De quoi parle-t'on ?
Les informaticiens ont inventé les hackathons, ces rassemblements créatifs au cours desquels ils produisent des logiciels inédits sur des durées très courtes en coordonnant un grand nombre de codeurs. Ils ont inspiré les game jams, les sprintbook et autres Edumix pour concevoir des jeux, des livres ou des méthodes pédagogiques.
Un cocktail d'intelligence collective requiert d'assembler les bons ingrédients pour relever ensemble des défis. Voici les ingrédients que j'ai identifié à l'occasion du hackathon du #CercleAPE « Apprendre ensemble de 3 à 99 ans à l'ère numérique » qui s'est tenu les 14 et 15 octobre 2017 à Montrouge..
Une organisation souple
L'organisation d'un hackathon passe par un choix de lieu et de date. Le lieu va avoir une incidence sur l'ambiance et les productions. La date favorisera la participation.
C'est autour de ces éléments clés que l'organisation va pouvoir bâtir sa logistique. Ensuite, l'organisation peut se faire agile se déployer en fonction des disponibilités de chacun en présentiel ou à distance. Comme personne ne pourra prévoir l'imagination, on suit nécessairement une logique de projet en solutionnant chaque point au fur et à mesure, de façon souple.
Une communication soutenue
La communication est constante.
- Avant, il s'agit de fédérer une équipe noyau, d'intéresser des partenaires et des sponsors, de créer l'envie chez des participants pour qu'ils s'inscrivent dans la dynamique et mobilisent d'autres supporters.
- Pendant, il s'agit de garder une énergie constante et de donner à voir à tout moment qu'il se passe des choses, ateliers, conférences, défis, récréation, pauses conviviales etc. Garder des traces, capitaliser, préparer un fil Twitter, donner à chaque équipe un blog pour organiser ses idées et communiquer à des suiveurs externes à l'événement.
- Après il est possible de valoriser les acteurs, de faire connaître les résultats des défis, de diffuser des reportages photo, vidéo pour faire vibrer les participants après l'événement.
Un point de repère fort : le site internet
Un hackathon est accompagné par un site en ligne. Un tel site joue le rôle de point de repère avant, pendant et après l'événement. C'est un noeud vers lequel converge des informations. C'est aussi un point vers lequel se diriger en cas de doute.
Cette double fonction d'émission et de réception d'informations exige une ergonomie facilitante pour trouver les informations pratiques, s'inscrire, connaître le programme, déposer des posts, capitaliser puis communiquer avec des journalistes.
Une équipe motivée
Une équipe motivée sera essentielle de bout en bout. Elle agrégera autour d'elle les bonnes volontés et les énergies. Elle donnera la possibilité à chacun de se dépasser. Par son exemple elle donnera à voir la trace à suivre. Elle enclenche par son envie une logique de don contre-don. Elle est composée de compétences complémentaires : communicant, organisateur, logistique, relation publique, méthodologue, créatif, coach, financier.
Un état d'esprit ouvert
Le hackathon nécessite pour chaque participant ou organisateur une bonne dose de confiance en soi et en les autres. Il y a une masse d'événements qui rendent la situation organique et vivante. Des initiatives se mettent en place.
Des incidents font bifurquer le programme (manque de défi, rôle ou déroulé imprécis). Tout cela fonctionne et produit une belle richesse quand chacun vient avec un esprit ouvert et évite de vouloir tout contrôler. En laissant le processus adopter le pli des événements tout en gardant l'intention générale, le hackathon produit une aspiration de tous vers des ajustements communs.
Des partenaires en soutien
Pour qu'un hackathon se déroule bien, il s'agit de faire avec des partenaires financiers, logistiques, techniques. Ces partenaires apporteront des ressources, des compétences et élargiront progressivement le noyau de base de l'équipe organisatrice.
Un budget des moyens adaptés
Les moyens c'est de quoi se restaurer, des espaces avenants et inspirants pour abriter les travaux, des équipements numériques, des lieux où dormir si le hackathon se déroule la nuit pour partie.
Ce sont aussi des tshirts pour renforcer le sentiment d'appartenance, des cadeaux pour chacun. Il est possible que chacun vienne avec son sandwich ou que les participants cuisinent ensemble, mais pour se concentrer sur le fond, mieux vaut bien manger et ne pas perdre de temps sur la cuisine.
Un lieu inspirant
Le lieu est un personnage à part entière de l’événement. Il dispose de ses propres vibrations, il est scénographie pour augmenter le climax de l'événement. Disposer d'un foyer central, d'espaces communs ou de niches dans lesquelles s'abriter, participe de l'accompagnement de temps calme ou de temps créatif.
Des espaces favorisent la créativité le travail en groupe et inter groupe. Ces espaces de sous-groupes facilitent la cohésion et la dynamique de collectifs mobilisés vers l'objectif. Disposer de son territoire, aménager son propre espace d'équipe, créer ses rituels dépendent tous des possibilités du lieu.
