En effet, certains peuvent être absents de façon récurrente (et parfaitement justifiée) ce qui entraîne une modification de l’approche globale de la chose.  Comment faire alors ? Il faut partir davantage du cas pratique afin de mieux les positionner dans le concret. La capacité d’abstraction peut être perturbée par les médicaments ou le reste, mais le bon sens est toujours là et peut devenir un socle important. Dès lors, on peut mettre en place des analogies : l’entreprise et l’école, la gestion d’une organisation et le club de foot ou la classe… Le programme peut être couvert si la préparation de la progression est rigoureuse.

S’extraire de l’ordre du programme

Quand on observe le terrain, on s’aperçoit assez rapidement qu’il ne faut pas s’imaginer que tout sera appris dans l’ordre logique : des choses seront sans doute survolées dans certains chapitres, pour être reprises plus tard, à un moment plus approprié ou grâce à un exemple plus marquant ou une anecdote qui replace les éléments du programme dans le contexte de la vie et non dans celui d’un livre aux prénoms improbables.  

L’effort doit être fractionné et pensé dans la globalité de l’année. Sans compter que pour certains jeunes, il est compliqué de passer à l’écrit : comment imaginer les noter sur un type bac s’ils ne parviennent pas à composer ? Il faut alors trouver des stratégies pour les réhabituer à l’écriture, à apprécier le crayon et surtout prendre son temps. Tant qu’ils peuvent composer pour les épreuves terminales, les éléments précédents sont moins importants . Il vaut parfois mieux ne pas noter que de compromettre toute une scolarité en ruinant une confiance en soi déjà bien fragile. Les écrits sont plus courts, plus fréquents et le contrôle continu moins consistant en terme de temps de composition, mais davantage présent au long de l'année, les réponses à l'oral devant être construite comme celles de l'écrit.

Le temps ennemi et allié

L’avantage des formations en soin-études réside dans la composition des classes à très faible effectif : cela permet de prendre le temps de poser la progression en fonction des apprenants et de leurs contraintes de « doses » de travail pour faire ne sorte de ne rien laisser de côté, même si le temps de présence en cours est nettement moins important que dans un établissement classique.

L’inconvénient est que les traitements changent les capacités d’attention ou même la possibilité d’assister aux cours, ce qui demande, d’une part, une bonne gestion du temps disponible et, d’autre part, une modification au fil de l’eau de la progression et un grand décalage entre la théorie, distribuée en synthèse en fin de chapitre et la proposition qui est faite en classe. Le support de cours devient alors davantage un pense-bête, avec une partie rédigée et une partie schématique, et une manière de connaître le vocabulaire, tandis que le cours en lui-même est beaucoup plus informel pour fixer davantage le mécanisme que le vocabulaire technique dans un premier temps.

Le présentiel est largement favorisé pour mettre en place des échanges en confiance, travaillant tout autant l'apprentissage d'une notion que son passage à l'écrit ou à l'oral devant des inconnus. Les analogies et exemples variés pris tout au long de l’année permettront ensuite de fixer le vocabulaire et les concepts de manière plus générale, sans pour autant surcharger des jeunes à la capacité d’attention affaiblie par de nombreuses raisons.

La confiance acquise au fil de l'année permet ensuite la réussite aux épreuves, quand bien même certains n'auraient jamais réalisé un écrit sur table, et ce avec des résultats plus que corrects, ce qui prouve bien que les capacités de ces jeunes en difficulté sur le plan médical peuvent être mobilisées avec succès.

Références

Thot Cursus - Le soin-études en France- Julie Trévily - janvier 2017
https://cursus.edu/11132/le-soins-etudes-en-france

Thot Cursus - L'évaluation en soin-études, un outil à double tranchant - Julie Trévily - 19 juin 2017
https://cursus.edu/11368/levaluation-en-soins-etudes

Eduscol, site de référence du Ministère de l'Education Nationale - Référentiel d'économie sur le programme depuis 2012.
http://eduscol.education.fr/ecogest/enseignements/ecogest/im_ecogest/2-stmg-economie.pdf

SantéLog, la communauté des professionnels de santé - Epilepsie, comment les crises peuvent mener à la perte de mémoire- Nature Médecine 16/10/2017
https://www.santelog.com/actualites/epilepsie-comment-les-crises-peuvent-mener-la-perte-de-memoire


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