Il y a 500 ans au Japon, dans un contexte d’intenses conflits politiques et militaires, naissait une nouvelle école d’art martial appelée Sengoku-jidai.
“Chaque enseignement technique est basé sur ceux qui le précèdent, il est, dès lors, capital de suivre l’apprentissage dans le bon ordre. Surtout pour les techniques opposant naginata et yari1, qui nécessitent une excellente synchonisation et coordination des mouvements ainsi qu'une utilisation précise de la naginata 1, afin d’éviter les attaques rapides de la lance. Cette étude est longue et laborieuse et ne peut être précipitée”. Wikipedia
Clef de compréhension :
1 naginata et yari sont des armes de défenses et de neutralisation de l’adversaire qui ont des piques ou tranchoirs au bout de bâton long de 2,5 à 4 mètres de long. Utilisées la première par les moines et la deuxième par des Samouraï. On retrouve des armes similaires dans leurs formes et leurs usages en Europe sous les noms de bâton longs, longues piques. Leur utilisation permet de créer un espace de protection autour de son usager de 2,5 à 4 mètre qui le met à l’abri des armes de courte portée, telles les sabres, épées et permet de neutraliser un adversaire à distance en le poussant par exemple.
L’histoire de par sa nature cyclique peut être une source d’inspiration pour l’avenir et aussi un miroir pour comprendre les phénomènes du présent en particulier en matière de pédagogie.
Transcription de ce texte dans notre monde actuel et dans un cadre pédagogique
« Chaque enseignement est basé sur celui qui le précède : il y a un sens dans le développement pédagogique des apprentissages, des compétences, du maniement des outils de renforcement personnel dans des contextes d’information, de situation ou de formation. C’est un enseignement qui demande du temps, de la pratique et auquel on doit accorder le temps qu’il faut pour que l’étudiant puisse l’acquérir. »
Quel conseils nous donneraient les anciens sur les pédagogies actuelles ?
Clefs de compréhension
2 Pourquoi tant de cas de dyslexies sont apparus avec l’arrivée de la méthode globale d’apprentissage de la lecture ? C’est sans doute e raison d'un problème dans la façon d’aborder les apprentissages. Est-ce un problème de méthodes ? Est-ce un problème de contexte ?
“Quant aux problèmes de dyslexie, elle estime que "ce n'est pas lié uniquement à la méthode, mais à une cause qui est multifactorielle : un trouble d'abord phonologique qui, combiné à une méthode globale, va faire que le risque sera plus important".”
Source : Education: la méthode globale "éloigne" l'enfant de la lecture - 2014 - https://www.rtbf.be
3 L’excellence pédagogique est un terme utilisé dans l’enseignement supérieur, qui insiste sur la notion de transmission pédagogique :
« Teaching Excellence » : « un processus académique qui permet aux étudiants motivés d’apprendre d’une façon qui a un impact positif sur leurs pensées, actions et sentiments… Un processus qui pousse les étudiants à penser profondément et de façon remarquable grâce à l’implication d’enseignants excellents. »
Source: Livre blanc - Conférence des grandes écoles
Reconnaître l'excellence et les pédagogies innovantes
dans l'enseignement supérieur
Nature et Relations humaines sont essentiels pour atteindre des objectifs de qualité en matière pédagogique.
Nous sommes des êtres de pensées, de concepts, mais aussi des êtres biologiques régulés par des mécanismes chimiques et physiologiques communs appelés naturels; d'où la nécessité de retrouver le sens naturel des apprentissages.
La nature de la relation entre le professeur et l’enseigné est aussi essentielle en matière d’enseignement. Combien de fois avez-vous vu des élèves en échec scolaire suite à un dysfonctionnement de la relation enseigné / enseignant ? Combien d’étudiants sont devenus brillants grâce à une rencontre avec un professeur qui a su les révéler ?
Un autre point important est à mettre en lumière dans ces enseignements intemporels, celui de la posture de don et de contre-don vers lequel tend aujourd’hui notre société.
Qu’est-ce que le don et le contre don aujourd’hui ?
