Articles

Publié le 06 mars 2018 Mis à jour le 06 mars 2018

Mooc pour comprendre et aider les étudiants dys

Pour adapter son enseignement aux dys et par là même en faire profiter tous les autres étudiants

Dyslexie, apprendre autrement

Un trouble lontemps méconnu

J’ai dû être confrontée à la dyslexie déjà à ma toute première année d’enseignement. Même après avoir roulé ma bosse à travers plusieurs niveaux et postes, je repense encore à cette frêle adolescente qui me remettait une copie illisible et qui me renvoyait constamment à un sentiment d’échec dans ma façon de travailler. Je reprenais patiemment avec elle sa copie et je m’évertuais à lui expliquer qu’un mot n’est pas une suite de consonnes, que les lettres se dessinent autrement, que la ponctuation et l’écrire droit ça existe… J’étais certainement aussi désemparée et impuissante qu’elle face à des écueils non identifiés et donc insurmontables pour nous deux, chacune à sa manière.

Par la suite, j’ai eu droit dans la salle des profs et ailleurs à de sempiternelles lamentations sur le niveau décadent des élèves du type : à 12 ans, certains élèves ne savent pas transcrire leurs noms sur la copie de français, ces jeunes ânonnent les textes, ignorent l’orthographe sont bi bègues, ils ne connaissent ni leur langue maternelle ni la langue seconde. Et le comble c’est le nombre désolant de zéros en français lors des concours nationaux. Déjà ici en Tunisie, il y a accumulation de difficultés puisqu’en arabe notre langue maternelle c’est le dialectal auquel on greffe à 5 ou 6 ans l’arabe littéraire et à 8 ans on commence le français, puis vient l’anglais, ce qui est en soi une bonne chose mais forcément appliquée uniformément dans l’enseignement de masse, sans regard aux besoins particuliers. 

Mais quand j’apprends que la prévalence de la dyslexie est de 6 à 8 % de la population, je comprends que c’est notre système d’éducation sans prise en charge des Troubles Spécifiques des Apprentissages (TSA) qui participe largement aux ratés, du moins dans la proportion annoncée, qu’on est démunis face à des situations où l'on a plutôt besoin de sensibilisation, de formation et d'aide.

Les TSA impliquant des difficultés , notammant à lire et à écrire, ne sont pas directement décelables et induisent souvent des réactions de l’entourage qui sont à côté de la plaque type : concentre-toi, tiens-toi droit, si tu n’as pas fini ton travail c’est à cause du bavardage, tu fais des fautes inadmissibles en orthographe... Il est vrai que souvent la dyslexie s’accompagne de troubles attentionnels, mais à voir s’ils sont la cause des distractions ou si c’est consécutif à l’inadéquation des méthodes d’apprentissage avec les besoins des apprenants.

Aujourd’hui en France par exemple, le diagnostic et la prise en charge des dyslexiques se fait de plus en plus tôt et les éducateurs ne sont plus aussi démunis face aux troubles d’apprentissage. La prise en charge par les spécialistes, orthophonistes, psychologues, auxiliaires de vie scolaire et surtout la reconnaissance officielle de la différence font que l’accompagnement en primaire et secondaire se solde par diverses procédures de facilitation comme le temps supplémentaire accordé lors de la passation des examens.

Qu’en est-il dans l’enseignement supérieur ?

On pourrait penser qu’arrivé à l’enseignement supérieur, l’étudiant dyslexique est tiré d’affaire. Or, les TSA ne sont pas une maladie pour qu’on en guérisse. C’est une façon différente de percevoir et d’apprendre avec laquelle on doit cohabiter sa vie durant. A côté des stratégies propres développées par chaque individu en particulier, il y a tout un travail d’insertion pour qu’il fasse bon étudier et se préparer à un futur métier. C’est mieux si on a été diagnostique et pris en charge assez tôt dans sa vie mais d’une part les diagnostics tardifs sont assez fréquents et en plus le volume et le rythme de travail sont autres dans le supérieur sans compter que la proximité avec les enseignants et les interventions parentales s’amoindrissent
Soit non reconnues, soit reconnues et non ou mal traitées, invisibles d’emblée, parfois tabous ou gênantes car personne ne veut être étiqueté comme ne sachant pas faire alors que efforts et mérites il y en a (motivation, persévérance…), les étudiants TSA sont demandeurs d'attentions, de mesures et d’aménagements particuliers..

Voici enfin un Mooc de France Université Numérique (FUN) sur ce thème « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider » destiné aux enseignants  pour les éclairer, les former, les fédérer, les outiller dans l'accompagnement de leurs étudiants.

Ce Mooc est animé par une équipe pluridisciplinaire sur la base d'une action de recherche qui se poursuit à Lyon depuis 2013 : Sabrina Octave, chargée de Mission Handicap, Nathalie Beaudoin, enseignante chercheure en psychologie, Raphaëlle Abadie, psychologue spécialisée en neuropsychologie et Audrey Mazur-Palandre, Ingénieure de recherche en développement du langage oral et écrit des individus.

Je suis en train de suivre ce Mooc qui compte plus de 5000 inscrits et dont le contenu a été délivré sur 4 semaines. J'avoue que je me suis rarement autant  passionnée pour ce thème qui me tient à coeur  pour des raisons aussi bien personnelles que professionnelles. Le cours en lui-même sobre et très ciblé, instructif ni trop ni trop peu, se déroule entre vidéos (avec possibilité de téléchargement en pdf) et quiz ainsi que des discussions aussi riches que les contenus délivrés.

Sans dévoiler le contenu du Mooc, soyez sûr du volet pratique dont a besoin tout enseignant, des conseils et une boite à outils sont regroupés pour permettre aux enseignants de mieux inclure les étudiants dyslexiques dans leurs cours et par la même occasion faire profiter tous les autres des aménagements consentis.

Côté évaluation, les quiz qui jalonnent les modules comptent pour 80% de la note et le quiz final pour 20%. Un score global de 60% vous permettra d'obtenir l'attestation de réussite délivrée directement par la plateforme FUN après la fin du cours.

Vous avez encore le temps de rejoindre cette belle aventure ou d'en parler autour de vous : les inscriptions restent ouvertes jusqu’au 30 mars et la date d'échéance des quiz est décalée au 15 mai.

Référence

Mooc : « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »
https://www.fun-mooc.fr/courses/course-v1:ENSDeLyon+14006+session01/about#


Voir plus d'articles de cet auteur

Dossiers

  • dys, bys, pys, qys : reconnaître la différence


Le fil RSS de Thot Cursus - Besoin d'un lecteur RSS ? Feedly, NewsBlur


Les tweets de @Thot


Accédez à des services exclusifs gratuitement

Inscrivez-vous et recevez nos infolettres en pédagogie et technologies éducatives

Vous pourrez aussi indexer vos ressources préférées et retrouver votre historique de consultation

M’abonner à l'infolettre

Superprof : la plateforme pour trouver les meilleurs professeurs particuliers en France (mais aussi en Belgique et en Suisse)


 

Ajouter à mes listes de lecture


Créer une liste de lecture

Recevez nos nouvelles par courriel

Chaque jour, restez informé sur l’apprentissage numérique sous toutes ses formes. Des idées et des ressources intéressantes. Profitez-en, c’est gratuit !