Rapprocher la culture et le citoyen par la médiation sur les réseaux sociaux

La formule est connue : pour attiser les foules, il faut susciter le mouvement et la frénésie. Voilà l’idée derrière l’animation commerciale. Sur un plateau télévisé, les animateurs sont là pour donner la sensation que nous avons droit à un public surexcité malgré les pauses et les longueurs.

Les commerces emploient les soldes pour créer un sentiment d’intérêt auprès des consommateurs qui viendront chez eux. Or, pour une institution culturelle comme un musée, comment faire pour susciter de l’engagement? Certes, les expositions temporaires peuvent attirer l’attention quelque temps dans les médias. Mais comment faire au-delà?

La recette muséale

Voilà pourquoi de plus en plus, les musées et lieux touristiques engagent des community managers. Un terme qui ne serait plus exact tellement le côté gestion de la communauté n’est qu’une partie de la tâche. Que ce soit pour une marque ou un un musée, nous devrions plutôt parler de «gestionnaire des médias sociaux» (social media manager). Parce qu’il définit maintenant des objectifs marketing, il s’assure de la cohérence de ceux-ci avec l’image de l’institution, il planifie et réajuste la ligne éditoriale, effectue de la veille et vérifie les effets des différentes campagnes sur les gens. Un travail imposant qui s’est bâti au fur et à mesure que la médiation a changé.

Le visiteur comme promoteur

Il y eut un temps où les téléphones portables, la prise de photos et autres étaient plutôt mal vus dans les établissements muséaux. Aujourd’hui, ils sont de moins en moins nombreux à résister. En fait, ils ont compris qu’il y avait là des façons de davantage intégrer les visiteurs à la vie du musée et vice-versa. Avec, par exemple, la création de mots-clés Twitter comme #MuseumWeek ou la promotion d’activités dans les musées par des pages Facebook; tout cela donne au public l’impression de s’approprier les établissements.

Il ne sert plus qu’à afficher des œuvres, mais devient un lieu de rapprochement entre celles-ci et les citoyens. Pour cela, les réseaux sociaux sont maintenant perçus comme des indispensables dans la médiation culturelle. En effet, ces moyens de communication peuvent autant donner des informations sur les coulisses d’une exposition que de communiquer avec des experts en art.

Un rayonnement qui peut même servir à l’international. Par exemple, trois musées français sont dans le top des institutions non chinoises sur le réseau Weibo, ce qui veut dire que même les étrangers peuvent être animés et intéressés par des établissements pour éventuellement s’y rendre. Si cela fonctionne pour les musées, est-ce que d’autres institutions culturelles peuvent en bénéficier?

Les bibliothèques peuvent-elles entrer dans la danse?

La réflexion se fait, en tout cas, pour les bibliothèques. En effet, les bâtiments devenus des médiathèques et se transformant peu à peu en ateliers de création, n’ont pas encore une présence très assidue sur les réseaux sociaux. Selon des statistiques de 2015, sur les 4 400 bibliothèques publiques et les 500 universitaires en France, seulement 420 sont sur Facebook et 248 sur Twitter. Il s’agit donc d’un nombre marginal qui utilise ces outils. Les chiffres sont plus faméliques encore sur les plateformes de réseaux en vidéo ou photos. Dans un contexte pourtant, où les bibliothèques pourraient plus que jamais démontrer leur expertise et gagner une communauté, l’animation semble primordiale.

Néanmoins, ils pourraient prendre exemple sur la BNF (Bibliothèque nationale de France) qui est littéralement entrée dans le jeu et voit les intérêts d’une telle approche. À l’émission du 17 décembre 2016 de la RFI « Atelier des médias », deux responsables ont raconté comment cette transformation est dans la lignée de la médiation culturelle contempoiraine. L'institution a aussi, comme bien des musées, un principe d’exposition ce que d’autres bibliothèques n’ont pas. Or, cela n’empêche pas qu’il y a de l’espace pour ces institutions afin d’animer leur communauté.

La recette muséale, bien qu'encore à ses balbutiements étant donné le milieu plutôt conservateur, pave la voie à une approche plus moderne de la médiation culturelle. Nous n'en sommes qu'aux débuts, mais on y trouve de quoi inspirer beaucoup d'établissements et de domaines artistiques à emboîter le pas sans trahir leurs spécificités.

Référence 

Gaillard, Romain. "L’animation De Communauté, Nouvelle Frontière De La Bibliothèque ?" Bulletin Des Bibliothèques De France. Dernière mise à jour : 29 septembre 2016. http://bbf.enssib.fr/revue-enssib/consulter/revue-2016-04-005.

Le Bot, Julien. "Qu’est-ce Qu’une Institution Culturelle à L’heure Du Numérique?" RFI. Dernière mise à jour : 17 décembre 2016. http://www.rfi.fr/emission/20161217-institution-culturelle-numerique-musees-medias-reseaux-sociaux.

"Les Réseaux Sociaux « culture », Un Nouvel Espace De Dialogue." Ministère De La Culture. Dernière mise à jour : 27 novembre 2014. http://www.culturecommunication.gouv.fr/Actualites/Les-reseaux-sociaux-culture-un-nouvel-espace-de-dialogue.

"Louvre, Armée Et Orsay: 3 Musées Non Chinois Les Plus Puissants Sur Les Réseaux Sociaux Chinois." Club Innovation & Culture CLIC France. Dernière mise à jour : 17 mai 2017. http://www.club-innovation-culture.fr/louvre-armee-orsay-3-musees-non-chinois-plus-puissants-reseaux-sociaux-chinois/.

Magro, Sébastien. "À Propos De La Médiation Culturelle Sur Les Réseaux Socionumériques." Réflexions Sur Le Numérique Au Musée. Dernière mise à jour : 21 mars 2016. http://blog.sebastienmagro.net/2016/03/21/de-lusage-des-reseaux-socionumeriques-comme-supports-dune-mediation-culturelle-en-ligne/.

"Réseaux sociaux : ces nouveaux espaces de dialogue pour les musées." Musée 21. Consulté le 29 juin 2017. http://www.musee21.com/reseaux-sociaux-ces-nouveaux-espaces-de-dialogue-pour-les-musees/.

Verchère, Arnaud. "Le Community Manager N'est Plus…." Siècle Digital. Dernière mise à jour : 4 novembre 2016. https://siecledigital.fr/2016/11/04/community-manager-nest-plus/.

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