Penser l'éducation comme un designer

L’éducation répond à un modèle plutôt bien établi depuis quelques siècles. Il s'y est ajouté différents outils afin de mieux transmettre des connaissances. Néanmoins, l’approche est sensiblement demeurée la même. Dans les dernières années, certains ont tout de même essayé de la transformer. Un exemple patent est celui de la pédagogie inversée. Des approches qui, malgré les réticences, semblent nécessaires dans une ère où la technologie modifie toutes nos activités. Le savoir est au bout de nos doigts en quelques secondes et la pratique de compétences peut se faire en jouant; la classe ne peut plus être abordée de la même façon...

Si l’école se veut une sphère conservatrice qui se transforme tranquillement, d’autres domaines sont spécialisées dans la transformation. Les designers, par exemple, sont constamment dans une démarche de transformation afin d’améliorer quelque chose. Que ce soit un bâtiment, un objet ou une procédure, ils désirent perfectionner l’expérience de l’utilisateur. Et si cette façon de penser se transférait dans le cadre de l’éducation, qu’est-ce que ça donnerait?

Intégrer cette approche partout

Cette approche est appelée  « design thinking » dans le monde anglophone. Celle-ci met l’accent sur cinq étapes différentes :

1. L’empathie : comprendre ce que veulent les utilisateurs, qu’est-ce qui les ralentit ou les bloque?
2. La définition : une prise de notes et de schémas pour définir le problème;
3. L’idéation : une ou des séances de remue-méninges afin de proposer de multiples idées;
4. Le prototype : la période où se développent et se concrétisent quelques-uns des concepts de l’étape précédente;
5. Le test : l’essai de ces idées dans le réel pour voir à quel degré elles atteignent leur but.

Ces différentes étapes peuvent tout à fait s’appliquer au monde scolaire. De plus en plus de pays s’intéressent d'ailleurs à cette approche. Par exemple, aux États-Unis, certains pensent à transformer le système universitaire afin qu’il puisse accueillir plus d’étudiants provenant de familles plus pauvres. Des professeurs essaient aussi de l’implanter plus tôt, dans les cours de sciences.

L’Europe, de son côté, a mis en place le projet D-Think afin de promouvoir cette façon de penser dans les établissements scolaires des différents pays membres. Ils sont nombreux à croire que l’école devra changer pour s’adapter et offrir dde la formation à des compétences nouvelles comme de l’ingénierie, de la programmation informatique, etc. Or, pour intégrer ces enseignements, il va falloir modifier grandement l’école.

Enseignants et élèves, pensez différemment

Et puis, cela peut régler des problématiques réelles rencontrées actuellement par les enseignants. Par exemple, cette professeure des écoles a décidé d’utiliser le design thinking en mathématiques. Avec ces collègues, elle se rendait compte que les enfants butaient sur des problèmes. Alors, ils ont développé des séquences pédagogiques ludiques appelées SMILE (Situations mathématiques innovantes, libérés des erreurs). Le simple fait de ne plus aborder les questions mathématiques comme des mises en situation problématiques a réussi à améliorer les résultats des élèves. 

Mais le design thinking ne s’adresse pas qu’aux enseignants ou aux directions d’école voulant modifier les cursus scolaires. Elle peut aussi s’implanter en classe sous différents aspects avec les apprenants eux-mêmes. Le portail éducsol montre quelques exemples français, dont un projet littéralement de design de nouveaux espaces scolaires par la Cité du Design et des élèves des écoles de Saint-Étienne.

Pour intégrer cette approche de résolutions de problèmes, il faut toutefois s’assurer que les apprenants suivent le même schéma de pensée. Cela exige donc de leur apprendre l’empathie, une compétence nécessaire afin de pouvoir bien réfléchir sur une problématique. Par la suite, ils devront définir l’enjeu, lancer des idées, en développer certaines pour ensuite les essayer et les présenter à la classe ou au reste de l’école.

Le design thinking semble donc de plus en plus taillé pour un système scolaire qui cherche à stimuler la créativité chez les apprenants. Cela demandera, toutefois, de former les maîtres afin qu'ils soient à l'aise à utiliser cette approche dans leur pédagogie. La transition n’est certes pas pour demain, mais elle est déjà amorcée.

Illustration : Bytemarks on Foter.com / CC BY

Références

D-Think. Consulté le 16 mars 2018. http://www.d-think.eu/.

Gerstein, Jackie. "Introduction to Design Thinking for Educators Workshop." User Generated Education. Dernière mise à jour : 22 octobre 2017. https://usergeneratededucation.wordpress.com/2017/10/22/introduction-to-design-thinking-for-educators-workshop/.

Gilbert, Clark G., Michael M. Crow, and Derrick Anderson. "Design Thinking for Higher Education (SSIR)." Stanford Social Innovation Review. Dernière mise à jour : Décembre 2017. https://ssir.org/articles/entry/design_thinking_for_higher_education.

"La Pensée Design Dans L’enseignement." IB Community Blog. Dernière mise à jour : 3 octobre 2017. http://blogs.ibo.org/blog/2017/10/03/la-pensee-design-dans-lenseignement/?lang=fr.

Picq, Thierry. "Le Design Thinking, De Stanford à l'école Primaire française." The Conversation. Dernière mise à jour : 3 octobre 2017. https://theconversation.com/le-design-thinking-de-stanford-a-lecole-primaire-francaise-84623.

"Qu'est-ce Que Le Design Thinking ?" Éduscol. Dernière mise à jour : 8 novembre 2017. http://eduscol.education.fr/primabord/qu-est-ce-que-le-design-thinking.

Vandekar, Katarina. "Design Thinking for Education." Elesapiens' Blog. Dernière mise à jour : 6 février 2017. https://www.elesapiens.com/blog/design-thinking-for-education/.
 

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