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Publié le 30 avril 2018 Mis à jour le 10 avril 2024

Bilinguisme économique

Quand les langues deviennent un moteur au développement économique

Un proverbe italien dit : «

La fortune a pour main droite l'habileté et pour main gauche l'économie »,

ce à quoi on pourrait encore ajouter

« et une bouche qui parle plusieurs langues ».

Certes, c’est tout de suite moins poétique à entendre, mais ô combien riche et porteur de sens !

Dans une société contemporaine où on parle beaucoup de mondialisation et où l’économie joue un rôle prépondérant, nous ne pouvons plus exister de façon individualiste. Pour avancer et continuer à grandir dans ce monde chacun doit y contribuer en y apportant sa propre pierre. 

Mais comment allier langue et économie à l’ère de la globalisation ? En quoi parler plusieurs langues peut-il être un moteur économique important dans notre société du XXIe siècle ? Vous êtes prêt à découvrir ces réponses avec nous ? Alors, c’est parti !

Un peu d’histoire : Hier

Le passé éclaire souvent le futur et c’est pourquoi il convient de se pencher sur l’aspect historique de l’économie, plus exactement des premiers véritables commerçants qui ont développé l’économie mondiale, à savoir ceux des grandes civilisations chinoises, égyptiennes, grecques et romaines, sans oublier l’incontournable Route de la soie qui demeura pendant longtemps le lien entre les sociétés orientales et occidentales.

Ces premiers marchands avaient bien compris l’importance de pouvoir communiquer avec leurs clients afin de faire prospérer leurs affaires, d’où l’importance de maîtriser d’autres langues que la sienne. Intéressons-nous par exemple à un grand commerçant-voyageur, l’Italien Marco Polo (1254-1324), qui faisait des affaires de la Méditerranée à la Chine et qui était un précurseur du plurilinguisme puisqu’on admet que ce marchand avait appris « non seulement la langue des « Tatares », c’est-à-dire des Mongols, mais aussi d’autres langues que le texte ne détaille pas – le chinois, l’arabe, le persan.»

Cette compétence linguistique lui valut également les faveurs du grand Kubilai Khan (empereur de Chine de la fin du XIIIe siècle) qui fit de lui son émissaire un peu partout dans son empire en tant que traducteur et interprète. À l’époque, apprendre et parler couramment 4 langues (et formes d’écritures !), de systèmes linguistiques totalement différents de son italien d’origine, relevait de l’exploit… Il convient toutefois de souligner qu’au Moyen-Âge, la plupart des gens parlait plusieurs langues. Comment est-ce possible ? Simplement : langue écrite et parlée ne se rejoignent que très rarement, d’où l’usage généralisé d’une -voire deux- langues vernaculaires, sans oublier l’usage du latin, alors d’usage au Moyen-Âge.

Autre exemple intéressant, celui de l’Empereur du Saint-Empire, qui était censé pouvoir parler quatre langues pour être couronné (et communiquer avec tous ses sujets de langues différentes) …

Un état des lieux : aujourd’hui

Et aujourd’hui ? Rien n’a vraiment changé en fait. Prenons l’exemple de Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook.

Bien que l’hégémonie de la langue anglaise ne soit plus à démontrer, cet homme d’affaires américain apprend activement le mandarin. Sa femme est chinoise, donc quoi de plus normal me direz-vous ? Et s’il s’agissait plutôt d’une habile manœuvre économique pour revenir en Chine ? Rappelez-vous, même si certains arrivent à contourner cet interdit, que Facebook est officiellement et légalement bloqué en Chine. Or, quoi de plus rentable que d’intégrer le marché chinois ?

Autre exemple, celui de Willy Brandt, le précédent chancelier allemand qui a un jour dit : « Si je vous vends quelque chose, je parle votre langue. Mais si je vous achète quelque chose, dann müssen Sie Deutsch sprechen » (alors vous devez parler allemand). Tout est dit, « le client est roi ». Si vous voulez charmer votre client, alors parlez la même que lui, les contacts et les échanges n’en seront que facilités, et vos affaires, développées.