Un rythme maîtrisé
Le hackathon c'est une montée en rythme progressive du projet. La prise de conscience des autres, du lieu, de la difficulté d'un défi à relever, de méthodes à adopter pour créer au départ une sensation de beaucoup de choses à réaliser, parfois jusqu'à une sensation d'écrasement.
Un temps faible se produit souvent à la fin de la première journée quand la créativité est à son maximum et que toutes les options ouvertes laissent planer le doute. La nuit d'un hackathon permet le lâcher prise indispensable pour aboutir à une solution. C'est le rôle de la fatigue qui s'empare des corps de faire que chacun laisse un peu de ses certitudes de côté pour mieux écouter les autres.
C'est paradoxalement la nuit quand la vue est moins affûtée, que les sens sont émoussés que l'écoute s'avère plus fine. Il y a moins de résistance. D'autres temps suivent la finalisation des projets, des bulles d'expérience pendant l'événement (conférences, ateliers), des temps de découverte d'une fresque graphique ou de détente (table de ping-pong, karaoké nocturne).
Des temps conviviaux
La convivialité est indispensable à la haute qualité relationnelle. Les temps de pause ou l'on se restaure ou l'on prend le temps de se livrer de façon plus informelle participent de la fluidité de l'événement. Une restauration saine envoie également un message de bien être à chacun.
Des équipements facilitant
Le matériel c'est à la fois de quoi prototyper et maquetter; des ordinateurs pour imaginer collaborer; des imprimantes, des murs écritoires et des surfaces de projection pour partager.
Des logiciels faciles à maîtriser
Une variété de logiciels à utiliser ou à préconiser pour progresser dans le défi du hackathon sont accessibles. Ces logiciels audio ou vidéo permettront de collaborer, d'imager d'argumenter les projets, d'avancer et de construire ensemble. Chacun peut venir avec les logiciels avec lesquels il est à l'aise ou bien quelques-uns peuvent être proposés sur le site internet de l'événement.
Une animation hors ligne et en ligne
Plus l'effectif des participants est élevé, plus une variété de moyens d'animation hors ligne et en ligne sera pertinente. Un fil Twitter présente l'avantage d'être appropriable par tous, de garder des photos voire des mini séquences vidéos avec Periscope. Des messages par courriel permettront d'animer les équipes et de leur donner des consignes au fur et à mesure.
Des protocoles appropriés
Les protocoles sont des séries d'actions qui s'enchaînent. Ils sont les guides des facilitateurs ou coachs qui accompagnent les porteurs de défis. Ils aident à la progression de chacun dans la vision d'ensemble. Il peut s'agir de protocoles de design-thinking, de créativité, d'intelligence collective. Les facilitateurs ou les coachs s'appuient dessus pour conduire les travaux des équipes dont ils ont la charge.
Des projets qui inspirent une communauté large
Le choix des défis ou des projets lors d'un hackathon gagne à inspirer une communauté large, allant au-delà des seuls participants. Les défis proposés sont d'autant plus stimulants qu'ils intéressent une base large de bénéficiaires. Le pitch de départ va s'affiner au fur et à mesure. Il devient de plus en plus précis pour se transformer en évidence.
Un jury bienveillant et des prix attractifs
Les projets proposés qui ont été travaillé parfois pendant la nuit avec de la fatigue mérite des jurys professionnels, mais aussi bienveillants. Les prix que pourront remettre ces jurys seront aussi une source de fierté et de motivation. Les prix seront monétaires ou bien des moyens de développement pour finaliser le prototype ou bien encore des temps d’exposition et de valorisation.
Une capitalisation des idées
Un hackathon peut être une formidable émulation, un bouillonnement de créativité, mais sans capitalisation, les milliers d'idées exprimées peuvent passer comme des bulles de savon. Il est donc important de garder des traces. Un fil Twitter, un blog par défi rassemblant toutes les traces une vidéo des pitchs, des diaporamas de présentation mode pécha kucha, des photos des temps forts ou des moments conviviaux.
De la suite dans les idées
Parfois un hackathon permet l'émergence d'une idée mais pas toujours sa concrétisation. Disposer d'une idée ou d'un objectif extrêmement clair est insuffisant. Aussi revenir dans un deuxième temps voire un troisième pour finaliser le projet en mobilisant d'autres compétences techniques, d'autres ressources budgétaires peut s'avérer indispensable
Illustration : Frédéric Duriez pour le Cercle APE
Pour aller plus loin
Livre blanc hackathon
https://challenkers.com/index.php/2016/10/13/organiser-mon-hackathon-en-11-grandes-etapes/
Wikipédia – Design thinking https://fr.wikipedia.org/wiki/Design_thinking
Wikipédia – Hackathon https://fr.wikipedia.org/wiki/Hackathon
Game jam http://www.ggjparis.fr/
Sprint book https://newflux.fr/2017/03/30/sprint-book-fr/
Edumix http://www.edumix.fr/
Desmag - Pecha kucha l’art de pitcher en 6mn et 40 secondes
http://www.deskmag.com/fr/pecha-kucha-l-art-de-pitcher-en-6-min-40-sec
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