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Publié le 06 mars 2018 Mis à jour le 06 mars 2018

Blockchain en éducation : se préparer au défi

Applications du blockchain en éducation : défis et parts d'inconnu

Un rapport récent du Centre commun de recherche s’est penché sur les applications en éducation du blockchain.

Définition  : « Le blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle » (source : Blockchain France).

Dans un blockchain, chaque bloc contient des informations sur le précédent, sa position ne peut pas être altérée dans la séquence. Tous les ordinateurs reliés sont autant de moyens de vérification des informations de la chaîne, ce qui amenuise les possibilités de piratage : il devient compliqué de s’attaquer à un volume d’ordinateurs qui se compte aujourd’hui en milliers et dans le futur en millions.

Un bouleversement annoncé

Les atouts de cette technologie sont assurément enthousiasmants : des garanties de confiance et de transparence dans des transactions affranchies d’intermédiaires (remplacés par la cryptologie), qu’on pourrait appliquer à tout type de bien ou d’actif, et une nouvelle perspective de « souveraineté » sur les données personnelles.

Le rapport utilise l’exemple d’un étudiant bénéficiaire d’une bourse scolaire qui lui ouvre des droits de gratuité sur un certain nombre de prestations. Aujourd’hui, la librairie universitaire, le prestataire de cantine et tout un ensemble d’acteurs devraient stocker chacun de son côté ces mêmes données personnelles pour permettre au système de fonctionner. Avec un blockchain toutes les données resteraient maîtrisées et stockées « juste » par le titulaire de la bourse.

Les auteurs du rapport considèrent que la majorité des industries et des modèles économiques seront ébranlés par le blockchain. Ils assimilent ce bouleversement à celui provoqué par l’introduction d’internet : le seul marché des systèmes d’information en éducation, estimé aujourd’hui à 2,7 milliards (5,7 en 2021) devra complètement se réorganiser en conséquence.

Un vrai défi

Pour l’Europe il s’agit d’un vrai défi. Tous les outils existants pour favoriser la mobilité - comme le supplément au diplôme, les crédits ECTS, les accords Erasmus – n’ont pas été pensés pour être lus par des machines. L’absence de standardisation est la règle et un frein à ces progrès technologiques. Le blockchain introduit potentiellement la possibilité de stockage de qualifications et d’attestation de réussite, voire l’automatisation de la reconnaissance des diplômes et le transfert des crédits, en faisant disparaitre la barrière entre apprentissage formel et non formel. 
La validité d’une certification pourra être vérifiée sans le besoin de recourir ni à l’organisme émissaire ou à des tiers intermédiaires.

Les auteurs résument les conditions de réussite au degré d’ouverture des systèmes blockchain à venir : l’utilisation d’une technologie open source, des standards ouverts pour les données et la propriété de chaque individu de ses propres données.  C’est l’un des nœuds du problème : un modèle économique se construit beaucoup plus facilement autour de la propriété (du logiciel, du standard ou de la donnée).
Comment concilier les préconisations du rapport avec la vraie vie ?

Entre temps, des centaines de solution blockchain commencent à voir le jour. Parmi les exemples présentés dans cette publication : Civic pour contrôler et gérer son identité en ligne, Indorse pour gérer un portfolio de compétences, d’expériences et de qualifications, Binded pour la gestion de la propriété intellectuelle sur les images et la revue Ledger (sur les technologies blockchain et les cryptomonnaies).

L’inconnu

La conclusion du rapport est qu’aujourd’hui personne ne peut réellement prévoir la valeur ajoutée de ces technologies ni la valeur qu’étudiants ou institutions éducatives attribueront à leur souveraineté sur les données. Plusieurs témoignages* présentés dans le rapport évoquent la complexité des applications pour un utilisateur, qui pourrait se traduire dans la conservation d‘intermédiaires (et donc un maintien de logiques « propriétaires »).

Un autre problème soulevé par ce rapport est la consommation en termes de ressources : 1 Tb sur un blockchain couterait environ 6000 euros, contre 60 euros de coûts de stockage sur un disque dur. Les différents procédés de cryptographie et le stockage démultiplié sur chaque ordinateur signifient des coûts énergétiques très importants. Une transaction bitcoin utiliserait l’équivalent d’énergie nécessaire à alimenter un foyer américain pendant 6 jours. 

Derrière cette évolution technologique il y a aussi une problématique environnementale, lorsqu’elle sera déployée de façon exponentielle (comme tout semble annoncer).

* Plusieurs études de cas d’utilisation de blockchain sont présentées dans le rapport : Open University UK, Massachusetts Institute of Technology, Université de Nicosie, des établissements d’enseignement à Malte

Illustration : Allen, FlickR

Références

JRC Science for Policy report.  Blockchain in Education (2017) http://publications.jrc.ec.europa.eu/repository/bitstream/JRC108255/jrc108255_blockchain_in_education(1).pdf

Déjà paru sur Thot Cursus
A. Roberge. Après le bitcoin, l'Edublock? (janvier 2017)
http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/28437/apres-bitcoin-edublock/
(Dernière consultation : mars 2018)


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