Au XIVe siècle avant notre ère, le pharaon Amenhotep IV, plus connu sous le nom d'Akhenaton décide de changer de capitale pour mieux vénérer le dieu Aton. La cité d'Amarna est choisie comme nouvelle capitale. Ouverts à l'est, vers le soleil levant, les temples sont construits selon la technique des murs en brique. Chaque bloc de pierre appelé talatat, peut être transporté par une seule personne et assemblé grâce à un échafaudage léger.
Grâce à l'exposition Aton-num, Akhenaton et Nefertiti à l'heure du numérique vous serez plongé dans la ville d'Amarna sous le règne d'Akhenaton et de Néfertiti. Plusieurs installations utilisent différentes techniques numériques pour plonger le spectateur en quasi immersion.
Dans une petite boite, un (vrai) hologramme du couple Akhenaton Nefertiti réalisé à partir d'une statuette conservée au musée du Louvre, tourne. Trois écrans projettent des reconstitutions en 3D de la ville d'Amarna, de temples immenses avec des tables d'offrande. Dans les jardins de la villa d'un haut fonctionnaire, on se prélasse au bord d'un bassin d'eau rempli de fleurs de lotus, au milieu de palmiers, de grenadiers... C'est rafraîchissant dans une ville que l'on imagine plombée par le soleil.
Une table digitale permet de manipuler des documents scientifiques, de les sélectionner par thèmes, de zoomer, assembler...
Un buste de Nefertiti, d'après le modèle exposé à Berlin (voir image) modélisé avec une technique de revealing flashlight révèle toute la richesse de la palette de couleurs d'origine. Cette technique synchronise la projection d'une image sur une statuaire en résine. Ainsi, on peut comparer un buste sans couleur, avec sa patine en résine et une reconstitution, rutilante de couleurs.
Vous pourrez aussi manipuler le cubtiiile, composé de 5 faces multitouches. Cet instrument créé par un chercheur permet de se déplacer dans le petit temple d'Aton à Amarna. On peut faire des 360° pour découvrir l'entrée du temple. On peut y pénétrer puis parcourir des petites salles latérales dans lesquelles le pharaon pouvait se rafraîchir.
Vous avez envie de découvrir cette exposition ? Faites vite ! Aton-num, est jusqu'au 24 juin 2017 dans le hall de la Bibliothèque universitaire de l'université Lille 3.
Trop tard ou trop loin ? Visitez le site ! Vous pourrez, avec vos enfants, colorier des scènes, comme le déplacement en char du pharaon. Ou, plus sérieusement, aider les chercheurs à numériser les 12 000 talatats récupérés pour construire d'autres monuments après la mort d'Akhenaton.
Aton-num, Akhenaton et Nefertiti à l'heure du numérique
http://www.aton-num.fr/
Dans les coulisses de l'exposition : interview de Caroline Delevoie, responsable communication d'Archéovision, structure basée à Bordeaux, spécialisée dans l'imagerie 3D pour les Sciences Humaines.
Thot Cursus : Combien de temps a-t-il fallu pour monter une telle exposition ?
Caroline Delevoie : Une telle exposition demande des années de travail, entre les fouilles archéologiques sur le terrain et les reconstitutions en 3D qui nécessitent de nombreux allers/retours entre Archéovision et les chercheurs. Par exemple, au début d'un des films, l'aperçu de la ville d'Amarna en 3D provient d’une reconstitution commandée par un musée de Genève en 2008. Elle a été réactualisée, avec les chercheurs, en fonction des nouvelles découvertes jusqu’en 2015. Autre exemple : il a fallu pas moins de 3 mois pour reconstituer la table d’offrande recouverte de victuailles que l’on peut voir, à l'intérieur d'un temple. Pour la reconstitution des jardins de la villa du haut fonctionnaire avec toutes les essences représentées dans le film : palmier, grenadier, papyrus, lotus, mandragore, bleu et, vigne ; ce sont 9 mois d’un postdoc – égyptologue qui ont été nécessaires.
Thot Cursus : Car cette exposition n'est pas seulement spectaculaire et accessible au grand public, c'est aussi le résultat de travaux de recherche.
C. Delevoie : En effet, elle est le fruit, d’un travail initial de thèse datant de 1992 d’un égyptologue qui a progressivement intégré la 3D dans ses outils de recherches. Les représentations 3D permettent d’explorer les limites des hypothèses de restitution. Par exemple : le passage à la 3D des murs d'une des cours du temple qui semblaient valables sur le plan se sont avérés impossibles en 3D. Les chercheurs ont dû reprendre leurs hypothèses. Tous les modèles 3D présentés proviennent directement des outils de la recherche. C'est aussi l'originalité de cette exposition.
Thot Cursus : L'exposition est itinérante. Quelle est sa prochaine destination ?
C. Delevoie : Soutenue par le CNRS, la Région Nouvelle-Aquitaine, l’Université Bordeaux Montaigne et la banque CASDEN, elle a été exposée dans le hall de l'Hôtel de Région à Bordeaux en 2016. Elle est actuellement accueillie dans le hall de la bibliothèque de l'université Lille 3 jusqu'au 24 juin 2017. Peut-être sera-t-elle exposée, prochainement, dans d’autres villes de la Nouvelles Aquitaine à l’initiative du Conseil Régional.
Si vous souhaitez faire venir l'exposition dans votre université, prenez contact : [email protected]
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