Quand ils sortent de leur labo, les scientifiques rencontrent des personnes pour qui l'univers n'est pas fait d'équations. Des amateurs de paranormal évoquent des forces obscures et des chaînes de causalité truffées de contradictions. D'autres au contraire utilisent les résultats de leurs recherches pour démontrer tout et n'importe quoi...
Certains le supportent mal et se lancent dans la mêlée, abandonnant un temps leur recherche pour la polémique, et pour tenter d'expliquer ce qu'est la science.
Dénoncer la pensée magique
Georges Charpak est un chimiste. Mais pas n’importe quel chimiste puisqu'il a obtenu le prix Nobel en 1992. Il écrit avec Henri Broch un livre au titre attrayant "Devenez savant, devenez sorcier" en 2002.
Plus précisément, le livre se propose de nous rendre plus savant et de démystifier les "sorciers". Charpak et Broch dénoncent les discours des astrologues, graphologues et analystes de rêves.
Ils nous expliquent que les astrologues utilisent un référentiel lié au soleil et non aux étoiles sidérales pour étudier le déplacement des astres, et se trompent donc de plus d'un million de kilomètres sur la position de la terre.
Mais beaucoup répliqueront : "Et pourtant ce que dit tel ou tel astrologue est vrai... Je m'y reconnais". En réponse, Charpak et Broch citent une expérience où des étudiants ont donné quelques informations sur leur signe astral, leurs rêves. Quelque temps plus tard, le chercheur leur apporte un document qui présente leur profil, et la plupart s'y reconnaissent. Mais ce qu'ils ne savent pas encore, c'est que tous ont eu la même feuille, avec le même profil... Charpak et Broch y voient une illustration de "l'effet puits" qui veut que plus c'est vague et creux, plus on s'y reconnait".
Le livre poursuit avec une explication des tours de magiciens. On pouvait s'interroger sur la pertinence du combat d'un prix Nobel scientifique contre l'astrologie, mais vouloir démystifier la magie est une entreprise encore plus surprenante. Qui croit encore que les tours de magie sont magiques... Ils font rêver, ils étonnent, ils nous révèlent que notre attention et notre perception nous jouent des tours, mais chacun sait bien qu'il y a un truc. Et il est fort probable que la plupart d'entre nous ne veulent pas qu'on leur explique, comme on ne veut pas de détail sur les effets spéciaux quand on regarde un film.
Depuis 2002, des scientifiques ont repris le combat pour débusquer et démentir les rumeurs. Le site de l'association française pour l'information scientifique (AFIS) propose de nombreuses contributions à la fois documentées et compréhensibles.
Lutter contre l'utilisation des résultats scientifiques pour démontrer tout et n'importe quoi.
En 1996, Alan Sokal écrit un article pour une revue scientifique. Il y glisse des erreurs scientifiques, mais surtout, il multiplie les références à la mécanique quantique, aux mathématiques et au post-modernisme dans des phrases qui n'ont que peu de sens. Aussitôt publié, il dénonce la supercherie et écrit un livre avec J. Bricmont sur les impostures scientifiques.
Vingt ans plus tard, on a du mal à imaginer le retentissement de l'affaire dans la presse grand public, et la violence des échanges entre les partisans du livre et ceux qui y étaient mis en cause.
Les auteurs dénoncent l'extrapolation de résultats issus de la physique ou des mathématiques dans d'autres sciences, par des personnes qui les maitrisent mal. Ainsi, le théorème de Gödel qui porte sur les systèmes formels en mathématiques a été utilisé pour expliquer le fonctionnement des sociétés humaines ou pour justifier les religions... Le philosophe Jacques Bouveresse a à son tour dénoncé l'utilisation abusive des métaphores en sciences humaines ou en philosophie.
Mise en perspective et modestie
Le livre Galilée et les Indiens d'Étienne Klein nous donne une vision assez différente. Il ne s'agit plus d'opposer deux modes de pensée, ou de déterminer qui a raison. Le début du livre expose des représentations du monde fondamentalement différentes, mais qui peuvent se respecter.
Le physicien voit le monde à travers des équations, des données chiffrées et des concepts. Les indiens Kayapo au contraire sont dans un monde où les perceptions et les sensations sont essentielles. Cette rencontre interroge le physicien : "Est-ce que la science telle que Galilée nous l'a enseignée nous éloigne de la nature ?"
Le monde des sciences est donc loin d'être étanche. Parce qu'elles fascinent, on est tenté de les utiliser comme grille d'analyse de notre quotidien ou de questions plus existentielles. Parce qu'elles donnent de l'aura à un discours, on les utilise parfois comme métaphore...
Au XVIIème siècle, Pascal dénonçait déjà les demi-habiles, bien pires à ses yeux que ceux qui ne se mêlent pas de sciences.
Avec Internet, ces polémiques prennent plus de force. Elles ajoutent le sarcasme et l'invective à la rectification ou la correction des erreurs.
Illustrations : Frédéric Duriez
Ressources :
Association française pour l'information scientifique : consulté le 21 octobre 2017 https://www.afis.org/
Le scepticisme scientifique - balado-diffusion - consulté le 21 octobre 2017 https://www.scepticisme-scientifique.com/ on regrette juste le manque de détail sur les objectifs du site, la définition du "scepticisme scientifique" et une présentation des intervenants.
Nous sommes constamment influencés par notre culture y compris dans nos actions quotidiennes. Marcher, nager, regarder ou exprimer son malaise diffère selon la culture, le milieu social, etc.
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Les réseaux sociaux seraient responsables du clivage vécu de nos jours dans la société. Si les bulles de filtre existent et que les dérapages arrivent, les spécialistes des médias ciblent ceux aussi dits traditionnels qui font tout pour les représenter négativement.
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