“C’est à la fois un acte et un lien social par lequel le bonheur personnel passe par le bonheur des autres. Ainsi, donner, recevoir et rendre par le “potlatch” (amérindien) de Mauss, qui est “le contre don”, correspondent à un enchaînement d’affect qui sont l’empathie, la réciprocité et l’altérité. Le sort des générations futures dépendent de nos actes et le lien social est un facteur déterminant de nos qualité de vie, dixit Matthieu Ricard. Si les postures d’empathie, de réciprocité et d’altérité sont identifiées dans les deux univers géographiques, elles sont de nature symbolique ou comportementale en occident et de structure sociétale au Japon”.
Le don et le contre don : mouvement de civilisation au Japon
- Virginie Guignard Legros - Thot Cursus - 2017
Quels dons et contre-dons peuvent nous apprendre cette école d'art martial du 15ème siècle ?
«Les kata se pratiquent à deux :
- shidachi, "le sabre qui fait", "la lame qui fait", le junior, celui qui exécute, celui qui apprend le maniement de la naginata.
- ukedachi, "le sabre qui reçoit", ici le senior, celui qui aide, qui conduit shidachi sur le long chemin rigoureux de l'apprentissage
L'ukedachi a un rôle essentiel. Pour un observateur extérieur, lors de l'exécution d'un kata, shidachi gagne et ukedachi perd. C'est évidemment intentionnel. Ukedachi accepte de perdre pour développer les qualités physiques et morales exigées d'un bon shidachi: engagement, endurance, persévérance, combativité, compréhension des notions de rythme, distance de combat, entrée, ouverture, contrôle de l'adversaire, contrôle respiratoire, concentration…, en sus des qualités techniques inhérentes à un bon maniement des armes. Pour attirer shidachi jusqu'à son propre niveau et même le pousser au-delà. Ukedachi, quant à lui, doit, en plus de qualités techniques et mentales éprouvées, posséder un "cœur" humble et large. Ainsi, shidachi aura toutes les chances de devenir lui aussi un bon ukedachi. Shidachi et ukedachi ont donc pour rôle de se compléter réciproquement. »
Source wikipedia
Transcription de ce texte dans notre monde actuel et dans un cadre pédagogique
« Le professeur est là pour accompagner l’élève, pour l’aider à apprendre et à expérimenter. La posture d’échec est le pendant de celle de la réussite. A chaque gagnant, il y a un perdant. Aucun des deux n’est plus important que l’autre. C’est une symbiose nécessaire. Le professeur maîtrise son sujet et s’en sert rigoureusement, professionnellement pour aider l’étudiant à se construire par la bienveillance. La notion de modèle est essentiel pour la réussite de l’enseignement, mais surtout pour créer un nouveau professeur qui à son tour transmettra des enseignements. »
Quel conseils nous donneraient les anciens sur les pédagogies actuelles ?
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Le professeur ne doit pas être un modèle dominant, mais accompagnant et bienveillant.
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A chaque gagnant, il y a un perdant. Aucun rôle n’est plus positif ou négatif qu’un autre. C’est un juste équilibre des relations humaines à enseigner.
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Donner de son égo, de son savoir dans la bienveillance pour montrer le modèle à être, pour transmettre son savoir qui sera à son tour transmis, pour favoriser l’éco-système des échanges et de la co-création.
500 ans plus tard, est-ce que notre monde a changé ? Face à la complexité, l’agilité de la pensée demeure fondamentale pour favoriser la mobilité des actions.
3 clefs pour obtenir une tête d’étudiant bien faite :
Revenir à la géographie naturelle de la relation entre le savoir et la pédagogie, peut-être en s’aidant des neurosciences. c’est le point central de toutes pédagogies.
Favoriser l’enseignement de professeurs d’excellence qui motiveront leurs classes selon des valeurs de qualité et qui formeront des élèves excellents à leur tour, lesquels auront toutes les clefs pour jongler avec les complexités de notre monde.
Apprendre le «co», apprendre à être ensemble dans la transmission et dans la restitution pour affronter la complexité de notre monde est le point qui sera sans doute la compétence fondamentale du monde de demain.
Image : 長宗我部元親の像 par sozablo
Licence Virginie Guignard Legros
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