Ensuite, rendez-vous au pays des Helvètes, la Suisse, bien connue pour sa neutralité, son chocolat, ses banques, mais aussi pour son multilinguisme puisqu’elle compte quatre langues officielles : l’allemand, le français, l’italien et le romanche. Or, la valeur de ce même multilinguisme est estimée à elle-seule à 10% du PIB (produit intérieur brut) du pays. L’explication ? Dans plusieurs entreprises et organisations, les transactions se font aisément dans différentes langues…

À l’inverse, on estime que l’Angleterre perd annuellement environ 3,5% de ce même PIB à cause des faibles compétences linguistiques de sa population et, malheureusement, cela ne s’arrange pas depuis le Brexit (retrait du Royaume-Uni de l’Union européenne, entamé depuis le 29 mars 2017) où l’économie est à la baisse.

Enfin, revenons sur le sol américain, dans l’état de Floride où on constate que les travailleurs qui parlent espagnol et anglais gagnent environ 7.000$ de plus par an que ceux qui ne parlent qu’anglais. Une étude canadienne précise même que les personnes bilingues gagnent en moyenne 3,6% (pour les hommes) et 6,6% (pour les femmes) que celles qui sont unilingues.

Et demain ?

En conclusion, on peut donc affirmer que parler plusieurs langues, c’est bon pour l’économie et les affaires. Ceux qui investissent davantage dans leur éducation linguistique à vocation professionnelle auront de meilleures aptitudes commerciales et économiques.

Si les États-Unis demeurent, en 2018, la première puissance économique mondiale (plus de 19 trilliions de dollars), la Chine les suit de près (plus de 12 trilliions de dollars), et, bien plus loin, on parle du Japon (5 trilliards), de l’Allemagne (3,6 trilliions), du Royaume-Uni (2,6 trilliions) et de la France (2,5 trilliions). Mais alors, doit-on en déduire que l’anglais demeure LA langue de l’économie mondiale ? Aujourd’hui, oui. Mais demain ?

Si l’on en croit les chiffres et prévisions statistiques, il se pourrait que le mandarin passe en première position, sans oublier que, même s’ils ne sont relégués qu’à des rangs inférieurs, de nombreux pays du top 10 sont en Europe, bien connue pour sa richesse linguistique. Quoiqu’il en soit, il semblerait que, de toutes façons, l’usage d’une ou plusieurs langues ne peut être que bénéfique à l’essor économique d’un pays, d’une société ou d'un individu, alors qu’attendez-vous, vous aussi, pour propulser votre carrière ? Voilà une autre excellente raison d’apprendre une langue !

Illustrations : Marco Polo et ses voyages,
Bilinguisme.
The Global Job market

Sources

- Why multilingualism is good for economic growth, Gabrielle Hogan-Brun, The Conversation, 03/20/2017, https://theconversation.com/why-multilingualism-is-good-for-economic-growth-71851

- Langue, économie et mondialisation, RTS Suisse, 15/04/2014, https://www.rts.ch/decouverte/monde-et-societe/culture-et-sport/les-langues/5776193-langue-economie-et-mondialisation.html

- Messire Marco Polo, Florian Besson, Actuel Moyen-Âge, 16/02/2017, https://actuelmoyenage.wordpress.com/2017/02/16/messire-marco-polo/

- Speaking more languages boost economic growth, Sophie Hardach, World Economic Forum, 06/02/2018, https://www.weforum.org/agenda/2018/02/speaking-more-languages-boost-economic-growth/

- Classement PIB 2018 : les pays les plus riches du monde, Journal du Net, 09/03/2018, https://www.journaldunet.com/patrimoine/finances-personnelles/1171985-classement-pib/


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